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Notre 11 novembre

Le site La Bataille socialiste revient sur le combat social contre la boucherie de la 1ère Guerre Mondiale et en particulier celui des militants syndicalistes enseignants

Un siècle après la boucherie, nous saluons la mémoire des victimes de la guerre, d’abord les morts, au combat ou fusillés par leur propre armée, les mutilés, les veuves et les orphelins, les militant-e-s qui surent rester internationalistes comme celles et ceux de la Fédération des Métaux, de la Fédération de l’enseignement, du Comité pour la reprise des relations internationales en France, du groupe Spartacus en Allemagne. Honneur à une génération assassinée de la classe ouvrière internationale !

Manifeste des instituteurs syndicalistes (juin 1915)

Texte préparé par Marie Mayoux qui le présente à la réunion de Tours du 13 juin 1915, imprimé à Saumur (daté du 1er juillet 1915), rejeté par le conseil fédéral de l’enseignement. Cité dans Trente ans de combats (L. Bouët) et Le syndicalisme dans l’enseignement (t. II).

Instituteurs syndiqués et syndicalistes, en août 1914, parce que nous avons reconnu, comme ceux des nôtres qui ont répondu « présents » à l’appel de la Patrie, la brutale nécessité d’une défense rapide et efficace contre l’envahisseur; nous n’avons pas parlé depuis, malgré le deuil de nos cœurs au long du douloureux calvaire gravi par l’Europe cet hiver, parce que nos sympathies, acquise à toutes les victimes de l’innommable tuerie, allaient d’abord et tout droit à l’héroïque Belgique, à notre France meurtrie.

Mais aujourd’hui, le constant échec de l’offensive allemande sur tout le front occidental, l’entrée en ligne de l’Italie, nouvelle et précieuse alliée, nous créent l’impérieux devoir de crier: « Assez de sang versé« . Notre conviction intime et profonde est qu’à l’heure actuelle une proposition de paix pourrait humainement être faite par n’importe lequel des adversaires mais que ce geste honorerait grandement les Alliés.

Sans entrer dans les détails de la question, l’intérêt d’une paix prochaine nous apparaît comme évident. L’humanité et le patriotisme sont ici d’accord. Des milliers de jeunes hommes seront ainsi sauvés et, pour nous, éducateurs, qui entourons l’enfant de nos soins constants, qui savons combien est lente et difficile la formation de la personnalité, qui, par suite, avons le respect de la vie humaine, pour nous comme pour toutes les mères, cette raison est capitale. D’autre part, l’anéantissement de l’Allemagne est une proposition enfantine; il doit suffire que la monstruosité et la vanité du rêve pangermaniste de domination universelle soient démontrées. Au peuple allemand – à qui nous tendons une main fraternelle – de faire son œuvre. En se débarrassant de ses hideux tyrans, il hâtera l’établissement inévitable des États-Unis d’Europe.

Car cette guerre ne signifie rien, si elle n’est pas une révolte consciente d’hommes libres contre le militarisme barbare.

La France se doit de compléter son geste de défense par l’offre spontanée de mettre fin à la boucherie. ce sera son honneur éternel devant l’histoire.

%Mais, diront certains, si la guerre se termine sans résultats décisifs, elle recommencera dans quelques années. Nous ne le pensons pas. L’écrasement de l’un de deux adversaires, faisant germer l’esprit de revanche, une nouvelle lutte se préparera. La guerre se terminant, au contraire, sans succès décisif de part et d’autre, malgré les sacrifices consentis, quel est le parti militariste qui osera préconiser à nouveau des armements à outrance ?

Et qu’on ne se méprenne pas sur nos intentions. Après la terrible épreuve, nous demeurons ce que nous étions hier. A ceux qui, nous comprenant mal ou pas du tout, nous jetteraient comme une injure l’épithète de « mauvais Français », nous répondrions par une phrase, et un nom: « Si être patriote c’est vouloir une France toujours plus prospère, mais aussi toujours plus humaine et plus juste, eh bien! nous sommes résolument patriotes« . Voilà la phrase, elle est extraite de notre Manifeste de 1912. Et voici le nom, c’est celui de l’instituteur qui dirigeait avec entrain et bonne humeur notre mouvement d’alors et qui, l’année dernière, est mort au champ de bataille, après avoir été promu caporal et cité à l’ordre du jour: Chalopin!

La guerre est l’accident.La paix seule est normale. Il faudra tôt ou tard parler de paix. Nous demandons donc au gouvernement de proposer un armistice à tous les belligérants et d’autoriser la discussion des bases sur lesquelles la paix pourrait être réalisée.

Nous estimons que ces bases doivent être:

1. Liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.

2. Désarmement général par l’arbitrage obligatoire.

En réclamant pour le peuple qui lutte si unanimement ce droit de discussion, nous restons dans notre tradition républicaine et révolutionnaire.

Notre intervention sera, nous l’espérons, comprise et soutenue par tous ceux qui, en France, et ailleurs sont partisans de la paix, de la lumière et de la liberté.

Nous avons voulu par ce geste, répondre selon nos moyens à la bravoure et à la confiance des nôtres qui, depuis onze mois, nous donnent le plus sublime des exemples en faisant, eux pacifistes, la guerre pour avoir la paix.

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