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Faire la Ville ou Faire la guerre: KroniKs des Robinsons du 4 decembre et Graines d Orties 306

Publié le 29 novembre 2013 par intermedes

Faire la Ville ou faire la guerre (S. Thierry)

Il n’y a pas d’alternative. Une ville qui n’est pas pour tous n’est à personne et ceux qui en sont expulsés ne sont que les révélateurs de notre propre interdiction d’habiter, de construire , de produire et de faire notre vie là où nous sommes.

Il en est ainsi de même pour la Ville que ce que l’on pouvait dire naguère au sujet du développement économique ou culturel d’un pays: il n’y pas d’un côté un bon et un mauvais développement, des pays qui accumulent des retards et d’autres qui s’en sortiraient bien. Il n’y a en réalité que du mauvais développement partout quand le développent autorise, crée et augmente partout les poches de misère et de précarisation. On n’a pas alors affaire à la mondialisation, mais à la tiers mondialisation de nos villes, de nos vies et de nos perspectives.

Il en est de même pour la Ville que ce que les enseignants Freinet savent depuis toujours. Il n’y a pas d’un côté les bons élèves et les mauvais, il n’y a qu’une école insuffisamment bonne, dès lors qu’elle ne permet pas à tous de progresser non seulement ensemble, mais les uns des autres.

Plongés au sein d’une société qui nous infantilise nous sommes sans arrêt tout au long de nos vies exposés à des jugements binaires bon élève/ mauvais élève, adapté/inadapté, productif /improductif, qui nous égarent , dispersent notre énergie et nous divisent.

Plongés au sein d’une ville qui s’émiette et qui n’est plus une ville, et qu’aucune politique de la Ville à ce jour ne s’est donnée la peine de re-fonder, nous assistons à tous les ravages et à la guerre qui gronde.

Comme il y a des matins qui ne sont plus des matins quand ils n’ouvrent aucun espoir ou perspective. Comme il y a des enfances qui ne sont plus des enfances car la réalité envahissante et inquiétante empêche tout imaginaire et tout possible; comme il y a des processus d’insertion qui ne font que désinsérer , des mises à l’abri qui vous mettent à la rue; des accompagnements qui vous laissent tout seuls; alors il y a des villes qui ne sont plus des villes mais des villes fantômes qui continuent de mettre en scène des mots et des fonctions vides de sens.

Il ne peut y avoir de ville que de l’hospitalité disait Derrida; et l’hospitalité ce n’est pas l’accueil, c’est l’engagement. C’est dire ce qui manque chaque jour davantage dans nos rues et dans nos quartiers. C’est ce vide , c’est ce manque qui aujourd’hui remplit tous les espaces , empêchant de faire des projets ensemble, d’imaginer un progrès pour tous, de bâtir et de créer.

A Robinson, nous pratiquons l’hospitalité

L’hospitalité ne gagne pas, car elle ne produit pas de perdants.

Elle ne s’enrichit pas car elle crée la richesse; elle ne se pérennise pas car elle cherche à durer; elle ne se développe pas, car elle fait grandir; elle ne contrôle rien, car elle met en sécurité; elle n’est pas viable économiquement car elle donne. En un mot , elle n’est pas raisonnable.

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