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Sauver le soldat “classe unique”

Ce texte avait été publié il y a quelques années. Il est malheureusement toujours d’actualité. Il y a encore des villages qui se battent désespérément. Les classes uniques, un détail ?

Les classes uniques sont en première ligne sous le couperet du « redéploiement » de la carte scolaire. Apparemment cela ne concerne qu’une microscopique poignée d’Astérix, pourquoi en faire un cheval de bataille national ?

Les classes uniques ont toujours constitué un problème. Problème pour les enseignants qui se voient mal dispatcher simultanément une manne scolaire, dûment découpée, à 5 ou 6 niveaux différents (ils ont bien raison, c’est impossible !). Problème pour les parents qui croient innocemment au bien-fondé de ce qu’on leur ressasse. Problème pour l’administration pour qui elles sont, pédagogiquement, incontrôlables ! Elles provoquent une indigestion dans l’école industrielle.

Leur vrai problème, c’est que ça marche ! Un véritable mystère !

Lorsque les travaux imprudemment diligentés par le ministère ont démontré que leurs résultats étaient même supérieurs à la moyenne nationale (Oeuvrard, 1990), la surprise était d’autant plus grande que ces conclusions étaient établies sur l’ensemble des CU, c’est à dire des classes dont une grande partie était occupée par des débutants, certaines avec un turnover démentiel.

Bien sûr, dans un bon nombre aussi, se sont développées des pédagogies pour le moins surprenantes et peu conformes aux idées admises d’un taylorisme scolaire de bon ton, et ce quasi clandestinement, tout au moins sans tapage.

Pour couronner le tout, voilà que, dans ces microstructures, ce sont les parents et les élus qui se battent becs et ongles pour conserver ce dont normalement ils devraient se débarrasser.
Seraient-ils plus stupides et portant moins d’intérêt que les autres à la réussite de leurs enfants ? Une tache dans le marasme généralisé de l’école.

Il y a belle lurette que ceci aurait dû intriguer nos ministres, nos pédagogues patentés, l’administration, les associations de parents, les syndicats d’enseignants, les citoyens. Mais non, ignorance totale et le prétexte de la carte scolaire pour ne surtout plus avoir à s’interroger.

Que dirait-on, dans notre très ultralibérale société où l’entreprise est reine, d’une entreprise en difficulté qui se débarrasserait de son seul secteur qui marche sans même chercher à savoir pourquoi il marche ? Et pour une économie de bout de chandelle qui lui coûtera bien plus cher en recherches de productivité jamais trouvée.

Bien sûr, on se doute que découvrir les raisons de l’efficience des classes uniques pourrait être très dérangeant pour le système, les croyances sur lesquelles il s’est bâti, ce qu’on projette d’y injecter, la stabilité de l’opinion sur laquelle on s’appuie.

Lorsque les dernières classes uniques auront disparu, c’est à dire dès cette année, au plus tard l’an prochain, il n’y aura plus aucun îlot en milieu rural prouvant qu’une alternative est possible. Plus aucun îlot ordinaire (des enfants ordinaires, des enseignants ordinaires, des parents ordinaires, des élus ordinaires) sur lesquels s’appuyer, plus aucun îlot vieux de décennies à au moins observer.
On perd un laboratoire qui ne coûte rien, qui n’a même pas à être expérimenté.

Il ne s’agit pas de sauver quelques privilégiés de l’école au détriment de la masse. Il s’agit de préserver une fenêtre ouverte, une possibilité peut-être à étudier, avant que la chape de plomb de l’industrialisation scolaire n’étouffe tout.

C’est le même combat que celui du développement durable, de l’écologie, de toutes les alternatives. Les dernières fermes biologiques scolaires auront disparu d’ici un an, contrairement à leurs homologues de l’agriculture. Mais elles n’ont été défendues par personne, et pourtant l’école n’a plus que des consommateurs.

