En ce 18 juillet 2016, 80 ans après le soulèvement antifasciste espagnol de juillet 1936, nous vous proposons la version intégrale du chapitre « Espagne 36 : l’école fait sa révolution », publié dans Pédagogie et révolution (Libertalia, réédition 2015).
Mai 1936. Réunis en congrès à Saragosse, les délégués de la CNT définissent le concept de communisme libertaire et couchent sur le papier leur programme révolutionnaire… (2) Quelques semaines plus tard, s’appuyant sur l’élan révolutionnaire des journées de juillet, ces militants passeront de la théorie à la pratique. Pour qui connaît l’histoire du mouvement ouvrier espagnol, il n’est guère surprenant que l’éducation occupe une place prépondérante dans le projet des anarcho-syndicalistes.
C’est l’un d’entre eux, Francisco Ferrer, fondateur de l’École moderne rationaliste (3), fusillé après une parodie de procès en 1909 par la clique réactionnaire au pouvoir, qui cristallisa sans doute le mieux cet intérêt jamais démenti pour la question éducative. Après lui, d’autres ont pris la relève, aux côtés des ouvriers organisés, avec l’égal souci d’œuvrer concrètement à l’avènement d’une « autre » éducation.
Lorsqu’éclate la révolution, fort de ses réflexions et surtout de ses pratiques, le mouvement sait où il veut aller en matière de pédagogie. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, il n’a pas attendu le « grand soir » pour expérimenter, tâtonner, analyser… Outre les athénées libertaires, bouillonnants foyers d’agitation culturelle, des syndicats ont animé des cours du soir et même monté leur propre école. En dépit des années de féroce répression (saccage, pillage, emprisonnement des animateurs de ces écoles libertaires et syndicales), rien n’est parvenu à éteindre la flamme et la passion du mouvement pour les questions pédagogiques.
Une urgence !
Dans l’effervescence de l’été 1936, la révolution scolaire est à l’ordre du jour. Le 27 juillet, sous la pression de la rue, la Généralité – le gouvernement catalan – annonce par décret la constitution du Conseil de l’école nouvelle unifiée (CENU). « La volonté révolutionnaire du peuple a supprimé l’école de tendance confessionnelle. C’est le moment venu pour une nouvelle école qui s’inspire des principes rationalistes du travail et de la fraternité humaine. Il faut organiser une école nouvelle unifiée, d’une façon telle que non seulement elle se substitue au régime scolaire que le peuple peut détruire, mais aussi qu’elle crée une vie scolaire qui s’inspire d’un sentiment de solidarité universelle et du respect des diversités sociales et individuelles, et qui a pour base la suppression de toute classe de privilèges. »
Hier monopole de la très réactionnaire Église espagnole, l’école passe aux mains des révolutionnaires qui la réorganisent totalement. Composé à part égale de représentants de l’UGT, de la Généralité et de la CNT, le CENU est présidé par un anarcho-syndicaliste, Juan Puig Elias 4, animateur de l’école libertaire du syndicat CNT du textile, continuateur de Ferrer et, comme lui, en proie à la répression. C’est un signe parmi d’autres de l’indéniable influence cénétiste sur cet organisme et du prestige de l’expérience et des pratiques libertaires en matière de pédagogie.
« À ce sujet, nous pouvons dire avec satisfaction que le concept anarchiste de l’école a amplement été adopté. Et le plus intéressant est qu’il s’est imposé par la logique de la conviction, par la force de la conviction5. » Le CENU doit relever un immense défi : la situation de l’Espagne des années 1930 est déplorable. Le taux d’analphabétisme est de 52 % (10 400 000 personnes ne savent ni lire ni écrire), 60 % des enfants ne sont pas scolarisés. À Barcelone, aux 50 000 enfants non scolarisés à la veille de la révolution s’ajoutent les 70 000 élèves des écoles confessionnelles désormais fermées.
Quantitativement, l’effort de scolarisation de la révolution espagnole est incontestable. Le CENU, malgré la tourmente de la guerre et les tensions internes au sein de la république, déploie une énergie sans limite pour réaliser son mot d’ordre : « Pas un enfant sans école. »
Ce projet – simple en apparence – se heurte à des problèmes matériels importants : à Barcelone, malgré les réquisitions « spontanées », les locaux font défaut. Dans ce contexte d’effondrement administratif, seules les organisations ouvrières sont à même d’apporter une aide efficace. Le syndicat du bâtiment propose un plan d’urgence de construction d’écoles. Dans l’immédiat, le syndicat des transports s’organise pour que les enfants partent gratuitement le matin dans des établissements hors de Barcelone – à l’abri des bombardements – et reviennent le soir dans leurs familles. Mesures d’urgence, dictées par les conditions exceptionnelles du moment, mais également justifiées par la volonté de mettre les petits citadins en contact avec la nature et leurs « frères » des campagnes. Dans le même esprit, les petits potagers pédagogiques créés autour des nouvelles écoles répondent tout autant à un souci éducatif qu’à la satisfaction de besoins alimentaires en ces temps de pénurie.
