« Lorsqu’un homme rêve, ce n’est qu’un rêve : Que plusieurs hommes rêvent ensemble et c’est le début d’une réalité ». C’est cette utopie réelle que ce magnifique album au graphisme épuré et expressif nous fait découvrir : Celle de « L’Essai », colonie libertaire fondée par Jean-Charles Fortuné Henry en 1903 et démantelée en 1909.
Au début : La volonté solitaire d’un homme qui s’installe dans une clairière perdue des Ardennes et l’hostilité des villageois qui se méfient de cet étranger prétendant « créer la colonie initiale de l’humanité future ». Puis c’est l’arrivée des camarades anarchistes et syndicalistes qui prennent part à l’aventure, surmontent les difficultés matérielles et donnent vie à l’idéal de liberté et d’égalité. Viennent ensuite les curieux des villages alentours, interloqués, intéressés par l’expérience : « Rien n’est enviable comme le bonheur ni contagieux comme l’exemple ». Et en 1906, c’est la création d’une imprimerie et d’un journal, « le Cubilot » : « Nos idées vont se propager au fond des consciences ». Mais le caractère autoritaire de Fortuné, la rudesse du quotidien, les tensions entre l’idéal social du projet et la réalité de la vie dans la colonie sont autant de coups portés à « L’Essai ».
L’expérience s’est terminée… Mais elle a existé. Et cet album touchant qui la fait revivre nous fait beaucoup de bien en réaffirmant que les idéaux sont faits pour être réalisés.
Nicolas Debon, L’Essai, Dargaud, 2015, 80 p., 16,45 €.