Nous appelons donc à une mobilisation générale pour empêcher leur éradication qu’elles qu’en soient les raisons invoquées.
Que l’on soit parents de classe unique ou non, futurs parents, anciens parents, enseignants, pédagogues, paysans, ouvriers, intellectuels, de gauche, de droite ou d’ailleurs, élus, simples citoyens, que l’on ait d’autres convictions éducatives, que l’on n’ait jamais mis les pieds dans une classe unique, peu importe : les préserver c’est conserver une dernière graine dont on ne sait pas si demain on n’en aura pas un besoin urgent pour sauver les meubles scolaires. On le fait bien à plus grand frais dans les silos du Groenland pour les espèces végétales.

Signez, faites signer, diffusez, publiez de toute urgence la pétition suivante pour un observatoire des classes uniques :

[http://marelle.org/petitions/?petition=1 ->http://marelle.org/petitions/?petition=1
]

Bernard COLLOT,
Centres de Recherches des Petites Structures et de la Communication.

[[Sur ce thème : « Multi-âge », « Classes uniques, structures dissipatives »

[http://www.thebookedition.com/advanced_search_result.php?keywords=bernard%20collot->http://www.thebookedition.com/advanced_search_result.php?keywords=bernard%20collot
]

Non aux usines scolaires :

[http://ecoledeproximite.lautre.net/NON-Aux-UsinesScolaires_Vivre-ICI->http://ecoledeproximite.lautre.net/NON-Aux-UsinesScolaires_Vivre-ICI
]]]

67 Comments

  1. Paul

    Sauver le soldat “classe unique”
    Je trouve cet appel important, même pour des écologistes. Ce n’est que du bon sens.
    Cependant, autant j’avais été emballé par la classe unique du reportage d’A2 d’envoyé spécial (qui s’appelait vive les instits) ainsi que par quelques autres, il y a quelques années, autant je suis réticent à celle de “être et avoir” qui n’est elle que nostalgie vieillote et rébarbative. Malheureusement pour elle, la classe unique risque d’être confondue à ce cliché.
    Pouvez-vous en dire plus ?

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      En ce qui concerne “être et avoir”, Nicolas Philibert avec qui j’avais longuement discuté avait bien été voir toutes les CU que je lui avais signalées, mais trop complexes pour ce qu’il voulait faire, c’est à dire un documentaire scénarisé avec des personnages. Il est vrai que ce film n’a pas défendu les classes uniques, mais ce n’était pas son but.
      On peut dire que les classes que vous citées sont les deux extrêmes , celle de “être ou avoir” c’est celle que l’on ne voudrait ne plus voir, celle d’envoyé spécial c’est celle jusqu’où on peut aller. Dans la fourchette la majorité se rapproche de la seconde, soit délibérément, soit par la force des choses : on y a vu beaucoup d’enseignants au départ traditionnels évoluer naturellement vers des pédagogies de type Freinet et actives. Ce sont les conditions qui favorisent cette mutation en même temps que les constats que chaque enseignant fait au cours des transformations pédagogiques qu’il opère. Et on ose plus dans une classe unique qu’ailleurs !

  2. Chloé Martin

    Sauver le soldat “classe unique”
    Comment expliquez-vous les résultats des classes uniques ? Pourquoi les considérez-vous comme révolutionnaires alors que d’autres les considèrent comme archaïques ?

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      La réponse est complexe.Impossible en un commentaire. Il m’a fallu un livre de 530 pages (« L’école de la simplexité » TheBookEdition.com) !.

      Sous forme de boutade qui en réalité n’en est pas une, je répondrais à ce que l’on se dit généralement : « les résultats devraient être moins bons puisque le prof a moins de temps pour chaque programme, que les enfants sont plus souvent livrés à eux-mêmes » par « C’est justement pour cela que les résultats sont meilleurs ! »
      .
      Evidemment, mettre en cause l’emprise des profs et des programmes n’est guère supportable. Comme si les profs ne servaient pas à grand-chose. Mais ce constat devrait interpeller à la fois sur le comment et dans quelles conditions se construisent en réalité les langages (apprentissages) et sur le rôle des profs pour en favoriser les processus.

