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L’école, cabane à lapins

J’aurais pu dire élevage en batterie, stabulation,… caserne, prison de Fresne… J’entends : « Encore une provocation stupide ! »

C’est un vieux thème que je ressasse depuis des décennies dans l’indifférence absolue. Je sais, ce n’est même pas pédagogique, même pas politique, même pas polémique tout au moins cela ne les provoque pas, même pas hautement intellectuel, les « refondateurs » ont bien d’autres préoccupations.

Et pourtant…

Plus personne ne voit ces cabanes à lapins scolaires, si tant est qu’on les ait vues un jour.
Personne ne voit l’effroyable entassement dans lequel nous condamnons enfants et adolescents à vivre (vivre ?) la plus grande partie du temps de leur construction, quand aussi une bonne partie va retrouver le même entassement de retour de l’école. De deux à dix-huit ans, de huit heures du matin à dix-huit heures le soir.

Cases alignées et desservies par les longs couloirs rectilignes et vides bien sûr pour que les flots de la sortie puissent s’évacuer avec moins de risques. Alignement obligatoire de tables dans les cases… pour qu’elles tiennent. Cours goudronnées (c’est plus propre) sans obstacles qui pourraient dissimuler ou avec lesquels on pourrait jouer… et qui pourraient blesser (il y aurait alors un responsable à trouver). Des grilles et un portail pour que personne ne s’échappe ou pour que des étrangers non accrédités ne puissent y pénétrer (y compris des parents). Pas d’herbe, de fleurs, de toute façon elles seraient piétinées… Le tout et partout devant être bien aseptisé, pas seulement des microbes mais aussi de tout ce qui ne serait pas scolaire et qui risquerait de troubler l’ordre et la vigilance, ce qui les troublerait d’ailleurs nécessairement.
Il n’y a pas encore de miradors installés, la fouille des cartables n’est pas encore généralisée, mais, en toute bonne foi, il s’agirait seulement de protéger ceux qui sont ainsi entassés. Alors, règlements qui interdisent pratiquement tout, assortis de sanctions qui immobilisent encore plus.

Il n’y a pas d’exagération : j’ai calculé que généralement, une fois enlevé l’espace occupé par les tables et les chaises, l’estrade, le placard, il ne reste même pas un mètre carré libre à la circulation par enfant. Vingt élèves maximum par maître, revendication unanime. Vingt mètres carrés par enfant ? Cela n’est pas sérieux !

Des enfants et des ados condamnés à rester assis des journées entières (sur des chaises inconfortables) et à ne pas parler, presque tout le monde sent plus ou moins que ce n’est pas normal, même des médecins le disent, mais comment faire autrement ? Lorsque la sonnerie libère le couvercle de la cocotte minute, si on a réussi à le maintenir, comment s’étonner alors des tensions qui vont provoquer des heurts dans les couloirs, des bagarres dans les cours ?

Allez faire de la pédagogie, n’importe laquelle, là-dedans ! Vous imaginez la simple séance de peinture, le « fourbi » à déranger et à mettre en place, puis à ranger, quand, même pour avoir de l’eau, il faut aller la chercher dans les lavabos des WC au fond d’un couloir, quand ce n’est pas à l’étage en dessous. Reste éventuellement le feutre sur un petit carnet. Il est prudent de ne pas penser à de l’expérimentation, à du travail en groupe…Je suis dans une sincère et profonde admiration pour les collègues qui s’engagent dans des pédagogies un peu modernes et l’immense ingéniosité dont ils doivent faire preuve dans ces conditions (1). Comment s’étonner alors de l’épuisement des enseignants (qui ne sont pas catalogués dans les métiers à pénibilité pour la retraite), même s’ils ont une « salle des profs » pour souffler et boire un café par intermittence (ce que n’ont pas leurs élèves) ?

Se rend-on compte qu’une école de 100 ou 200 élèves, un collège de 500 ou 1 000, un lycée de 1000 ou 2 000, ce sont des villages, des bourgades, de petites villes, dont les habitants seraient entassés dans un ou deux bâtiments, avec encore moins de place que dans une tour de cité ? Se rend-on compte de l’effarante promiscuité imposée quotidiennement ? Les WC n’étant même plus un lieu où on pourrait s’isoler quelques minutes, ils sont même dangereux (une enquête a même révélé que la plupart des enfants et adolescents se « retenaient » pendant le temps scolaire). Je peux même rajouter que dans cette promiscuité massive, a contrario, certains enfants sont condamnés au profond isolement.