Premiers bilans
En juillet 1937, un an après le début de la révolution, le président du CENU dresse un bilan chiffré : « Le CENU a nommé, en six mois, 4 707 maîtres en Catalogne. Ils gagnaient avant un salaire annuel de 3 000 pesetas. Aujourd’hui, ils gagnent 5 000 pesetas. Dans le même temps 82 515 enfants ont été inscrits, contre 34 431 l’année dernière dans les écoles officielles. Et quelque chose d’extrêmement important : nous en avons fini avec les orphelinats. Les enfants de ces institutions humiliantes, foyers de déviations et de vices, sont aujourd’hui libres ; ils assistent à différentes écoles, mêlés aux autres. Il n’y a pas de différence. La révolution les a sortis de ces prisons, de ces antres de punition et d’isolement, et es a mis à l’air libre ; elle leur a rendu la joie de vivre 6. »
Révolution dans l’école
Mais le programme du CENU ne se limite pas à scolariser les enfants ou à construire des écoles. À côté de l’œuvre éducative, une révolution pédagogique se dessine. D’abord en réaction à l’éducation d’hier. Cette école, baptisée « nouvelle » entend mettre à bas toutes les tares de l’école traditionnelle : « Les internats, les maisons de correction et les casernes scolaires disparaissent ; l’idée d’éducation se substitue à celle du châtiment. L’école nouvelle est l’expression d’un idéal social et d’une pédagogie détachée des traditions autoritaires 7. » « Unifiée », cette école se propose d’inventer l’éducation de demain et non d’enrôler la jeunesse : « Nous ne voulons ni école ouvrière ni école bourgeoise […] De la même manière que nous considérions comme nuisible que la vieille école enseigne à l’enfant à crier “Vive le Roi !”, “Vive la République !” nous pensons qu’il est également néfaste de lui apprendre à crier : “Vive Marx ou Bakounine !” “Vive la révolution 8 !” »
Respectueux avant tout de l’entière liberté des enfants, ennemis de toute autorité, ces éducateurs pressentent le danger d’une école « aux ordres ». « [L’école nouvelle] fait exception à la règle, qui veut que chaque secte, chaque parti dans le cours de l’histoire n’a rien fait que modeler l’esprit de l’enfant selon ses normes et ses dogmes. De cette façon se sont formés des troupeaux sans idée propre, qui ont changé de couleur politique, sociale ou religieuse, mais qui ont conservé le même sentiment grégaire, la même structure mentale de servilité et de refoulement des instincts naturels 9. »
Il s’agit de bâtir une école de la liberté abritant une éducation pleinement émancipatrice. Comment ? Une confiance absolue dans la toute puissance des valeurs éducatives habite les animateurs du CENU : « Développer d’une façon graduelle et harmonieuse toutes et chacune de ses facultés. Quand il sera grand, il aura nos idées, si celles-ci sont les meilleures, ou bien il ira plus loin, si elles sont fausses ou mesquines 10. » Dans ce tâtonnement vers une éducation totalement inédite, les principes libertaires de l’éducation intégrale servent de boussole : « Quelques-uns parlèrent de l’école “rationaliste”. En vérité, nous ne sommes pas d’accord. L’école, le plan d’enseignement doit être intégral. Pourquoi réduire ses objectifs à la faculté qu’à l’individu de raisonner ? Il ne suffit pas que l’homme pense bien, il est nécessaire qu’il ressente et œuvre bien 11 ! »
La phraséologie révolutionnaire espagnole est volontiers lyrique, le programme scolaire est ainsi résumé en ces termes : « Que tous les enfants aient du pain, de la tendresse et de l’instruction dans la plus absolue condition d’égalité et que soit assuré le libre développement de leur personnalité 12. »
« Éducation, pain et tendresse »
S’inspirant donc des réalisations scolaires libertaires d’avant la révolution, les méthodes d’enseignement sont remises à plat, non sans difficultés, en particulier dans le recrutement des enseignants. Difficile en effet de trouver les hommes et les femmes acceptant d’endosser une telle responsabilité et surtout capable de répondre aux ambitions d’une révolution pédagogique expérimentale en guerre contre la discipline et la scolastique : « L’école doit placer l’enfant dans une ambiance telle que l’exercice d’impulsions antisociales soit rendu impossible, non par la contrainte et la violence, mais par la solidarité, la sincérité, le travail, l’amour et la liberté caractéristiques du milieu physique et humain qui l’entoure […] L’école nouvelle respecte la personnalité de l’enfant. Nous croyons que toutes les méthodes doivent être éprouvées, en optant toujours pour celle qui convient le plus selon les caractéristiques locales, la nature et le caractère de chaque enfant, etc. Il est évident qu’il ne suffit pas de changer le nom de l’école : il faut changer son esprit, sa morale, ses méthodes. Un bon maître ne donnera pas de définitions a priori, mais mettra aussi pour l’observation de l’enfant le matériel nécessaire. L’enfant doit découvrir par lui-même. Pour cela le contact permanent avec la nature est indispensable. Qu’il n’y ait pas de mystères ni de tromperies pour l’âme ingénue de l’enfant 13 ! » On devine les convergences avec les expérimentations menées à plus petite échelle dans d’autres pays, par Freinet et son mouvement par exemple14.
