« Si un jeune sort de l’école obligatoire persuadé que les filles, les noirs ou les musulmans sont des catégories inférieures, peu importe qu’il sache la grammaire, l’algèbre ou une langue étrangère. L’école aura raté son coup dramatiquement, parce qu’aucun des enseignants qui auraient pu intervenir à divers stades du cursus n’aura considéré que c’était prioritaire. »
(Philippe Perrenoud, Dix nouvelles compétences pour enseigner)
Au soir du 1er tour, l’extrême-droite arrive en tête portée par un climat qui attise les peurs, les colères, les haines…
Puisque tel est l’objectif du site Questions de classe(s), relier le pédagogique, l’éducatif et le social, c’est à travers le prisme de l’école que nous voudrions décrypter ce qui se passe. Cet angle n’épuise assurément pas toutes les explications, mais il ne doit pas non plus être occulté tant l’attention que portent les droites extrêmes aux questions scolaires est une constante de leur histoire…
Le texte qui suit a été publié comme billet sur le blog Q2C L’école des réac-publicains.
Dans l’héritage de la droite ultra, de sa haine de l’école, des profs et de leurs syndicats…
Le programme du Collectif Racine, l’officine frontiste chargée de construire et de diffuser le projet éducatif du FN, prétend, en toute modestie, s’appuyer sur « le bon sens et le bien fondé des analyses … du déclin que connaît depuis longtemps déjà notre système. » (Allocution d’Alain Avello apportant le parrainage du Collectif Racine au Collectif Marianne, 8 mars 2014). Dans une verve toute en nuance, dans l’un de ses communiqués en date du 10 août 2013, sont évoqués : « les ruines d’une école dévastée par les bons sentiments égalitaristes, au titre desquels toute sélection a été battue en brèche, jusqu’à provoquer l’abaissement général du niveau et le triomphe du médiocre », un simple copier-coller de la prose des années 30… (1)
Traditionnellement, de Maurras à Le Pen en passant par Pétain, le désastre éducatif – reflet et parfois, comme en 1870 ou en 1940, cause du désastre national – a toujours été imputé dans les propos des leaders d’extrême-droite aux enseignants eux-mêmes. Malgré les nombreuses dénégations, et une démagogie sans limite, cette idée reste encore le fond de commerce du Collectif (parlant des professeurs d’IUFM, Yannick Jaffré ne peut s’empêcher de renouer avec cette verve anti-prof évoquant « le totalitarisme mou porté par des dépressifs-agressifs dont la voix doucereuse, les tenues « développement solidaire », les attitudes « psys » et les tupperware « bios » ne doivent pas faire oublier la profonde méchanceté. »). Dès que l’on gratte un peu, derrière la « main tendue » de Marine Le Pen aux enseignants, les déclarations sur la « fin de l’incompréhension mutuelle » (« longtemps, nous avons commis l’erreur de penser que vous étiez complices ou passifs face à la destruction de l’école », Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2012) le naturel revient vite à la surface… « Chacun sait que l’Éducation nationale est un bastion de gauche. Encore faut-il préciser qu’il abrite aujourd’hui principalement la gauche « morale », « bobo », repentante, francophobe, dont tous les réflexes sont dirigés contre l’esprit républicain. » (Tweet de Yannick Jaffré, 15 août 2013)
Même continuité dans l’hostilité ostensiblement affichée à l’égard des organisations syndicales « Les syndicats de l’Éducation trahissent l’école de la République » :« il n’y a strictement rien à attendre des organisations syndicales en vue du redressement de l’École … puisqu’elles en orchestrent le déclin. Ce nécessaire redressement n’interviendra que « par le haut », sous la condition d’un État restauré dans sa souveraineté et son indépendance, qui saura le mettre en œuvre.» (Communiqué du Collectif Racine « Les syndicats de l’éducation trahissent l’école de la République », 1er avril 2014)
Cette tradition – et cette rhétorique constitutive de l’extrême-droite – reste donc bien présente chez les « nouveaux enseignants patriotes », tout comme la dénonciation du sombre complot des élites. Mais, pour dépoussiérer cet héritage de l’extrême-droite, le collectif Racine entend s’appuyer sur le succès éditorial de la prose réac-publicaine et s’en revendiquer. Même si, là encore, rien de nouveau, puisque le discours de Jean-Marie Le Pen consacré à l’éducation lors de la campagne présidentielle de 2007 se référait déjà explicitement aux ouvrages de Fanny Capel, Marc Le Bris, Liliane Lurçat, Jean-Paul Brighelli, Natacha Polony, etc.