Et on va parler de socialisation dans ces conditions. La seule possible c’est l’asservissement. L’école, de par les faits, de par l’espace dans lequel sont confinés et captifs enfants et adolescents et pas seulement par volonté délibérée, est a-socialisante ou dé-socialisante.

Ah ! Si vous avez la chance d’avoir été un excellent élève, d’avoir eu des parents qui ont les moyens ou si vous avez pu accrocher une bourse, vous aurez peut-être eu la chance de jouir, une fois jeune adulte, d’un campus, de préférence célèbre et américain… Mais c’est juste pour les « élites » qui n’auront pas été broyées précédemment.

Personne n’est troublé, pas même les « défenseurs » officiels des enfants.

Vous allez me dire « Bof ! J’y suis bien passé et je n’en suis pas mort ! J’ai plein de bons souvenirs de cette école. Il faut bien que les enfants quittent leur cocon. C’est grâce à cette école que je suis devenu ce que je suis !… » etc. Pour le dernier point, je pourrais demander malignement « êtes-vous certains d’être une réussite ? »

PS : Qu’est-ce qu’on fait des lapins des cabanes ? On les mange !

Bernard COLLOT education3.canalblog.com

(1) On m’a souvent demandé comment j’avais pu développer aussi loin les logiques des pédagogies modernes. Une des réponses est celle-ci : les classes uniques résultant de la suppression des autres classes de l’école, nous disposions d’un espace très important, y compris dans l’extérieur avec l’ancien « jardin d’école ».

23 Comments

  1. chloe

    L’école, cabane à lapins
    Le titre et le billet sont d’une certaine violence ! Mais c’est effectivement ce qui est décrit qui est une violence qu’on ne voit plus. Les violences de la société qu’on ne devrait pas supporter mais dont on ne se rend plus compte, on les a intégrées comme naturelles.

    Est-ce qu’elles existent volontairement ? Est-ce volontairement que l’école est comme cela ? Est-ce volontairement qu’on en parle jamais ?

    • Paul

      L’école, cabane à lapins
      Je connais une classe unique où, bien que l’école ait deux salles inoccupées, le prof ne les utilise pas et interdit même aux élèves d’y aller. Donc, pour répondre à chloe, il semble bien que dans certains cas ce soit volontaire ! De là à se dire que la pédagogie traditionnelle a besoin de cet entassement, il n’y a qu’un pas ! Peut-être même que c’est tout le système éducatif qui a besoin de cet entassement puisque, comme le répète BC, c’est une chaîne industrielle.

      • Profencolère

        L’école, cabane à lapins
        Je suis prof des écoles et c’est une question que je me suis toujours posée : l’espace occupé
        par les élèves dans les classes.
        Les enfants n’en ont pas assez et surtout, ils doivent rester trop longtemps assis. Il y a
        quelques années, une campagne faite pour les détenus montrait qu’ils avaient très peu
        de m2 par détenu et je me suis dit “mes élèves en ont encore moins durant 6 h par jour”
        Le prof ne peut pas utiliser une autre salle car il doit être présent avec ses élèves,
        les avoir tous à l’oeil. S’il arrive quelque chose à un élève sous sa responsabilité et qu’il ne
        pouvait le voir, il sera davantage condamné que si cet élève est dans la même salle.
        C’est pourquoi, les profs n’aiment pas que les élèves aillent aux toilettes ou ailleurs pendant
        la classe, ils ne peuvent avoir un oeil sur eux.

        • Bernard Collot

          L’école, cabane à lapins
          Vous posez simultanément un autre problème : celui de la confusion entre responsabilité et sécurité.

          Le responsabilité est dans ce sens une notion juridique qui depuis quelque temps, comme aux USA, est passé du civil au pénal : au pénal, on trouve toujours non pas un responsable, mais un coupable. Du coup, il y a toujours un coupable et les enseignants ne sont protégés par rien du tout et surtout pas par leur employeur, l’Etat (au civil, c’est lui le responsable, quitte à se retourner contre ses employés s’il y a faute par rapport aux règles qu’il édicte).

          La sécurité est une autre notion dont la “surveillance” n’est qu’une toute petite partie. Fut un temps, une circulaire (ou un décret) avait inclus la notion de sécurité éducative qui permettait de ne pas avoir toujours les enfants sous le regard (je m’en étais beaucoup servi face à l’administration). Mais alors, c’est l’Etat qui se trouvait en première ligne en cas de pépin. Du coup le ministère a abrogé cette circulaire. Et beaucoup d’enseignants n’osent plus rien faire faire.