Le programme élaboré cherche un équilibre entre acquisition d’une culture émancipatrice de base et savoirs pratiques : scolarisation continue pour tous de l’école maternelle jusqu’au collège « polytechnique basique » (15 ans) – non figé dans des « classes d’âge », mais respectueuse des rythmes de chacun. Les écoles « supérieures » (polytechniques et universités) sont organisées de telle sorte qu’elles puissent également accueillir ceux qui n’ont pas bénéficié d’une scolarisation durant leur jeunesse.
L’éducation devient un droit fondamental pour tous, quelle que soit son origine sociale : « Que les parents soient riches ou pauvres, l’enfant a droit à l’école, à l’étude, la science, l’art 15. » Embrasser la totalité de la condition humaine, susciter sans cesse la curiosité de tous… vaste chantier ! Cet enseignement présente la fréquentation de la nature comme une priorité. Tout comme l’art qui occupe une place centrale dès la maternelle où l’accent est mis sur son aspect d’initiation technique. Pour ceux qui le souhaitent, ils peuvent se spécialiser et rejoindre les « cités des arts ». Cette attention portée à l’art permet de mieux saisir les méthodes pédagogiques retenues : « Ce n’est qu’un jeu pour l’élève d’atteindre le raffinement de la sensibilité, d’aiguiser son esprit, de féconder et de faire éclore sa personnalité active, placé comme il l’est dans une telle ruche de travail, son esprit étant rafraîchi par le souffle créateur qui présidera aux multiples réalisations de pures conceptions de l’esprit… 16 »
Bouillonnement pédagogique
Mais cette œuvre « institutionnelle » n’est qu’un des aspects de l’effervescence de l’Espagne révolutionnaire. Parmi ceux qui accusent le CENU de ne pas aller assez loin, d’être prisonnier d’une politique de compromis 17, et ceux qui dans leur coin, ignorant ou indifférents à la réorganisation « par en-haut » s’inventent leur propre chemin vers la révolution, la richesse des pratiques pédagogiques étonne. Bien avant 1936, syndicats et organisations libertaires s’étaient dotés d’écoles ou de cours du soir, à l’image de Ferrer qui, s’il s’était toujours engagé sans compter pour l’avènement de la révolution, n’avait pas attendu son déclenchement pour réaliser en acte ses principes et ses espoirs. Des témoignages relatent ces expériences et leur multiplication après juillet 1936 où les militants intensifient l’œuvre originale amorcée bien des années avant.
Vers l’autogestion
La révolution espagnole ne fut pas avare de symboles. Ainsi le quartier général militaire des Jeunesses libertaires de Barcelone, un ancien couvent, enlevé le 19 juillet aux factieux les armes à la main, se transforme en quelques semaines en institut d’enseignement. Gratuité, mixité et respect mutuel entre maîtres et élèves y sont devenus une évidence. Les frais sont pris en charge par l’organisation des jeunes libertaires qui aménage le local, choisit les professeurs, « réquisitionne » les livres et le matériel scolaire. L’accent est mis sur la grande hygiène du centre et des classes – en opposition à l’insalubrité des écoles de naguère.
L’influence libertaire est indéniable, l’autogestion s’est imposée tout naturellement : « L’organisation interne est régie par la démocratie la plus absolue. Tous les problèmes qui se présentent sont résolus par des assemblées communes d’enfants et de professeurs. On comprend facilement qu’avec ce procédé, il n’y ait besoin d’aucun directeur18. » Situation exemplaire – mais pas unique – qui conduisit le mouvement pédagogique libertaire à faire de cet institut un centre de formation pour les nouveaux enseignants.
