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L’école est inégalitaire… …encore et encore

En France, en 2022, seul un quart des enfants de classes populaires parviennent en sixième sans redoublement, pour deux tiers des enfants de cadres et dans les grandes écoles,  il y a 62 % d’enfants de classes aisées pour 16 % de classes moyennes et 12 % d’enfants d’ouvriers.

Le ministère, lui-même admet que les inégalités sociales et scolaires ont augmenté au cours du dernier quinquennat. Mais rien sur les effets négatifs de sa politique scolaire, ni sur l’attribution de budgets favorisant les écoles privées au détriment des réseaux d’éducation prioritaire. Sans oublier les suppressions de postes : 1500 nouvelles à la rentrée 2023 (1000 dans le 1er degré et 500 dans le 2nd degré).

L’École reconnaît donc sa responsabilité, mais se dit incapable d’agir sur ce qui provoque ces inégalités comme les conditions de vie, les professions, les ressources économiques et culturelles des parents.  Elle laisse les politiques, les spécialistes, les scientifiques le soin de s’en charger, mais beaucoup d’entre eux préfèrent reporter la raison des difficultés scolaires sur les enfants eux-mêmes.

 Soit, ils sont malades : hyperactivité, dyslexie, dysorthographie…

Soit, ils ne travaillent pas assez.

Soit, ils vivent dans des familles précaires.

Soit, ils viennent de milieux mal intégrés parlant peu ou pas français.

Soit, leurs parents sont peu cultivés avec des professions peu prestigieuses ou tout simplement sont au chômage.

Les consultations de spécialistes, les prescriptions de médicaments, les ouvrages de soutien, les leçons particulières… peuvent se développer tranquillement.

Ce « para-péri-médico-scolaire » privatise sournoisement l’acte éducatif.

Quel vaste marché de l’exploitation de la souffrance scolaire et de l’angoisse des parents !

Et malgré la reconnaissance de sa responsabilité, l’École continue ses pratiques discriminantes :
Dès la petite section, l’enfant subit la pression de la compétition, viennent ensuite les notes puis le couperet de la sélection. Ses erreurs se transforment en échec et le stigmatisent en « élève en difficulté » alors qu’elles ne sont que parties prenantes du processus d’apprentissage.

S’il ne s’adapte pas aux normes des méthodes de lecture, il est certainement dyslexique, dysorthographique, dys… et l’école le dirige vers des spécialistes qui lui prescriront des séances orthophoniques.

S’il bouge, s’il ne tient pas en place, il est certainement hyperactif, il est alors conseillé aux parents de consulter un psy et des médicaments lui seront prescrits.

S’il est violent, agressif, même s’il a des circonstances sociales atténuantes, il perturbe. Alors l’École l’envoie dans des classes particulières et si c’est inefficace, elle l’exclut de ses murs.

S’il peine à suivre les normes de rythmes, de niveaux, c’est qu’il ne travaille pas assez. L’École le qualifie d’enfant non motivé, voire paresseux. Des heures de soutien lui sont prescrits.

Alors, si malgré tout, il s’entête à ne pas réussir, c’est qu’il est un manuel, les savoirs savants ne sont pas pour lui, quelques connaissances techniques lui suffiront et l’École l’oriente vers un métier auquel il n’a jamais pensé ou rêvé.

L’École pense à tout, l’orientation doit s’adapter au monde économique.

Les politiques, spécialistes, scientifiques ont donc encore un bel avenir devant eux !

Alors que pourrait faire l’École pour que chaque enfant trouve sa réussite scolaire ?

S’attaquer aux inégalités scolaires dès le plus jeune âge ?

Revoir la carte scolaire pour favoriser la mixité sociale ?

Recruter des enseignants, des éducateurs ?

Utiliser des pédagogies coopératives ?

Proposer des temps de travail personnel dans l’emploi du temps ?

Ne plus donner de « devoirs » à la maison ?

Valoriser les travaux au lieu de les évaluer ?

Partager les savoirs qu’ils soient scolaires ou non ?

Faire de l’enseignant un passeur culturel ?

Développer la coopération des enfants ?

Avoir confiance dans les possibilités de chaque enfant pour qu’il retrouve de l’assurance ?

S’ouvrir  sur son quartier, son village… ?

Permettre de sortir pour comprendre son environnement ?

Associer les parents aux différents projets ?

Coopérer avec le périscolaire ?

Et ?

A compléter selon ses passions, ses talents, son activité professionnelle, son territoire … et ses rêves pour l’avenir de tous les enfants

3 Comments

  1. DECKER

    Je suis surprise de ce quart d’enfants des milieux populaires qui arrivent en 6 ème avec un redoublement, alors que dans le 93, seuls les enfants issus des classes non francophones ou les enfants avec dossier MDPH peuvent avoir droit à une année de plus, et cela depuis plusieurs années.

  2. DECKER

    pour le reste, je suis tellement d’accord avec Catherine Chabrun. L’objectif aujourd’hui, c’est juste de mettre des étiquettes, et certainement pas de s’attaquer aux inégalités, ni de permettre à l’école d’être un lieu de vie, pour des apprentissages qui permettent aux enfants de construire des pouvoirs sur le monde.

  3. Mante

    Implacable et (trop, hélas) bien résumé et objectif. L’ascenseur social est bloqué au Rez de chaussée, au -1 souvent.
    Je rajouterais aux solutions possibles une qui me tient à Coeur (instit spécialisé et psychologue scolaire) : renforcer les stimulations intellectuelles temporo-spatiales sous forme ludique des les premières années du préscolaire. J’ai déjà prêché dans le désert en ce sens.

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