      Ce que j’ai fait pendant des années et au cours d’innombrables échanges avec mes amis des classes uniques et des crepsc et conclu qu’une école du 3ème type ne pouvait être que multi-âge pour de multiples raisons. Et il ne s’agit pas de ce qui est souvent dit, parce que c’est à la campagne avec les petits oiseaux, que les enfants y seraient plus gentils, les parents moins embêtants… ! Des expériences de classes uniques urbaines commencent à voir le jour (quand elles ne sont pas empêchées par l’administration) et corroborent nos propres vécus et nos propres travaux.

      A noter qu’il n’y a pas qu’en France que des travaux ont été menés sur les résultats des classes multi-âge, en particulier au Canada où le multi-âge est même un argument de vente pour des écoles privées. Cependant, nulle part on est allé aussi loin dans la conception et la transformation radicale des structures et du rôle du maître. Des finlandais l’ont même reconnu au cours d’une rencontre erasmus à laquelle j’avais été invité. Pour une fois soyons un peu chauvin ! Même si nul n’est prophète en son pays !

          • Chloé Martin

            Sauver le soldat “classe unique”
            Je viens de lire les deux extraits. C’est vraiment intéressant. Mais comment se fait-il que cette organisation ne soit pas connue parmi les mouvements pédagogiques ?

          • Bernard Collot

            Sauver le soldat “classe unique”
            Nous ne sommes jamais préoccupés de notre visibilité, peut-être à tort.
            Surtout parce que notre objectif n’était pas de défendre et de promouvoir une ou des pédagogies (c’est le rôle des mouvements pédagogiques) mais de comprendre comment pouvaient s’effectuer des transformations en mutualisant nos essais, nos tâtonnements, nos réussites comme nos difficultés. Nous avons osé nous appeler « laboratoire » et nous qualifier sans vergogne de chercheurs ! Ceci prenait tout notre temps, et prend toujours tout le temps de celles et ceux qui continuent (vous pouvez en avoir une idée dans « conversations décousues »).
            Les circonstances ont voulu que j’en sois, après coup, un peu le théoricien (disposant de plus de temps !) dans quelques ouvrages. Mais s’il y a quelque chose à promouvoir, c’est le temps qui s’en chargera aussi !

  3. Valérie Guiffrey

    Sauver le soldat “classe unique”
    De tout coeur avec vous !

    La loi de refondation s’annonce t-elle comme la fin des structures innovantes déjà en place ?
    Une volonté affirmée d’inscrire tous les enfants dans la même case ? bien trop étroite.

    A Paris nous sommes loin des classes uniques, mais nous avons quelques écoles inscrites dans le cadre “école innovante” ainsi nommées par L’Education Nationale. Leur nombre est minime et leur pédagogie à peine connue (souvent un lien construit tourné vers la culture). C’est le cas de notre école, elles ne sont que 2 dans l’arrondissement que j’habite (19ème) sur 73 écoles au total. Les effectifs sont en baisse dans toutes les autres mais à l’inverse en hausse chez nous.

    Cela marcherait-il ?

    Les enfants, les parents et toute la communauté éducative en sont persuadés, Les résultats aux évaluations nationales depuis plusieurs années (que je ne défends pas, juste pour avoir un ordre d’idée) sont au-dessus de la moyenne.

    La réforme des rythmes éducatifs sonne le glas de ces structures, rien n’est encore officiel, mais aucune dérogation n’est acceptée, tous dans la même case.
    Nos politiques empressés n’ont plus le temps pour nos enfants, quelle tristesse !

    Encore moins pour réfléchir à une politique de réussite pour tous.
    A marche forcée La Loi de Refondation,
    Reste t-il une petite chance ??? Le Sénat ???

