Le texte complet est ici : https://lundi.am/Cri-d-ecole
(…) Nous partons d’un constat : l’absence, dans les revendications enseignantes du moment, de toute idée pédagogique, de toute ambition explicite de transformer l’école existante. (…)
Les disciplines et les savoirs qui prennent place en milieu scolaire sont strictement enrégimentés, séparés les uns des autres, coupés de toute interaction mutuelle, mais surtout détachés de tout lien avec le dehors (le grand monde qui existe au-delà des murs des lycées). L’artificialité d’une telle séparation assure la mort d’un milieu éducatif qui peine à cacher ce qui se pose désormais comme sa seule et unique fin : la production des futurs agents économiques que sont les élèves. (…)
Heureusement, les élèves ne se laissent pas toujours faire. Heureusement, pourrait-on dire, qu’il y a les “mauvais·es” élèves ! Ceux·elles qui ont été ainsi étiqueté·e·s par de longues années de persécution institutionnalisée, sont là pour nous rappeler que ceci ne peut plus durer. Ce sont les premier·ère·s à manifester quelques signes de santé en refusant l’absurde théâtre qui leur est proposé.(…)
Il faut mettre explicitement la politique au centre de la vie du lycée et du dispositif-cours, non comme idéologie unilatérale, mais comme expérimentation collective productrice de dissensus. (…)
La lutte est tectonique. Elle ouvre des brèches dans nos espaces physiques et mentaux, dans nos espaces scolaires. C’est l’occasion pour les revendications enseignantes de se porter sur l’éducation elle-même, sur la transformation radicale de l’institution école qui détruit toute possibilité d’un rapport sain entre enseignant·e·s et élèves. (…)
Pourtant, il n’y a rien de nouveau ou d’original à dire que c’est dans la classe, quand les enseignant·e·s debout sur l’estrade devant leurs élèves parlent, que se joue la politique. Qu’on le veuille ou non, c’est là que les profs font de la politique, dans l’organisation et les contenus de leurs cours, dans ce qu’il·elle·s disent et ne disent pas aux élèves, dans les postures de leurs propres corps et dans celles qu’ils imposent aux élèves. (…)
Car à partir du moment où se constitueraient des groupes d’élèves et d’enseignant·e·s dont la fonction ne serait plus d’ingurgiter des formes de savoirs figées et académiques, mais de produire et de construire collectivement des outils théoriques socialement situés pour agir sur le monde, qui sait ce qui pourrait se passer ? (…)