Ce premier volume de la série L’Espoir malgré tout inscrit les aventures du célèbre groom dans le cadre très sombre de l’invasion de la Belgique par les armées allemandes en 1940, de l’exode des populations belges et des débuts de l’occupation. Si on retrouve ici les archétypes de la série originelle avec un Spirou au grand cœur et un Fantasio bébête et gaffeur, le récit et son contexte historique pousse les personnages hors du cadre attendu. Spirou a une petite amie, Kassandra, juive allemande et communiste, qu’il veut ardemment retrouver ; il croise un peintre juif allemand « dégénéré » qui sera arrêté par la police belge comme ressortissant allemand. Fantasio incarne un combattant d’opérette puis un journaliste collabo. Anselme, paysan belge symbolise la résistance et de nombreux personnages permettent de peindre toutes les facettes de la période comme ces jeunes du VNV (Ligue nationale flamande) qui cassent la vitrine d’un commerçant juif tué au front…
L’Espoir malgré tout sortira en quatre livraisons jusqu’en 2020 dans la collection Le Spirou de… éditée en parallèle de la série classique des Spirou. Ce premier volume poursuit, mais peut être lu indépendamment ce qui ne devait être qu’un one-shot, – Le Journal d’un ingénu (2011) -, où Spirou rencontre Fantasio. Cette fiction historique, politique et morale de grande qualité est à proposer à partir du collège et à tout public.
Émile Bravo, L’espoir malgré tout – Première partie : Un mauvais départ, Dupuis (coll. Le Spirou de…), 2018, 88 p., 16,50 €.
* Émile Bravo nous raconte la suite du “Journal d’un ingénu” en vidéo (5’49’’) :