    • Adrien Mascarille

      Sauver le soldat “classe unique”
      Madame Guiffrey votre message est passionnant. D’abord parce qu’il montre que des réalités (pas des expérimentations) existent dans une grande ville comme Paris. Ces réalités peu connues devraient avoir, à mon avis déjà plusieurs fois exprimés, beaucoup plus d’impacts que ce qui nous est décrit à longueurs de colonnes sur les classes uniques. Qui ne sont pas toutes aussi avancées et utiles que le disent les légendes (cf “Etre et avoir”). Pour agiter la polémique je pense qu’il faut se dire que nous n’allons pas tous repartir à la campagne d’ici un certain temps et que, plein de désolation, nous savons bien que l’avenir de la majorité de nos enfants se trouve dans les grandes cités.
      Que l’on réclame des écoles à taille humaine calculée au nombre d’enfants (jusqu’à 150 ou 200 pour que tout le monde arrive à se connaître) et non pas au nombre de classes me semble un juste combat. Que l’on sauve les classes uniques pour ce qu’elles représentent de potentiel créatif et d’inventions pédagogiques réutilisables me semble tout autant nécessaire. C’est bien de la juste diversité dont il est question.
      Pour autant pourquoi revendiquez-vous ce sentiment d’infériorité quand vous dîtes que “nous sommes loin des classes uniques” ?
      Je ne comprends pas très bien non plus pourquoi la réforme des rythmes scolaires à Paris (en dehors de son côté “totalitaire” et sans doute nivellateur) sonne le glas de ces structures ? Une école innovante ne peut pas être, seulement, caractérisée par sa gestion du temps qui doit être, de toutes manières, incluse dans le “8h30-18h”
      De plus 2 “écoles innovantes” dans un seul arrondissement ce n’est pas rien. Pourriez-vous aussi, puisqu’elles sont, d’après vous, “à peine connue” en donner l’adresse ou un lien ?
      Ce serait de la bonne information sur un site de ce type car cela remet du baume au coeur. Cela serait aussi une bonne manière de leur apporter un soutien public hautement nécessaire. Et urgent.

      • Valérie Guiffrey

        Sauver le soldat “classe unique”
        Pour répondre à M. Adrien Mascarille
        En tout premier lieu j’entends et comprends bien toutes les nuances évoquées tout au long de l’article.
        J’ai la chance d’avoir le livre de M. Collot mais aussi la malchance, faute de temps, de ne l’avoir que parcouru, 520 pages tout de même, de plus il demande concentration pour un profane et d’avoir vu “Etre et Avoir” mais aussi un autre film qui se déroulait en campagne dans une classe unique, je ne me souviens pas du titre.

        Ces écoles sont peu connues (il me semble) parce qu’elles ont arraché leur statut par forte lutte et résistance, année après année, sans relâche. L’Education Nationale ne souhaite pas leur publicité pour éviter l’envie qu’elles s’étendent, enfin c’est une impression personnelle.

        Pour le groupe scolaire (2 maternelles, 2 élémentaires) dont je parle Soleil Bolivar 119 Avenue Simon Bolivar 75019, le cadre “école innovante” a été obtenu par refus de l’appellation ZEP que proposait l’Académie en 1984. Dans l’arrondissement il y a aussi l’école de la rue de Romainville (mais je connais peu). Par la suite cela a permis un aménagement du temps de la journée différent, une pause méridienne raccourcie d’une demi heure soit 1H30 de déjeuner avec ateliers récréatifs, fin d’école à 16h00, et aussi de 16h à 18H une offre élargie d’ateliers hebdomadaire, 40 ateliers en périscolaire gérés par 2 associations, les ateliers bleus et une association de parents l’ADSCE. Le projet est long à décrire dans sa globalité tellement il est riche, je m’arrête là pour aujourd’hui.
        Il n’y a pas de site d’école, il y a un blog de parents d’élèves mais qui n’est qu’une aide aux parents pour leurs démarches et connaissance de l’école et en rien un lien pédagogique, nous nous sommes parents, nous laissons le rôle pédagogique en toute confiance à la communauté éducative de l’école, c’est à eux qu’ils faudrait en parler, plus à même que moi.
        Je mets quand même l’adresse du blog (vous allez être déçu mais vous êtes prévenus) vous pourrez ainsi signer notre pétition de demande d’ouverture si vous souhaitez nous soutenir :
        http://lesparentssoleilbolivar.wordpress.com