L’analyse du système éducatif : « déclin, chaos et anarchie »
Quel est le constat qui aurait sorti nos « enseignants patriotes » de leur torpeur ? Là encore, les obsessions de la droite extrême s’y retrouvent toutes sans exception puisqu’il s’agit de disséquer sous différents angles le déclin de l’école : « L’École de la République est aujourd’hui en grand péril » (tribune du Collectif Racine dans Le Figaro, 2 mai 2013), comme un écho au programme éducatif du MNR, lors de la campagne présidentielle de 2003. « Comment s’étonner dès lors que l’école, au lieu de former les citoyens de demain, fabrique désormais de nouveaux barbares ? »
C’est dans le programme éducatif de 2012 de la candidate Marine Le Pen que l’on dissèque avec une certaine délectation pour le sensationnel le descriptif de ce « déclin » : « L’école va mal et le quinquennat de Nicolas Sarkozy n’aura fait qu’aggraver la situation : suppression déraisonnable des postes d’enseignants …, laxisme face aux violence scolaires en progression continue, dispersion des apprentissages au détriment du français et du calcul, mis à l’arrière plan de l’histoire de France, pour des raisons essentiellement idéologiques. … Depuis une quinzaine d’années, l’insécurité à l’école n’a cessé de progresser, de l’ordre de 10 % par an d’après les chiffres officiels. Or la transmission du savoir ne peut s’effectuer ni dans le chaos ni dans le désordre. … Inutile de le nier : le niveau des élèves baisse d’année en année … aussi bien en lecture qu’en calcul ou en orthographe, le niveau a chuté. » Ce qui est intéressant à noter c’est que si le FN s’intéresse à cette question, ce n’est pas tant pour l’école en elle-même que pour mieux illustrer la décadence généralisée de la société : « Le désastre français n’est pourtant pas le fruit du hasard ou de la fatalité : il s’inscrit dans un processus mûrement réfléchi de destruction des intelligences et de l’identité française. » (Programme FN 2003). L’école se présente donc comme un outil au service du redressement national et de son bras armé, le FN : « L’École de la République doit être redressée pour permettre à la France de se retrouver elle-même ! » (tract de présentation du Collectif Racine) .
Le laxisme moral, la violence, la pédagogie, l’égalitarisme, le communautarisme, l’euro-mondialisme mais surtout les conquêtes sociales, l’égalité et la pédagogie…
L’explication de cette « faillite scolaire » renoue là encore avec la tradition réactionnaire qui n’a de cesse de dénoncer la liberté et l’égalité : « Cette situation est imputable à près d’un demi-siècle de contre-réformes inspirées par l’idéologie permissive héritée de Mai 1968, par des théories pédagogiques aberrantes, et par les dogmes euro-mondialistes appliqués aux politiques éducatives. » (Tribune du Collectif Racine dans Le Figaro, 2 mai 2013). « Depuis 1968, les méthodes pédagogistes ont peu à peu démantelé l’école de la République, bloquant l’ascenseur social et faisant de nos enfants des cobayes livrés à toutes les expériences plus catastrophiques les unes que les autres. » (programme éducatif du FN) et surtout à « la culture laxiste de l’excuse et de la permissivité » (tribune du Collectif Racine dans Le Figaro, 2 mai 2013).