En effet, en août 1937, une Fédération régionale des école rationaliste de Catalogne se crée, sous l’égide de la CNT, avec la ferme intention d’aller encore plus loin que le CENU. Forte d’une centaine d’écoles regroupant 1 200 élèves, cette fédération se fixe pour tâche de coordonner les anciennes écoles alternatives, qui ont connu un second souffle, et les nouvelles issues des espoirs de 1936.
Éducation syndicale
Indépendantes du CENU, ces écoles libertaires entendent appliquer les préceptes de l’éducation syndicale intégrale, à l’image de l’Escuela Natura, l’école fondée par le syndicat CNT des ouvriers du textile au milieu des années 1910. Dès le 19 juillet, l’école déménage et occupe une belle demeure, au cœur d’un vaste parc, autrefois propriété de l’évêché. C’est une revanche pour ces instituteurs plusieurs fois jetés en prison ou malmenés par les curés et les militaires.
Comment fonctionne cette école présentée par ses animateurs comme « sous l’ancien régime déjà, la mieux outillée et la plus moderne de l’Espagne, celle qui sert de modèle aux réalisations actuelles de l’école nouvelle unifiée » ?
Tout d’abord elle est entièrement financée – depuis sa création – par le syndicat CNT du textile de Barcelone. La mixité y est la règle. Les manuels sont proscrits, remplacés par un cahier personnel où les dessins tiennent une place prépondérante. Pour répondre à la curiosité des élèves, une vaste et riche bibliothèque est à leur disposition mais également des ateliers, des jardins d’essai, des élevages de divers animaux, du matériel de cinéma manié par les enfants eux-mêmes. L’école traditionnelle semble un lointain souvenir : plus de classes, les tables individuelles bougent à volonté, le professeur a perdu sa chaire pour se retrouver au milieu des enfants qu’il suit durant tout leur séjour à l’école, à moins qu’ils ne demandent à changer de groupe. Loin d’être un lieu refermé sur lui-même, l’école organise également sorties, voyages et colonies de vacances.
L’école pour tous et toutes
Si ces deux expériences urbaines ne peuvent avoir valeur de généralité, il n’en demeure pas moins vrai que le souci éducatif s’est répandu dans toute l’Espagne révolutionnaire. Observateur engagé et admiratif, Gaston Leval en témoigne : « De même les enfants ont vu leur droit reconnu spontanément. Non comme une aumône accordée par l’État, mais bien comme l’exercice d’un droit que nul ne pensait à nier. En même temps, les écoles leur ont été ouvertes jusqu’à 14 ou l5 ans : seule façon d’éviter que les parents ne les envoient travailler avant l’âge, et pour rendre l’instruction réellement générale. […] L’enseignement progressa avec une rapidité jusqu’alors inconnue. L’immense majorité des collectivités et des municipalités plus ou moins socialisées a construit une ou plusieurs écoles. Chacune des collectivités de la Fédération du Levant avait son école au début de 1938. » L’honnêteté oblige à nuancer ce tableau idyllique. L’enthousiasme des témoins ou des acteurs de cette révolution, s’il est contagieux, n’interdit pas un regard critique. Çà et là les commentaires sont moins élogieux et plus circonspects : « Pour les systèmes d’enseignement, il n’y a pas eu de grands changements. Mais, par exemple, était instituée la mixité filles et garçons ensemble, alors que la République ne l’acceptait pas. Il y a eu des changements quant aux textes. On s’est procuré de nouveaux livres 19. »
Pourtant, alors que la guerre dévore la révolution, l’œuvre éducative reste un élément d’orgueil et d’espérance pour les révolutionnaires authentiques : « Il n’y avait plus [fin 1938] qu’une seule sphère dans laquelle l’optimisme fût encore possible : celle de l’enseignement », (Hugh Thomas).
Ce ne fut pas un « essai »…
Même relativisé, le bilan de cette expérience sans égale dans l’histoire d’une volonté collective de purger l’école de tout autoritarisme au nom de la liberté des enfants reste un exemple à méditer. Ce qui l’a rendue possible, outre les circonstances, ce sont bien ces heures et ces heures de discussion, de débats, de réflexions qui ont précédé l’explosion sociale. C’est aussi et surtout la multiplication de ces espaces éducatifs, modestes ou grandioses, que le mouvement ouvrier a portés pendant des décennies, sans attendre que la société change pour changer l’école.
