[*Je me défends du sexisme*]
Emmanuelle Piquet, psychopraticienne (1), nous offre ici un remarquable outil pour lutter contre le sexisme. Dans chaque partie de son livre, elle évoque la façon dont la société attend et définit ce qui est masculin et ce qui est féminin. Elle pousse à une désobéissance de cet état par la réflexion et la remise en cause de ce système, chemin que chacun.e doit faire pour se battre au quotidien contre le sexisme et les clichés. Elle présente 14 récits de filles et la façon dont elle les a aidées à mettre en place des stratégies tout en investissant le lecteur dans les solutions à trouver. Puis, elle conclut par sa proposition. Elle encourage à la stratégie du 180°, c’est à dire [**riposter en changeant de posture, ne plus subir mais réagir, surprendre le harceleur*].
Il est difficile de choisir parmi les récits le plus représentatif du propos sans être réducteur… mais voici en quelques mots une situation traitée : Maria est grosse, elle subit des harcèlements au collège (élèves et prof). Elle est allée dans le sens de ses agresseurs en tentant de faire un régime : « Tout, sauf rester grosse ! » Maria se retrouve conditionnée par un des diktats de la société : « Une jeune fille doit être mince pour être belle et exister. » Dans un premier temps, Emmanuelle Piquet l’encourage à s’accepter. Maria chemine douloureusement puis commence à se sentir libérée. Elles décident d’une action : manger un pain au chocolat au collège en regardant bien dans les yeux les grossophobes du collège… Et ce jour-là, personne ne lui a rien dit ! Car plus on se rend invisible et plus les autres se sentent forts ! A partir de 11 ans.
Emmanuelle Piquet, Lisa Mandel (ill.), Je me défends du sexisme, Albin Michel jeunesse, 2018, 192 p., 10 €.
[*Je me défends du harcèlement*]
Sur le même principe que « Je me défends du sexisme », Emmanuelle Piquet apporte son éclairage de psy sur le harcèlement et ses différentes formes. Et même s’il n’y a pas de profil type, elle tente de définir qui est un harcelé et qui est un harceleur. Elle va ensuite évoquer des cas d’adolescent.es harcelés qu’elle a reçus dans son cabinet et à qui elle a apporté son soutien et ses conseils avec sa théorie du 180°.
Voici un exemple : Mathieu 11 ans « J’ai trop peur du prof de maths. » Le prof en question s’amuse à rendre les devoirs dans l’ordre croissant et prend un malin plaisir à humilier les élèves et leur affirme qu’il n’a jamais vu une classe « aussi pathétiquement nulle et décérébrée. » La classe est en souffrance ; les élèves sont apeuré.es et harcelé.es ; vont la boule au ventre en cours. Emmanuelle Piquet va conseiller à Mathieu de mettre toute la classe à contribution pour appliquer le 180°. Le délégué va lire solennellement à l’enseignant un texte où la classe le remercie de son exigence et qu’ainsi, «il les prépare à la vie». Le prof reste silencieux puis leur dit qu’«en 30 ans de carrière, c’est la 1ère fois qu’une classe le comprend». Depuis Mathieu n’a plus peur, il sait que s’il subit une attaque, il suffira de remercier ce professeur exigeant et cruel.
Postures surprenantes et probablement à débattre dans nos classes et … ici dans nos colonnes ou nos pages web de commentaires. La stratégie du 180° fonctionne dans les cas proposés par l’auteure, quelquefois sans même mettre à exécution le scénario. Il suffit parfois aux harcelé.es de changer de posture intérieure pour ne plus subir.
Pour les élèves de CM1/CM2, pour le collège, le lycée, les parents et les éducateurs.
Emmanuelle Piquet, Lisa Mandel (ill.), Je me défends du harcèlement, Albin Michel jeunesse, 2016, 192 p., 10 €.
1- Emmanuelle Piquet est l’une des représentantes de la thérapie brève et stratégique issue du Mental Research Institute (MRI) de l’École de Palo Alto en France et en Europe francophone. [Wikipédia]