          Mais si on considère d’abord la sécurité (donc l’éducation au risque, la sécurité de l’organisation et des comportements dans cette organisation) enfants et enseignants courent beaucoup moins de risques qu’en voulant les supprimer.

          Il n’empêche que vous avez raison et c’est un autre problème qu’il faudrait cesser d’occulter.

    • Anonyme

      L’école, cabane à lapins
      Le modèle jospino-thatchérien de 1989 voulait en finir avec le communisme ,les syndicats et les services publics.
      pour cela il fallait:
      – dégrader les formations et les pédagogies( suppression des Ecoles Normales comme sous le maréchal Pétain,abandon de Piaget pour Skinner )
      -dégrader les équipements et les locaux scolaires en les municipalisant
      -dégrader l”idéal républicain d’égalité d’accès au savoir par l’éducation nationale en reféodalisant les écoles.

      Cela redonnait en plus à l’école sa fonction de sergent-recruteur pour l’armée(obstacles programmés en particulier pour les garçons du peuple)

      La longue descente dans le classement PISA nous rapproche de l’objectif réel :se situer au niveau des puissances militaires de
      l’OTAN Instit Simplex

  2. enseignant

    L’école, cabane à lapins
    Depuis que je suis les écrits de Collot dans son blog ou dans ses livres, chaque fois qu’il tire sur un bout du peloton de ficelle de l’école, c’est tout le système éducatif qui se déroule et qu’il faudrait mettre à la poubelle. D’un certain côté il,est très emm… t parce qu’il oblige à tout remettre en question. Je le trouve pour mon compte très salutaire mais j’avoue qu’il me donne parfois le vertige !

  3. Cécile

    L’école, cabane à lapins
    C’est pourquoi mon mari et moi avons pris la décision de ne pas mettre nos enfants en école. Nous les instruisons en famille. Comme tel est le droit de tout parent en France (même si bon nombre aimeraient faire supprimer ce droit et qu’il est fragilisé par les a priori et les abus de pouvoirs).
    Ainsi nos enfants ont de l’espace, du temps, peuvent suivre leur rythme et leurs centres d’intérêt, jouer, rêver, sortir, rencontrer le monde extérieur, développer une sociabilité dénuée de la violence qu’intègrent les élèves des écoles, bénéficier d’une instruction personnalisée dans un climat propice et serein.
    Nous sommes vraiment heureux de leur éviter l’école, et surtout, de leur offrir cela. 🙂

  4. mere-en-colere

    L’école, cabane à lapins
    Je suis aussi interpellée par le billet. On parle beaucoup du harcellement en ce moment. Mère de deux enfants, cela m’angoisse évidemment. J’avoue que je ne pensais même pas à cette situation qui favorise ou induit beaucoup de violences. Bernard a raison, nous ne voyons plus ce qui provoque nos maux et surtout ceux de nos enfants.
    Mais quand nous le voyons, ne sommes-nous pas dans l’impuissance pour les résoufre ? N’est-ce pas pour cela qu’inconsciemment nous ne voulons pas les voir ?
    Pouvons-nous tous déscolariser nos enfants comme l’a fait Cécile ?
    L’école est bien dans une situation dramatique sur beaucoup de points.

  5. Maman.

    L’école, cabane à lapins
    ” C’est parce que nous sommes si desséchés nous mêmes, si vides et sans amour que nous avons permis aux gouvernements de s’emparer de l’éducation de nos enfants et de la direction de nos vies “.
    Cette phrase en dit long… l’histoire, la culture, l’éducation, l’architecture, la hiérarchie des dominants, la propriété sont des sujets difficiles à mettre sur la table, particulièrement en France ou l’esprit de contradiction est systématique. Certains oeuvrent comme vous le faites et c’est bien dans le concret, dans la rencontre que nous pouvons retrouver cette confiance que l’on doit à la Vie ! merci pour ce partage.

  6. Denys Lamontagne

    L’école, cabane à lapins
    Le contrôle sur l’espace et le temps des individus est une prérogative de l’école et… des prisons. De plus l’école veut le contrôle de l’attention, de la communication et du mouvement.

    On pouvait accepter ces contraintes dans le contexte d’autrefois, pour différentes raisons économiques et sociales, dont la rareté généralisée des ressources, mais ces contraintes n’ont plus cours aujourd’hui.