        Il est vrai que ces écoles coûtent un peu plus chères. De l’aveu même de l’adjointe au Maire de M. Delanoë, Mme Colombe Brossel (en apparté lors d’une rencontre ces derniers temps : les rythmes) : “très bien votre école, une exception ! Impossible à généraliser, trop chère”, Entre nous je crois que cela serait bien moins chère que la réforme des rythmes.

        Quand je dis : “loin des classes unique”, c’est plutôt à regret, ne pouvant que constater l’accroissement démentiel des établissements scolaires en ville, le devenir, je le sais bien. Notre école connait un afflux de CP entrant pour la rentrée prochaine, nous nous battons depuis 2 ans pour ouvrir des classes, les CP sont prévus à 33 par classe mais pourtant l’Académie refuse l’ouverture, le seuil étant à 28 enfants par classe. Cette ouverture est incontournable, indispensable mais c’est aussi l’école qui s’agrandit. Donc j’entends doublement l’argument l’école à taille humaine.
        Ce n’est pas un sentiment d’infériorité, la Ville de Paris est pressée par le temps pour la mise en place de la réforme à la rentrée prochaine, ne souhaite pas accorder de dérogation d’aucune nature, par exemple la pause méridienne doit faire 2H00 pas 1H30, ils n’ont pas le temps d’aménager en plus en toute hâte les cas particuliers donc ils les suppriment, la pause sera de 2h00 un point c’est tout. Mais pour tous 1H30 de pause, quel confort, une baisse exemplaire de violences dans la cour par exemple.

        Ai-je bien répondu aux questions ? Je plaisante !
        Cette école c’est un exemple de communauté harmonieuse et d’une plus grande réussite, un vrai lieu de vie, où les parents passent la porte et rentrent, en premier grâce aux directions particulièrement la directrice de l’école élémentaire B 119 Avenue Simon Bolivar.

  4. Paul Noel

    Sauver le soldat “classe unique”
    Si par hasard ou par miracle l’idée de protéger les dernières classes uniques pour au moins les “observer” était retenue, qu’est-ce que d’après vous l’administration devrait observer ?

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      Ce n’est évidemment pas l’administration qui aurait compétence pour être le regard de l’observatoire. La seule observation sérieuse et officielle qui a été faite d’une école Freinet (celle de Mons en Bareuil) l’a été faite pendant 5 ans par une équipe pluridisciplinaire de l’université de Lille. D’ailleurs, contrairement à ce que dit Adrien (bassiné par les CU) ci-dessus,dans la plupart des pratiques classes uniques restantes il y a beaucoup d’éléments de la pédagogie Freinet et des pédagogies actives si ce n’est tous… et d’autres.
      Dans ce regard à porter, je suggérerais à ce très hypothétique organisme d’y rechercher ce qui ne s’y fait pas et que les autres font ! C’est toujours en déportant son regard qu’on découvre !

  5. Pierre Cuomo

    Sauver le soldat “classe unique”
    Je m’interroge : finalement la grosse différence entre une classe unique “campagnarde” et 4 quintuples-niveaux dans une seule école “urbaine”, c’est l’impossibilité pour la première de fonctionner autrement qu’en multi-âge ainsi que la très grande liberté (comme vous disiez) accordée à l’enseignant qui se retrouve seul maitre à bord.
    Bien qu’il ne me déplairait pas de me retrouver dans une classe unique au fin fond d’une bourgade de 300 habitants (encore qu’échanger avec des collègues animés du même souci d’améliorer l’existant serait extrêmement riche), j’en viens à me dire que pour promouvoir une vision alternative de l’école, il vaudrait mieux concentrer nos efforts sur la création de classe multi-âge (à double, puis triple, quadruple … niveaux) au sein de “grosses écoles”.
    Il serait difficile alors d’y opposer le “cui-cui des oiseaux et la mare au fond de la cour” comme conditions nécessaires.
    Qu’en dites-vous ?