Dénoncer la liberté, cause du délitement du système éducatif, est une opération cependant assez sélective, puisque, la liberté de l’enseignement, par exemple, ne serait plus réservée qu’aux alliés du FN : ainsi faut-il comprendre l’abandon de la fameuse proposition du « Chèque éducation » portée autrefois par Jean-Marie Le Pen et inspirée des expérimentations ultra-libérales du Chili de Pinochet. Pour les « enseignants patriotes », c’est à l’État de redresser l’école et de la mettre au pas. N’y cherchons pas une critique du libéralisme que les membres du Collectif Racine prennent garde de ne jamais formuler, mais une « crainte » de sa possible instrumentalisation : « Les catholiques, en effet, ne seraient pas les seuls bénéficiaires du chèque éducation, mais aussi les musulmans, nombreux, les juifs, déterminés, les évangélistes, activistes. » (Yannick Jaffré, débat avec Jean-Noël Dumont, le 9 février 2014 à Lyon). Il n’en demeure pas moins que l’enseignement privé catholique doit être défendu, protégé et même étendu : « Car c’est bien aussi, à travers la question de l’école, du catholicisme qu’ils ‘agit entre nous, aujourd’hui et de son lien spécial, électif avec la France. Et je le dis avec force, il est de l’intérêt de la nation que le catholicisme vive, parce que le catholicisme c’est la France » (Yannick Jaffré, débat avec Jean-Noël Dumont, le 9 février 2014 à Lyon). Quant au statut des établissements privés, il s’agit – de manière bien « républicaine » ! – de promouvoir « le respect des spécificités de l’enseignement privé sous contrat ou hors contrat. » (tribune du Collectif Racine dans Le Figaro, 2 mai 2013) Rien d’étonnant au regard de la présence d’ultra-catholiques dans les rangs des membres fondateurs du Collectif Racine (2).
L’autre cible, c’est l’accès de tous aux savoirs, le collège unique : « le Collectif Racine a toujours dénoncé la mise en place du « collège unique » comme l’un des péchés capitaux des politiques scolaires, comme l’une des causes majeurs ayant provoqué le déclin que connaît le système français d’enseignement. … Le redressement de l’École exige par ailleurs que soient repensés la différenciation des filières et les paliers d’orientation. Il faut en finir avec le « collège unique » qui, sous prétexte de démocratisation, s’est traduit dans les faits par le triomphe de la médiocrité. » (Communiqué de presse d’Alain Avello du 7 mars 2014)
Quant aux responsables de cette situation, il s’agit bien de les clouer au pilori : « Beaucoup des délits ou des crimes commis en milieu scolaire sont le fruit amer du laxisme moral généralisé et souvent liés à l’immigration de masse que connaît notre pays comme au déracinement qu’elle induit chez les jeunes immigrés. », c’est la raison pour laquelle le programme du FN de 2003 annonçait vouloir « libérer l’école de l’immigration ». Ce sont donc les étrangers – et leurs enfants – qui constitue un obstacle au redressement de l’école, comme nous le rapporte Véronique Soulé, journaliste à Libération, au retour de la conférence de presse de lancement du Collectif Racine « Valérie Laupies, la conseillère Éducation de Marine Le Pen, a enchaîné. Directrice d’école primaire dans le sud, elle se présente aux municipales à Tarascon. Elle a rappelé qu’elle avait été formée par le pédagogue Philippe Meirieu, à l’IUFM (institut universitaire de formation des maîtres) de Lyon, et que dans un premier temps, elle avait été séduite par sa façon de voir. Mais au bout de cinq-six ans, elle a laissé tomber. Et “tout est devenu plus simple”. Pourquoi ? “Parce qu’un enfant a besoin de repères”. Elle a alors décrit l’école de ses rêves, avec la méthode syllabique pour apprendre à lire, des exercices de répétition, des notes, etc. Puis elle en est venue à “l’immigration de masse”. Quand il y a trop d’étrangers dans une classe, a estimé l’ancienne institutrice qui a enseigné 20 ans en Zep, on ne peut pas les faire avancer avec les autres, il faut donc “réduire leur nombre”. Cette déclaration a le mérite également de lier les deux « ennemis » du Collectif : les immigrés et les pédagogues. « les effets désastreux d’un pédagogisme dogmatique » (tract de présentation du Collectif Racine). On se souvient de l’humour abjecte d’un Jean-Claude Martinez évoquant « la perversion des attouchements pédagogiques de l’Institut national de la recherche pédagogique. » (Itinéraires, « Le rapport Martinez sur le désastre de « l’Éducation nationale », octobre 1986, n° 308).