    Plusieurs commentaires ci-dessus en font état : le système éducatif ne change pas facilement; on lui demande la stabilité. Le système ne change que si les mentalités changent, car il se tient au milieu. Les mentalités changent t-elles ? C’est notre seul levier. Continue ton travail, continue de répéter, de souligner, de porter attention; ça finira bien par entrer dans les préoccupations.

  7. Nathalie, PE

    L’école, cabane à lapins
    Bonjour!

    votre billet m’interpelle. Pourquoi?
    Si je lis seulement votre texte, je m’offusque. Ahhh!! beurk!! mais quelle violence impose -t-on à nos enfants!!
    Pourtant je suis moi-même enseignante (en primaire), donc partiellement responsable de cet état de fait que vous décrivez. Alors quoi?
    Oui, quand je suis à l’école, je veux avoir tous mes élèves à l’oeil, parce que je suis responsable d’eux. Oui, je leur demande de se taire, parce que le bruit incessant est un stress qui m’insupporte. Oui, les différences me gênent dans la gestion du groupe parce que c’est dur de gérer à la fois des individus et un groupe.
    etc, etc, ……
    Et au bout d’un moment ça me débecte de moi enseignante…… qui agit et parle en opposition avec les valeurs de la personne que je suis……..

    D’un autre côté, votre texte m’interpelle aussi parce que je suis allée voir ailleurs….. au Sénégal. J’y suis encore d’ailleurs. Quel choc!! vous parlez de cages à lapins?? mais c’est du palace nos belles petites classes françaises aseptisées comparées aux classes des écoles publiques sénégalaises. La table de nos écoles du début XXe (qu’on s’arrache sur les vide-greniers de nos provinces) accueillent jusqu’à 4 élèves!! quel confort!! et je ne parle pas de la vétusté des bâtiments en eux-mêmes…. Il n’y a pas de peinture aux normes ici!!
    Perso, je travaille en école privée des “boss” comme ils disent ici: les parents déboursent beaucoup. Pourtant, on a de petites tables en bois repeintes à chaque vacances, ainsi que les chaises pas ergonomiques pour 2 sous…..

    Bien sur! il faut toujours viser plus haut!!
    Mais il faut aussi savoir apprécier ce que l’on a. Je serai très très contente de retrouver ma belle classe française, lumineuse et spacieuse, avec mon lavabo. Et j’aurai un autre regard sur les efforts consentis par la municipalité de mon école.

    Donc oui, votre texte m’interpelle et me fait réfléchir……

  8. citoyen

    L’école, cabane à lapins
    Effectivement, c’est effrayant.
    Une question : comment sont les écoles récemment construites ?
    Une remarque : dans l’hypothèse où tout le monde se rendrait compte de cette situation, en particulier les politiques, n’est-elle pas irréversible ? Le montant des sommes à mettre en jeu serait astronomique, même s’il n’y avait pas la crise. Les enfants ne sont-ils pas ainsi déjà condamnés ? Quelles solutions envisageables ?

    • Bernard Collot

      L’école, cabane à lapins
      A ma connaissance, il y a eu dans les années 70 les écoles ouvertes. De mémoire, StFONT dans le Rhône, Magny-Cours dans la Nièvre, Aizenay en Vendée. La particularité de quelques-unes de ces constructions, c’est que les architectes ont travaillé pendant un an de concertation avec les enseignants, les parents, les enfants, les élus avant d’en faire les plans. L’autre particularité c’est que le plus souvent il y avait des enseignants impliqués dans les pédagogies modernes. La dernière particularité, c’est que les architectes ont aussi démontré que l’augmentation de l’espace n’a pas induit des coûts supérieurs.

      La dernière que je connais et toute récente, c’est l’école de Monticello en Corse. Elle a aussi été réalisée après une large concertation, un élu particulièrement acquis aux pédagogies modernes et la participation de Hubert MONTAGNER à sa conception.

      Pour ce qui concerne les investissements effectivement immenses à réaliser, tout dépend de l’enjeu. Lorsqu’une guerre ravage tout, lorsqu’un Tsunami, une catastrophe détruit des infrastructures, bizarrement le problème de l’argent n’est plus vraiment un problème, cela augmente même le PIB !

      Dans tout ce qui peut pousser les politiques et les machines à calculer, il y a l’opinion publique. Alors, faites sortir les cabanes à lapins du cercle restreint de Q2C !