C’est enfin la diffusion passionnée et effrénée d’une culture de la liberté et de l’action collective. Lorsque le journaliste de Tierra y Libertad demande à Puig Elias si les « essais ont donné, de cette manière, d’excellents résultats », celui-ci répond : « Oh, c’est indiscutable ! Mais tu fais une erreur. Pour nous, ceci n’est pas un “essai”. Durant presque vingt ans, nous avons essayé dans la clandestinité et perfectionné nos méthodes. » Une expérience qui doit faire école.
Chapitre 7 de Pédagogie et révolution, questions de classe et relectures pédagogiques, Grégory Chambat, Libertalia (réédition 2015, collection N’Autre École).
1. Les ouvrages consacrés directement à la question éducative dans l’Espagne révolutionnaire sont rares. La quasi-totalité des références utilisées dans cet article ont donc été empruntées à l’ouvrage de Cédric Dupont, Ils ont osé ! Espagne 1936-1939, Los Solidarios, 2002.
2. « Concepto confederal del comunismo libertario ». Motion adoptée à Saragosse lors du IVe Congrès de la Confédération nationale du travail d’Espagne au mois de mai 1936, éditions CNT-RP, 1994.
3. Francisco Ferrer (1859-1909). Accusé d’être l’instigateur de l’insurrection de 1909 à Barcelone, il est fusillé. Sa mort cause une vive émotion dans le monde entier et entraîne la chute du gouvernement espagnol. Fondateur de l’École moderne et d’une maison d’édition de manuels, son influence dépasse largement les frontières. Sa revue L’École rénovée, accueillit et inspira les instituteurs syndicalistes de la CGT française (voir chapitre Ferrer).
4. Né le 30 juillet 1898 à Sallent, Juan Puig Elias est un pédagogue libertaire et militant anarcho-syndicaliste. Influencé par Francisco Ferrer et son « École moderne », il crée « l’Escola Natura », école libertaire qui survivra à la dictature de Primo de Rivera. En 1931, avec la proclamation de la république, l’école prend son essor. Juan Puig Elias participe au mouvement syndical et prend part aux congrès de la CNT. Il y défend l’orientation « communiste libertaire » qui servira de base aux collectivités socialisées durant la révolution. Pendant la guerre civile, il est chargé de la socialisation de l’enseignement au sein du CENU, et nommé sous-secrétaire au ministère de l’Instruction publique. Après la victoire de Franco, il s’exile en France, où il est interné dans des camps de concentration. Il participe ensuite à la Résistance. Il meurt le 5 septembre 1972.
5. Entretien avec Juan Puig Elias dans Tierra y Libertad, 3 juillet 1937.
6. Ibidem.
7. Article de Juan Puig Elias dans L’Espagne antifasciste, 26 août 1936.
8. Tierra y Libertad, 3 juillet 1937, op. cit.
9. L’Espagne antifasciste, op. cit.
10. Ibidem.
11. Tierra y Libertad, 3 juillet 1937, op. cit.
12. L’Espagne antifasciste, op. cit.
13. Ibidem.
14. L’influence de Ferrer sur Freinet est problématique, comme en témoigne l’article de Jean-Pierre Caro « Freinet et Ferrer » in Freinet et l’École Moderne, sous la direction d’Ahmed Lamihi, Ivan-Davy éditeur, 1997. Notons cependant que l’instituteur de Saint-Paul de Vence accueillit dans son école des enfants des combattants espagnols et que le journal de l’école devint pendant un temps bilingue. En Espagne, un mouvement pédagogique se définissant comme « freinétiste » est fondé par deux militants anarchistes et regroupe 120 écoles pratiquant l’imprimerie à l’école, la correspondance, et publiant une revue Collaboracion.
15. Article de La Nouvelle Espagne antifasciste, 23 décembre 1937.
16. Le ministre de l’Éducation, Jésus Hernandez était membre du Parti communiste. Les rapports entre l’administration et les collectivités étaient tendus, y compris sur les questions éducatives. Ainsi à Calanda, l’institutrice ne fut pas autorisée à enseigner à l’école Francisco-Ferrer car le ministère n’avait jamais décidé de la création de cette école ! Quant aux rapports de certains militants libertaires avec le CENU, le secrétaire général de la fédération régionale des écoles rationalistes de Catalogne répond dans un entretien accordé à Umbral, au mois d’août 1937 : « Je préférerais ne pas en parler, mais je me limiterai à te dire que nos activités sont complètement indépendantes et que nous nous ignorons mutuellement. »
17. Article d’Antonio Esteban Mambrilla, Umbral , 10 juillet 1937.
18. Ibidem.
19. Témoignage de Miguel Celma in Collectif Equipo Juvenil Confederal, La Collectivité de Calanda. 1936-1938, CNT-RP, 1997.