Dans son programme de 2003 le MNR résumait les causes de cette tragédie « égalitarisme, pédagogisme et massification », ce qui, dans la langue ordinaire se traduit pas « égalité, émancipation et démocratie »…
Quels remèdes ? « Redresser et remettre au pas l’école, dresser les corps » (Michel Sibel, membre du Collectif Racine)
Comment alors redresser l’école ? En supprimant les étrangers, en supprimant les syndicats (une des mesures phares de Vichy)… restent les enseignants, dont il est bien difficile de se passer mais qu’il faudra rééduquer : « À ce titre, la formation des enseignants doit être profondément repensée : un professeur ne doit pas seulement « gérer des situations », il doit surtout incarner cet impératif d’excellence par les compétences et le savoir qui fondent la légitimité de sa fonction, cela justifiant le cours magistral et la « verticalité de la transmission ». » (tribune du Collectif Racine dans Le Figaro, 2 mai 2013)
Les propositions formulées par le Collectif Racine s’organisent autour de deux directions : celles qui concernent les méthodes pédagogiques et celles qui concernent la réorganisation du système éducatif. Concernant ces dernières, un seul mot d’ordre, régulièrement rappelé : « nous incarnons, au titre de l’intérêt général, une volonté de redressement de l’École comme de l’enseignement supérieur, qui ne pourra intervenir que par le haut : par la volonté politique qui restaura l’État comme condition et moyen de ce redressement. » (Allocution d’Alain Avello apportant le parrainage du Collectif Racine au Collectif Marianne, 8 mars 2014) « La cause nationale que représente le redressement de l’École exige enfin que l’État soit pleinement rétabli dans sa souveraineté et qu’à lui seul revienne, au titre de l’intérêt supérieur de la Nation, de définir les finalités et les modalités d’une réforme en profondeur du système. … Une recentralisation de l’administration de l’Éducation nationale s’impose au contraire, afin d’éviter la multiplication anarchique d’expériences diverses dont le résultat n’est jamais vraiment contrôlé : seul l’État peut redresser le système en garantissant la stricte observation de l’égalité et de l’équité républicaine. » (tribune du Collectif Racine dans Le Figaro, 2 mai 2013). Contrôle, surveillance, mise au pas, renforcement des hiérarchies (le programme éducatif du FN pour 2012 prévoyait la création d’un statut de directeur d’école sur le modèle chefs des collèges et lycées).
Quant aux élèves, la solution est finalement assez simple : dans l’article de Véronique Soulé déjà cité, on peut lire un « heureux » résumé du programme du Collectif, dans la bouche même de l’un de ses animateurs : « si on redresse le corps, on redressera l’école. Or, a-t-il déploré, les jeunes aujourd’hui ont des corps avachis – ils boivent, il fument, “ils écoutent des rappeurs qui vomissent la nation”, sans parler des salles de shoots qui vont peut-être ouvrir… “Redressons les corps et l’école se redressera”, a répété Michel Sibel. »
L’école de la Nation, l’école de la Patrie… c’est l’objectif visé, une véritable « révolution nationale » qui dès lors ne s’embarrasse plus trop, dans la prose du Collectif, des références à l’école de la République et encore moins à la démocratie… Finalement, il s’agit ni plus ni moins que de faire de l’école « un sanctuaire contre la pédagogie » ! (programme éducatif de Marine Le Pen en 2012)
Eradiquer l’égalité au nom de l’ordre. Faire de l’école « un sanctuaire contre la pédagogie »
Au final, les thèses avancées sont dans la droite ligne du projet autoritaire et inégalitaire du FN, et on lui concédera aisément la cohérence d’y associer des pratiques pédagogiques en accord avec son projet de société. Une école autoritaire encadrée par un État autoritaire, une pédagogie traditionnelle (« l’école doit avant tout instruire et permettre la maîtrise des savoirs fondamentaux, en utilisant des méthodes pédagogiques éprouvées, comme la méthode syllabique, les exercices de mémoire, un enseignement allant du simple au complexe » (tract de présentation du Collectif Racine ). La sélection, la multiplication des examens y occupent une place centrale pour mieux redresser les corps et les esprits. C’est le rêve d’une école de la ségrégation sociale (et ethnique) enrobée dans les plus éculées slogans élitistes (« une école de la sélection juste, selon les talents et les mérites, une école de l’excellence. », Communiqué de presse d’Alain Avello du 7 mars 2014). Ce qui se cache derrière cette haine de l’égalité, l’idée d’une société d’ordre où l’école viendrait légitimer la « juste place » que la nature a accordé aux un(e)s et aux autres. C’est ainsi que débute la tribune de lancement du Collectif publiée dans Le Figaro « L’École de la République est aujourd’hui en grand péril : elle ne remplit plus sa mission la plus essentielle, celle de permettre à chaque enfant de France, selon ses talents et ses mérites, de trouver sa juste place dans la société,en assurant, par la perpétuation de l’excellence française, l’avenir de la Nation. »
À l’heure actuelle, la pauvreté et la minceur des propositions du Collectif Racine invite à analyser cette officine davantage comme un lieu d’agitation médiatique et de relookage des thèses traditionnelles de la droite extrême plutôt qu’un espace de renouvellement de la pensée réactionnaire. Son programme s’établit dans la continuité de celui des Le Pen et même, à relever les nombreux copier-coller entre sa prose et celle du MNR, à celui de Bruno Mégret auquel il emprunte nombre des formulations employées. Les « transfuges » du camp républicain, les ex-chevènementistes mis en avant, ont vite pris le pli : c’est désormais sur les ondes de Radio Courtoisie ou dans les colonnes de L’Action française qu’ils trouvent à s’exprimer… Les quelques concessions à l’air du temps – on citera par exemple l’abandon du projet de Chèque éducation mise en œuvre dans le Chili de Pinochet et autrefois défendu par Jean-Marie Le Pen – visent à respectabiliser une discours pour ne pas aller à contre-courant d’une ligne prétendument « anti-libérale », mais, derrière ce relookage, nos « républicains » se gardent bien de remettre en question l’enseignement privé confessionnel auquel tant d’électeurs frontistes sont attachés.
Dans le style de leurs diatribes, dans la haine de l’égalité que porte leur projet, dans les mensonges sur l’école que véhiculent leurs discours, les animateurs de Racine tentent la synthèse entre l’héritage du nationalisme et le courant des réac-publicains. L’appel lancé à Jean-Paul Brighelli, Alain Finkielkraut et Jean-Claude Michéa (« Nous leur demandons de nous rejoindre parce que leurs constats sont les mêmes que les nôtres. Nous avons aussi identifié les mêmes responsables du désastre scolaire », Yannick Jaffré, Le Figaro, 12 mai 2005) est finalement un hommage rendu à ceux et celles qui ont préparé le terrain et qui viennent aujourd’hui déclarer « Les constats du FN, repris par le “collectif Racine”, sont à peu près tous corrects. … Si désormais le FN est le seul à poser les bonnes questions et à avancer des réponses crédibles, “ce n’est pas ma faute”. » (Jean-Paul Brighelli, Le Point, 4 octobre 2013).
Aux réactionnaires de toutes obédiences qui nous invitent, à rebours de l’histoire, à croire que moins d’égalité conduirait à plus de justice, il faut opposer non seulement l’ambition d’une éducation émancipatrice mais aussi la dénonciation des faillites d’un système scolaire résolument et historiquement ancré dans une logique inégalitaire. C’est dans l’avènement d’une école « du peuple » et non « pour le peuple », renouant avec le combat des militants pour une autre pédagogie, ceux-là même que l’extrême-droite a érigé en ennemis absolus (3), que nous pourrons trouver les armes pour changer l’école et la société.
Grégory Chambat
(1) Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger dans l’indispensable ouvrage de Jean-Michel Barreau qui a nourri certains passages de ce billet : L’Extrême-droite, l’école et la République, petits détours par l’histoire, syllepse, 2003.
(2) Voir le billet
(3) Je me propose, dans un futur billet, de relever la manière dont la littérature réac-publicaine baptise les pédagogues « les émules de Pol Pot » (Marc Le Bris), « les nouveaux ayatollahs de la pédagogie » (Brighelli), « stalinisme » ou « nouveaux maos » (Polony) mais la palme revient à Alain Finkielkraut : les usines de la mort « comme l’ultime conséquence des théories que défendent les pédagogues contemporains »…