  9. ano

    L’école, cabane à lapins
    “Programme Canadien
    http://www.alice-miller.com/articles_fr.php?lang=fr&nid=121&grp=17

    Au coeur du programme Racines de l’empathie, il y a un nourrisson du quartier, qui visite la classe une fois par mois accompagné de son parent, tout le long de l’année scolaire. Au total, les instructrices* de Racines de l’empathie dirigent 27 visites, dont neuf sont aussi des visites de la famille. Les instructrices jouent un rôle essentiel dans la réussite du programme, car ce sont elles qui guident les enfants pendant les cours, soutiennent et forment le parent bénévole et agissent en coordination avec l’enseignant*.

    La nature interactive du programme favorise la compréhension des sentiments. En effet, c’est grâce à l’observation des comportements du bébé que les enfants apprennent le nom des émotions. L’instructrice les incite ensuite à repérer dans leur propre expérience l’expression de
    sentiments similaires. Finalement, la connaissance de soi sert de passerelle vers la compréhension des sentiments d’autrui (l’empathie). Dans les classes Racines de l’empathie, on enseigne un « vocabulaire des émotions », c’est-à-dire à décoder et à connaître ses propres émotions et à être sensible aux sentiments d’autrui.

    L’instructrice aide les élèves dans leur observation et renforce les notions en proposant des activités variées tirées d’un Programme destiné à quatre groupes d’âges : maternelle; 1re à 3e année; 4e à 6e année; 7e et 8e années du primaire (1re et 2e années du secondaire). Leur
    répartition en quatre niveaux garantit que les plans de cours et les activités sont adaptés au niveau de développement des élèves et respectent les intérêts des différents groupes d’âges.

    Ce programme de 639 pages, écrit par la fondatrice de Racines de l’empathie, est protégé par le droit d’auteur. Le Manuel de formation (109 pages) fournit les connaissances de base et les fondements théoriques qui appuient le programme.

    Après évaluation, les Services des programmes d’études Canada (l’agence pancanadienne des normes pour l’assurance de la qualité des ressources d’apprentissage) ont recommandé le Programme Racines de l’empathie et ont jugé son utilisation « pertinente avec des élèves de la
    maternelle à la 8e année pour favoriser la compréhension du développement humain, de la diversité et du caractère unique de chaque être. » Pour obtenir l’évaluation complète des Services des programmes d’études Canada, consulter leur site Web à la page
    http://www.curriculum.org/csc/resources/roots.shtml (en anglais).

    Racines de l’empathie a reçu l’approbation et le soutien financier de ministères de l’Éducation, de facultés d’éducation, de commissions scolaires et de syndicats d’enseignants.

    Lors d’une visite type de la famille, le bébé, le parent et l’instructrice s’installent sur une couverture spéciale étendue sur le sol de la classe. Assis en cercle tout autour, les élèves observent le bébé guidés par l’instructrice : ils posent des questions et commentent le
    comportement du nourrisson et sa vocalisation, parlent de son tempérament et de ses réactions en général. Ils peuvent par ailleurs observer l’attachement croissant entre le bébé et son parent,
    et ont ainsi sous les yeux un modèle vivant du bon exercice du rôle parental.

    Chacune des visites de la famille permet d’aborder un thème ayant trait au développement du nourrisson (par exemple, les pleurs, le sommeil, le langage). Le bébé a de deux à quatre mois au début du programme, et environ un an à la fin; entre-temps, il aura vécu une période de croissance et de développement extraordinaires. Toute l’année, les enfants apprennent à voir et à ressentir les choses en se mettant à la place d’autrui, ils découvrent et comprennent le
    développement d’un bébé et observent l’acquisition du langage. Par ailleurs, ils apprennent des notions importantes en matière de sécurité, comme le syndrome du bébé secoué, l’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation foetale (ETCAF), les dangers de la fumée secondaire et la
    manière recommandée de coucher les bébés pour les protéger contre le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN).

    Plus l’année avance, plus les enfants s’attachent à « leur » bébé : mois après mois, ils observent son développement et en fêtent les grandes étapes, ils interagissent avec lui, apprennent quels sont ses besoins et sont témoins de sa croissance.

    Le programme présente également des liens avec le programme scolaire du niveau d’enseignement auquel il est offert. Aidés de l’instructrice, les élèves utilisent leurs compétences mathématiques pour mesurer et peser le bébé, puis reportent les indices de sa croissance dans
    un tableau. Ils écrivent des poèmes ou créent des chansons rap pour le bébé. Ils lisent des histoires sur la peur, la tristesse, la colère ou la timidité, pour enrichir leur vocabulaire des émotions. Ce faisant, ils apprennent à faire des liens avec leurs propres émotions, ainsi qu’à
    reconnaître ces mêmes émotions chez les autres.

