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La préférence pour l’inégalité, comprendre la crise des solidarités, François Dubet

POURQUOI, AU LIEU DE RENVERSER UN SYSTÈME où 1% de la population possède 99 % des richesses, nous détournons-nous du combat pour l’égalité et, dans les faits comme dans les discours, marquons-nous de plus en plus une préférence pour l’inégalité ?

C’est la question que (nous) pose le sociologue François Dubet. La seule force des mécanismes économiques aveugles ne suffit pas à expliquer le délitement des solidarités – puisqu’en réalité, derrière la question des inégalités, c’est celle des solidarités qui est posée. Peut-être est-ce aussi par une série de choix, de pratiques, de renoncements ou d’aveuglements que « pour beaucoup, il serait temps de se débarrasser du politiquement correct qui nous empêcherait d’appeler les choses par leur nom: les « Arabes », les « Noirs », les « racailles », les « putes », les « pédés », les « pourris », etc. » « Nous choisissons souvent les inégalités sociales tant qu’elles ne heurtent pas nos principes démocratiques, voire quand ces principes-là les légitiment. »

Pour Dubet, l’école est justement « un cas d’école », où la massification n’a pas empêché que les « vainqueurs » et « vaincus » se répartissent toujours en fonction de leurs origines sociales. » Il souligne que c’est bien le système qui construit cette situation qui, loin d’être un dysfonctionnement, est au cœur même du principe de l’égalité des chances méritocratique : « c’est parce que nous croyons à l’égalité des chances […] que la compétition scolaire continue est devenue la règle et que chacun a intérêt à y creuser les écarts. » « Le système scolaire français n’est pas élitiste parce qu’il sélectionne des élites […]. Il est élitiste parce que le mode de production des élites commande toutes les hiérarchies scolaires et tout le système de formation, et parce qu’il détermine l’expérience scolaire de tous, y compris ceux qui igorent l’existence même des formations d’élite. » Ce bref essai d’une centaine de pages mérite vraiment la lecture. (GC)

La préférence pour l’inégalité : Comprendre la crise des solidarités, François Dubet,
Seuil (La République des idées), 2014, 112 p., 11.80 €.

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