Un exemple de grande rigueur dans l’analyse éducative et littéraire, avec un objet d’étude précis : les textes et les images qui racontent le judéocide à destination des enfants – le cycle 3 est ciblé puisque c’est le moment prévu dans les programmes pour traiter du sujet.
Rigueur dans la définition de l’objet, pas si ancien dans la sphère scolaire (les années 1990) et à la production très abondante (le corpus sur lequel s’appuie l’auteur compte une bonne centaine d’ouvrages).
Rigueur dans l’analyse des matériaux, dont la liste est impressionnante : les outils théoriques de Gérard Genette sont mis à profit pour que l’enseignant puisse distinguer – et faire distinguer – qui raconte à qui (le narrateur, le narrataire, l’interlocuteur dans le récit, l’élève) ; le rapport au réel, l’évocation, le passage à la fiction, tout cela est expliqué dans une grande clarté. Ce n’est pourtant pas simple : « les frontières entre biographie et autobiographie sont ténues, celles entre fictions et témoignages le sont également dans la mesure dans la mesure où les auteurs fictionnalisent une expérience autobiographique ou présentent comme autobiographique une fiction. » Le travail minutieux de Béatrice Finet s’appuie sur l’utilisation des termes spécifiques de cette branche spécifique de la linguistique qu’est la narratologie sans le moins jargon ni auto-suffisance.
Béatrice Finet, La Shoah racontée aux enfants, une éducation littéraire ?, Presses universitaires de Grenoble (coll. Enseignement et réformes) , 2019, 192 p., 25 €.
– Préface de Pierre Kahn.
* [**Les premières pages et la table des matières*] :
https://www.pug.fr/produit/1671/9782706142895/la-shoah-racontee-aux-enfants-une-education-litteraire/preview?escape=false#lg=1&slide=0