    Les enfants qui comprennent ce que les autres ressentent sont moins susceptibles d’en faire les victimes de l’intimidation ou du taxage. Par ailleurs, les renseignements sur la sécurité et les étapes du développement du nourrisson les responsabilisent dans leurs rapports avec les bébés. À terme, ils deviendront des parents plus compétents, moins susceptibles que d’autres de maltraiter leurs enfants. En ce sens, Racines de l’empathie bâtit un capital social et humain.

    Parallèlement, les parents participant au programme comprennent mieux le rôle déterminant que leur amour et la stimulation de leur bébé jouent sur le développement de son cerveau. Dès lors, toute la communauté où le programme est mis en oeuvre bénéficie des visites effectuées par l’instructrice chez les parents et de la formation au rôle parental qu’elle leur fournit directement. Avec Racines de l’empathie qui célèbre la puissance des rapports parent-bébé, les parents deviennent les héros du quotidien. On modifie ainsi le milieu de vie des enfants tout en
    formant les parents de demain. L’arrivée du programme dans un quartier crée un noyau de parents spécialistes du rôle parental qui peuvent inciter au changement dans leur communauté.

    *Le féminin ou le masculin est utilisé seul pour ne pas alourdir le texte et n’exclut en aucun cas l’autre genre.

    Racines de l’empathie à l’oeuvre
    215 Spadina Avenue, Suite 160 Toronto, Ontario, M5T 2C7, CA t: 416-944-3001 f: 416-944-9295 mail@rootsofempathy.org http://www.rootsofempathy.org
    © Racines de l’empathie 2005 Racines de l’empathie est une marque déposée Numéro de don de charité 89643 4818 RR001 19 sept 2005 Page 1 de 2″

  10. Jean-Pierre Lepri

    L’école, cabane à lapins
    L’école enseigne l’espace contraint.
    Encore un petit effort pour “découvrir” qu’elle enseigne aussi le temps contraint, l’espace contraint, la conformation, le manque, la peur, la soumission…
    Pour ceux qui veulent mieux voir : La Fin de l’éducation ?

    http://www.editions-instant-present.com/la-fin-de-l'éducation-commencements-p-55.html

    (même éditeur que Bernard Collot).
    L’erreur, de mon point de vue, est de penser alors qu’il faut rénover, embellir, améliorer… la cabane à lapins. C’est ce que proposent les pédagogies alternatives (quelles qu’elles soient).
    Pour moi, le problème est l’éducation elle-même, sa structure profonde : éduquer, c’est conduire (“e-ducere”), qui implique un conducteur/éducateur (même racine “duc” et même sens) ET un “conduit”, un “éduqué” (même racine et même sens).
    Personnellement, je pense que la solution n’est pas dans une énième pédagogie alternative (une cabane à lapins plus agréable), mais dans une alternative à la pédagogie. Après tout, cela a existé jusqu’au 19e siècle : et nous avons eu des cathédrales, des inventions, des découvertes, des explorations extraordinaires. Cela existe ailleurs, dans d’autres pays. Et cela existe aussi chez nous. Pour approfondir la réflexion: education-authentique.org

    • Catherine Chabrun

      L’école, cabane à lapins
      « Après tout, cela a existé jusqu’au 19e siècle : et nous avons eu des cathédrales, des inventions, des découvertes, des explorations extraordinaires. Cela existe ailleurs, dans d’autres pays. Et cela existe aussi chez nous.»
      Oui, bien sûr, quelques élus avaient la possibilité de recevoir de l’instruction, apprenaient à lire… idem pour l’école à la maison aujourd’hui. C’est faire fi de tous les autres !
      L’objectif de l’école publique est aussi de réunir tous les enfants de quelle origine soient-ils pour qu’ils apprennent ensemble. Ce qui est de plus en plus difficile vu les ghettos scolaires des ZEP entre autres. Le défi pour l’école publique du 21e siècle est de bousculer le système éducatif, de déconstruire son temps et son espace, c’est ce que porte les pédagogies “alternatives” (je n’aime pas trop cet adjectif)), je dis plutôt les mouvements pédagogiques et ce n’est pas l’embellir.
      Mais en attendant, il y a le quotidien des enfants et une journée, une année d’école, ce sont des longs temps pour eux, alors oui embellissons leur quotidien, donnons du sens à leur journée d’école, aidons-les à progresser, à retrouver l’estime de soi, de réaliser leur désir de savoirs… c’est aussi de la responsabilité ds mouvements pédagogiques.

