Cet essai comporte deux parties. Dans la première, l’auteur s’attaque à une vision individualiste de l’anarchisme que l’on peut qualifier d’ « anarchisme comme style de vie » en opposition à un anarchisme révolutionnaire porteur d’émancipation individuelle et collective. Si cette première partie peut sembler un peu décalée vue de l’Europe, elle reste malheureusement d’une grande actualité si on pense à l’emprise actuelle de la culture du développement personnel.
La seconde partie de l’ouvrage est d’une actualité criante bien qu’ayant été écrite il y a presque trente ans. Intitulée « La Gauche qui fut : une réflexion personnelle », Murray Bookchin y traite d’un certain nombre d’abandons de la gauche qu’il regrette amèrement. Parmi ceux-ci : le remplacement de l’internationalisme par le soutien inconditionnel aux luttes de libération nationale, l’attachement à la démocratie, l’antimilitarisme non pacifiste, le sécularisme et le rationalisme.
L’ouvrage s’achève sur une postface dans la quelle Xavier Crépin, le traducteur, tente de nous éclairer sur le parcours et les changements de positionnements de l’auteur.
Murray Bookchin, Changer sa vie sans changer le monde : l’anarchisme contemporain entre émancipation individuelle et révolution sociale, Agone (coll. Contre-feux), 2019, 184 p., 14 €.