Appel à contribution pour le numéro 3 de la revue N’Autre école – Questions de classe(s)
L’école républicaine : mythe et réalité
Le mythe de l’école républicaine est mis à nu par la réalité. Il suffit simplement de mentionner les études internationales qui montrent que l’école en France non seulement ne réduit pas les inégalités sociales mais les creusent. L’école républicaine égalitaire traitant avec le même égard tous ses enfants ne peut plus faire illusion et elle est maintenant confrontée à ses promesses non tenues. C’est ainsi que la démocratisation scolaire reste à réaliser, mais cette espérance ce n’est sans doute pas une société inégalitaire qui distribue les places d’une manière hiérarchique qui pourra l’entreprendre. Le temps n’est-il pas venu d’imaginer une autre école, en rupture avec un modèle instrument d’exclusion ?
La République, quelles républiques ?
On fait souvent comme si l’héritage républicain pouvait se réduire à la III République, conservatrice-bourgeoise. Mais le projet des républicains de 1793 n’est pas exactement celui de 1848 ou de la République telle qu’elle s’est imposée par la suite. Et que dire du projet éducatif de la Commune de 1871, une éducation intégrale, c’est-à-dire polytechnique, qui devait mettre en cause la division entre travail intellectuel et manuel et dispenser une instruction dans l’intérêt de tous ? Kristin Ross a montré encore récemment que les conceptions de la Commune en la matière sont très différentes de celles de la IIIe République [[Kristin Ross, L’imaginaire de la Commune, La Fabrique éditions, 2015, 186 p.]].
Les voies de la démocratisation
On voit mal comment une démocratisation de l’école ne passerait pas par une plus grande participation des élèves à la fois à leurs apprentissages et à son organisation même. Elle deviendrait alors aussi une véritable école de la démocratie. On pourrait prendre ici appui sur les expériences de « républiques scolaires », les conseils d’élèves ou les pratiques de la pédagogie institutionnelle.
École et autogestion
Rompre avec l’école républicaine comme appareil bureaucratique d’État, c’est aussi réfléchir à une organisation de l’école par ceux et celles qui la font : les enseignants, les personnels éducatifs et les agents. Au moment où sous le vocable trompeur d’autonomie des établissements scolaires il est plutôt question de renforcement de la hiérarchie et de dépossession de son travail, il n’est pas inutile de se demander ce que peut vouloir dire une auto-organisation des travailleurs-euses de l’éducation. Les différentes expériences d’établissements scolaires autogérés (lycée expérimental de Saint-Nazaire, lycée autogéré de Paris entre autres) sont des voies à explorer…
L’école comme bien commun
En même temps, une démocratisation de l’école ne peut pas faire l’économie de son ouverture sur son environnement. Comment intégrer les parents à la vie de l’école et comment leur donner un réel pouvoir de décision ? Quel espace délibératif concevoir qui réunisse à la fois les élèves, les parents et les différents personnels ?
Au moment où les « nouveaux réactionnaires » investissent la question éducative et où un net infléchissement autoritaire se fait sentir, il ne suffit pas de parler de mutation mais aussi et surtout d’une nécessaire transformation de l’école. Elle ne peut plus en effet s’enfermer dans un univers particulier et clos érigé en archétype intouchable mais s’universaliser en se confrontant à la diversité culturelle.
Nous attendons vos contributions, vos réactions, vos suggestions, etc. N’hésitez pas à prendre contact avec le collectif de rédaction admin@questionsdeclasses.org
Date limite de remise des textes : 1er décembre 2015
L’équipe de coordination du numéro
« L’école : républicaine ou démocratique ? »
« Réfléchir à une organisation de l’école par ceux et celles qui la font : les enseignants, les personnels éducatifs et les agents. »
« On voit mal comment une démocratisation de l’école ne passerait pas par une plus grande participation des élèves à la fois à leurs apprentissages et à son organisation même. Elle deviendrait alors aussi une véritable école de la démocratie. »
« Une démocratisation de l’école ne peut pas faire l’économie de son ouverture sur son environnement. Comment intégrer les parents à la vie de l’école et comment leur donner un réel pouvoir de décision ? Quel espace délibératif concevoir qui réunisse à la fois les élèves, les parents et les différents personnels ? »
Quelle découverte ! Les établissements qui donnent vraiment leur chance aux élèves, écoles, collèges, lycées, SEGPA, EREA…à travers les vagues de réformes, généreuses ou étroites, réalistes ou utopiques mais le plus souvent non soumises à l’épreuve du temps, des bilans et des corrections, le font à partir de ces trois bases.
Par expérience très diversifiée sur 40 ans, je crois d’abord en l’équipe unie autour d’un projet cohérent adapté à la réalité des besoins de sa population scolaire dans sa globalité comme dans ses particularités. Une équipe pourtant orientée vers les objectifs d’éducation et d’enseignement officiels mais libre de son cheminement.
Enfants en réinsertion après hospitalisation, incarcération, enfants du voyage, enfants non francophones, nous avons pu accueillir bien des « cas », en refuser d’autres, toutes actions possibles avec l’avis et l’engagement de tous. Non sans moyens certes mais adaptés en situation, non dus a priori… dans une école ordinaire…
Devant les réformes, les consignes de méthodes nouvelles, un collègue nous disait : « On continue au mieux… en attendant la contre réforme qui arrivera certainement ! ».
Parfois c’était dommage car le découragement venait plus de la mauvaise mise en place, de l’information, de la formation que du contenu de la pédagogie nouvelle.
Quant à la communauté d’établissement, ce qui ne veut pas dire osmose mais compréhension mutuelle, recherche commune de solutions… elle set essentielle. Nous avons eu la chance de la vivre longtemps et d’y puiser bien des aides en moments difficiles.
J’ai essayé de le dire dans un livre, trop discret sans doute mais plein de mes vécus et d’espoir.. Un livre de rêves auxquels il ne manque que la volonté pour devenir possible !
« … Et l’Ecole renaîtra de mes cendres ! »
Belle suite à tous ceux qui se penchent sincèrement sur le berceau de l’Ecole pour l’aider à s’épanouir…
Chez nos collègue portugais, un jour, j’ai lu le badge qu’ils arboraient : « Nous donnons une chance au futur, nous sommes professeurs… »
Porteurs de savoir(s) à la Vincenot, une belle voie !