    • Bernard Collot

      L’école, cabane à lapins
      Nous sommes tout à fait d’accord Jean-Pierre. Les cabanes à lapins, dans l’image cruelle qu’elles renvoient (quand on les voit), ne sont finalement que ce qui convient à la conception qu’on a de l’école, de ses finalités sous-jacentes. Tout se tient, le cadre physique comme le cadre institutionnel. On pourrait penser que les cabanes peuvent faire aussi réfléchir au rôle qui leur est attribué, en même temps que de ce qui ne peut s’y faire, c’est à dire ce que les enfants ne peuvent y faire : vivre.
      J’apprécie beaucoup tes écrits. Je me place à un autre niveau (sans hiérarchie de niveaux) : dans la mesure où on peut admettre que, dans l’immédiat et pour l’ensemble d’une population, un espace qu’on peut encore appeler école est nécessaire, quel doit être sa fonction que doit-il être et quels peuvent en être les fondements.
      C’est ce que j’ai appelé “[bleu ciel]une école du 3ème type[/bleu ciel]“. Je peux dire “c’est ce que nous avons appelé” parce que nous sommes un certains nombre maintenant à la porter et des amis(es) poursuivent le tâtonnement expérimental qui a conduit à sa conception.
      Nous ne cherchons pas à habiller les cabanes par une nouvelle pédagogie (les pédagogies actives et surtout Freinet ont apporté suffisamment d’éléments dont il suffit de poursuivre la logique). Nous cherchons comment peut s’effectuer une transition dès maintenant malgré et contre les représentations courantes. A terme, c’est bien vers une autre école que nous voulons aboutir et nous en cernons peu à peu les contours. Quelques-uns s’en sont approchés de très près.
      Cette école, elle est proposable.

  11. Il Rève

    L’école, cabane à lapins
    L’école. Cabanes à lapins.? C’est une injure . . . pour les lapins. Rapprochement incohérent car ni les écoles, collèges, lycées ne sont des cabanes. Ni les élèves, collégiens et lycéens des lapins. Pourquoi autant de propos venimeux et vénéneux contre l’école, les profs et les élèves. Billet d’humeur sans doute. Manquant d’humour, incontestablement. Car c’est dans ces conditions que des milliers d’enseignants enseignent, et des milliers d’élèves (et non pas enfants”) apprennent. Mais depuis quand les élèves doivent apprendre à rester assis des journées entières: N’ont ils pas des heures d’EPS(insuffisantes il est vrai), ne disposent ils pas de ré-création(avez vous un jour entendu les cris de joie des enfants (ils ne sont plus élèves et se re créent en ce lieu), ne peuvent ils pas se déplacer en cours( cf quelques expérimentations déjà datées comme celles du collège “Clisthène” de Bordeaux et son tiers temps pédagogique, des enseignants innovants, ou des ateliers de philosophie en primaire, ). C’est vrai les classes sont trop chargées en élèves. Et les langues vivantes se meurent dans un tel contexte. Mais les savoirs qui circulent et les méthodes qui s’initient en font un lieu exceptionnel de construction individuelle et sociale ou les connaissances sont encore un objet de convoitise partagé par tout une classe d’âge. A-socialisant les programmes. Vous plaisantez. Dé-socialisant la structuration vécu d’un emploi du temps. Vous êtes en pleine confusion idéologique. Votre référence au campus américain comme destination des élèves privilégiés en dit long sur votre représentation positive des universités outre atlantique .

    • Bernard Collot

      L’école, cabane à lapins
      Chacun a sa propre vision de l’école. A noter que le collège de Clisthène n’a justement pas été conçu comme une cabane à lapins (conception réalisée avec les profs, les élèves,des consultants comme Hubert MONTAGNER qui a participé entre autres aussi à la construction de l’école de Monticello en Corse). Votre exemple est en contradiction avec votre commentaire… et justifie mon billet !

