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Parcoursup ou le bel été

Le ministre Blanquer l’a dit ce 22 mai : « Nous savons que plus de la moitié des élèves auront une réponse positive dès aujourd’hui (…), ce soir à 18 heures ». Il semble content. Pourtant, comme l’écrit le même jour le magazine Challenges, cela signifie que « 400.000 seront sans affectation mardi soir, contre 110.000 sur Admission Post Bac, l’année dernière », et devront donc attendre. Et attendre, pour certain-e-s, longtemps, puisque les autres résultats arriveront par étapes jusqu’au … 21 septembre (le ministère prédit seulement « deux tiers de réponses avant le bac »). Pratique pour s’inscrire en fac, pour se trouver un logement dans la ville universitaire correspondante, pour préparer sa rentrée … si rentrée il y a, puisque, malgré les promesses, rien ne peut garantir qu’il n’y aura pas des recalé-e-s (d’ailleurs le ministère a prévu de contacter dès le 23 mai ceux et celles qui n’auraient eu que des « non » pour leur proposer une autre orientation). Et passer son été à consulter quotidiennement le site de Parcoursup pour savoir si on a une proposition d’affectation, épatant, vraiment, pour se préparer sereinement. On comprend que le ministère ait diffusé aux établissements des « éléments de langage », dont les deux premiers s’intitulent « rassurer les familles » et « faire patienter les candidats ».

Mais le stress lié à ce tri déguisé ne s’arrête pas là. Car il n’y a pas que des réponses « oui » ou « non » aux vœux des candidats, il y a aussi « en attente », c’est-à-dire en attente de désistements éventuels de candidats mieux placés qui, admis ailleurs, libèreraient la place. Représentons nous le candidat ou la candidate qui a eu la chance de recevoir, ce 22 mai, par exemple, sur ses dix vœux, trois « non », un « oui » (celui annoncé par le ministre …) et donc six « en attente » ; le vœu qui a reçu un « oui » est celui qui l’intéressait le moins (rappelons que les vœux n’étaient pas classés par ordre de préférence), et ses vœux préférés sont « en attente ». Cruel dilemme : accepter tout de suite le vœu qui a eu « oui » et être « tranquille » pour réviser son bac et aller s’inscrire … mais dans une formation qui ne l’enthousiasme pas, ou « maintenir » ses vœux préférés, avec la possibilité qu’ils n’obtiennent au final qu’une réponse négative ? Pour ceux et celles qui choisiront de « maintenir », comme Parcoursup fonctionne « en continu », la même question se reposera à chaque nouvelle proposition d’affectation, en fonction des désistements, jusqu’au 21 septembre. Et la décision de cet alea jacta est façon Blanquer devra être prise dans un délai très bref, d’une semaine pour la première étape à 24 heures pour les dernières, du 21 aout au 21 septembre. Au milieu de tout ça, ils et elles auront passé les épreuves du bac …

Ah, un bel été, vraiment !

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