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Kroniks Robinson : Tout chant commence d’abord par un cri

Durant le XXème siècle, les puéricultrices et les éducateurs ont appris à s’inquiéter des jeunes enfants trop sages. Cela n’allait pas de soi. Pendant des siècles, auparavant, , la pensée sur l’éducation avait été marquée par la négation de tout ce qui représentait l’enfance.

L’enfant devait être adulte en miniature, et nier par son comportement toutes les qualités de son être. Il devait effacer tout signe de jeunesse, fraîcheur, enthousiasme, passion pour la vie et les choses. De l’entreprise de sa dévalorisation, il devait être promoteur. On ne lui pardonnait d’être enfant que s’il l’était le moins possible. Apprendre quelque chose revenait à simuler de le savoir déjà. On confondait sans arrêt le trajet et le but, le processus et le projet.

Nous savons aujourd’hui, un peu mieux, comment les enfants trop sages, trop silencieux peuvent aussi ne pas être vraiment là avec nous; ils peuvent être trop enfermés, trop retenus , et trop préoccupés des adultes pour pouvpir être eux mêmes

Ce que tout enfant a le plus du mal à supporter c’est qu’on s’habitue trop vite et trop bien à lui, alors qu’il n’arrive pas à être lui même. Devenir soi même suppose expression, création, cris, confrontations. Devenir soi même suppose de rompre avec ce qui nous préexiste, avec les images idéales, et les normes tendues.

Le jeune professionnel connaît aussi ce genre de musique . On lui expliquera à l’envie que son enthousiasme pour ce qu’il fait , sa passion pour le métier qu’il découvre, ne sont que les erreurs de jeunesse de son identité professionnelle à bâtir. Les uns diront « Dans 10 ans tu te calmeras », les autres professent un épuisement rapide.

Des vieux de la vielle , particulièrement éteints, prétendent qu’ils étaient eux aussi tout feu , tout flamme à leurs débuts. On ne les croira pas, à les croire, tellement ce qu’on voit d’eux témoigne au contraire, de renoncements profonds.

Il faut une formation en Pédagogie pour comprendre que la véritable usure ne vient pas de l’énergie que l’on dépenserait mais de la peur de cette énergie; de la frilosité , de l’immobilisme, du cloisonnement , qui poussent le professionnel à se retirer le plus vite possible de ses implications, de ses enthousiasmes et à craindre l’engagement.

Il faut une pédagogie pour comprendre que la véritable fatigue ne vient pas de l’engagement , mais qu’elle est déjà là, dès le départ, justement pour éviter de s’engager, par précaution en quelque sorte, tellement on a peur de découvrir et de se découvrir.

Tout engagement commence par un cri. Toute action, en Pédagogie sociale commence par une rupture: avec l’environnement, avec le contexte, avec l’ordre donné des choses.

Il n’y a pas de création sans rupture. Il n’y a pas de rupture sans création.

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