    • Sonia

      L’école, cabane à lapins
      C’est fascinant comme on défend l’École, ce système, et qu’on ne parle pas des individus eux-mêmes… On en arrive à justifier son existence (on ne veut surtout pas penser ou réaliser qu’on aurait peut-être perdu son temps et qu’il existe bien d’autres voies, alors qu’on insinue que c’est la seule, valable…), plus que la liberté des personnes! On parle comme si tout le monde (ici “enfants”) était consentant, d’accord, enthousiaste d’apprendre avec le moyen (n’oublions pas que ce n’est pas une valeur ni un but en soi, juste un moyen, un choix parmi tant d’autres…) qu’est l’École alors que ce n’est pas un choix pour la plupart d’entre eux… Il est certain que lorsqu’on se fait dire depuis sa naissance qu’il faut aller à l’école, que c’est important voire primordial et inévitable, on remet rarement en question cette déclaration (et comme dans bien des domaines de la vie; c’est ce qu’on appelle le conditionnement!).
      Bref, quand un individu est obligé ou le croit de fréquenter un établissement scolaire pour “apprendre”, c’est un peu comme le lapin que l’on place dans une cage et qui n’a rien à dire…

      • Il Rève

        L’école, cabane à lapins
        Comme j’ai été sollicité en son temps pour faire partie de l’équipe enseignante du collège Clisthène, dont j’ai connu et les bâtiments (une ancienne “cabane à lapins” dont plus personne ne voulait) et les premiers acteurs, j’ai quelques raisons d’estimer que ce ne sont pas les murs qui font l’école, mais ce qui se fait dans l’école qui permet de déconstruire les murs et ainsi de découvrir la raison du monde et les couleurs de l’instruction. Les artistes (et d’une certaine façon tout enseignant novateur est un artiste, la pédagogie n’est elle pas l’art d’enseigner?) ne s’y trompent pas qui investissent les friches industrielles pour les transformer en royaume de la culture. Hommage donc aux pionniers de Clisthène qui ont su faire d’un lieu (le bâtiment ) délaissé un espace (un temps) recherché et . . . plus que jamais jalousé. C’est ce type d’école, comme une sorte de trésor caché dans une vieille boite métallique rouillée, qui par le dynamisme et l’investissement des enseignants, par l’organisation d’un tiers temps pédagogique (en collège) associant intelligemment, compétence individuelle et disciplinaire des enseignants et démarches collectives pluridisciplinaires sur la base d’un projet, responsabilisation des élèves, évaluation fréquente des élèves avec entretien personnalisé lors de l’attribution des bulletins, règlement intérieur permettant une médiation au moment des tensions, conflits ou déviances . . . qui permet aux petits élèves lapins de ces écoles cabanes de devenir grands frères adultes responsables.

        • Bernard Collot

          L’école, cabane à lapins
          Tout à fait d’accord pour Clisthène. C’est un des rares collèges qu’on peut citer (je croyais d’ailleurs qu’il était une construction neuve à laquelle avait participé Huebrt Montagner). Les murs ne font pas ce qui s’y passe à l’intérieur. Mais ils sont aussi malheureusement et généralement la représentation matérielle de ce qu’est l’école. Est-ce qu’ils induisent l’école ou est-ce l’école qui induit les murs ? Je crains fort que la réponse soit dans la seconde partie de la question. En tout cas, les murs ne favorisent pas la transformation de ce qu’est l’école.

  12. Sonia

    L’école, cabane à lapins
    Pour devenir/être “grands adultes responsables”, ce n’est pas l’École qui fait cela…
    C’est comme dire que sans elle, nous sommes perdus et sans avenir!
    Ce sont les gens tout autour de nous avec qui l’on vit qui fait de nous en partie ce que nous sommes (“Nous sommes les relations que nous avons avec les autres” avait à peu près dit Albert Jacquard); et mieux vaut choisir ses relations aussi…
    Nous avons subtilement retiré (valorisé) l’enfant de sa famille, sa “tribu” (et le plus tôt possible diraient plusieurs “ogues”!…) pour vite le placer en structure, en prétextant une soit-disante “socialisation”, alors que c’est plutôt le contraire; on individualise l’être!
    Si tout individu avait réellement le choix de comment vivre ses journées, ce qu’il veut apprendre,etc. et que ça serait dans une “école”, on n’aurait rien à dire, ce serait son choix… mais ce n’est pas la réalité, loin de là!
    Il existe déjà de nombreuses écoles dites alternatives et depuis longtemps, “moins pires” dans les choix et la liberté des individus, mais structure quand même… On doit suivre… le programme! Qui décide de ce que je dois savoir?! et surtout, dans quel but?
    … et ce n’est pas qu’il y ait des coupables ou responsables en particulier, on fait tous partie du même bateau! La plupart des enseignants ont de bonnes intentions, là n’est pas le point ni surtout le problème; combien d’entre eux sont aussi contraints, à enseigner ce que l’État décide?
    Le choix pour soi-même, comment on veut et quoi apprendre, n’est-il pas la base de la liberté et respect de l’individu?

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