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      C’est vrai que toute classe multi-âge urbaine correspond à un choix délibéré. Vous avez raison, ce choix est toujours possible, les cycles n’ont pas été abrogés même si jamais mis en avant. Une nuance en ce qui concerne les classes à deux niveaux : Les travaux de Bruno SUCHAUD (2007, IREDU, Université de Bourgogne) portant sur les classes à double niveau d’une circonscription (rural et urbain) ont montré que le double niveau n’a pas d’effets sur les résultats. Cela s’explique : le double niveau permet le maintien d’une pédagogie traditionnelle tout en diminuant l’efficience. C’est à partir de trois niveaux que les effets se font ressentir, ce qui confirme les travaux d’Oeuvrard et de Mingat (90, 93) et les rapports de Ferrier et Le Bossé (93, 95) .

  6. alphonse

    Sauver le soldat “classe unique”
    Si on considère les résultats des classes uniques non pas par rapport aux dispositifs d’évaluation interne au système scolaire mais par rapport au parcours scolaire des élèves(le niveau de scolarité final). Les résultats des écoles rurales (classes uniques comprises) dans leur ensemble sont plus mauvaises que les écoles urbaines toutes choses égales par ailleurs.
    On explique cela souvent par un certain pragmatisme dans le choix de l’orientation ou un certain manque d’ambition… mais cela reste de l’interprétation. Je pense qu’une école “qui marche” est une école qui permet d’influencer les trajectoires sociales, en cela l’école rurale fût-elle à classe unique, échoue. Inutile de se cacher derrière le désir, l’épanouissement de soi et autre affaire de goût (pour les études dans ce cas), nous savons ce que cela cache.

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      Les ruraux directement concernés pourront répondre à votre propre interprétation.

      • alphonse

        Sauver le soldat “classe unique”
        heu… “Les ruraux directement concernés” instit en Creuse et aujourd’hui en Auvergne… (d’où je parle comme disait les maos…s’il faut en passer par là!) mais c’est un peu court. En quoi le problème de l’orientation des élèves en milieu rural ne t’intéresse pas me laisse … perplexe. Pour ma part, voir des générations d’élèves avec qui je suis resté en contact (un des intérêts de la ruralité) en CAP où dans les lycées techniques m’a toujours interrogé. La littérature (pas assez nombreuse) sur le sujet n’a malheureusement que confirmé mon impression.
        pour info http://www.insee.fr/fr/insee_regions/basse-normandie/themes/dossiers/territoires_ruraux/pdf/trajectoires_scol.pdf
        http://media.education.gouv.fr/file/revue_77/23/3/4_45233.pdf
        et on pourrait multiplier les références.

        Je n’interprète rien je constate.

        La classe multi-âge peut chercher des arguments du côté de Freinet, de Don Lorenzo Milani, et certainement du côté des écoles INRP du temps des expérimentations de Louis Legrand, voir de Vygotski mais malheureusement elle n’impacte pas, dans le milieu rural, le cursus scolaire des élèves (on peut le regretter mais pas le nier).

        • Bernard Collot

          Sauver le soldat “classe unique”
          Je laisse les ruraux et autres répondre, non pas que cela ne m’intéresse pas mais pour ne pas mobiliser les commentaires à moi tout seul.
          – j’ai suivi et continue de suivre (j’ai 73 ans) le cursus les élèves que j’ai eus pendant une quarantaine d’années en une classe classe multi-âge (7 à 14 ans) et une classe unique. C’était la seule façon d’évaluer les résultats de mes pratiques et cela l’est toujours. Leurs parcours n’ont rien à envier à ceux des villes !
          – Les statistiques auxquelles tu fais référence sont celles du milieu rural en général, pas des classes uniques. Tu peux prendre si tu veux des statistiques sur des territoires périurbain ou sur le XVIème à Paris et tes constats seront différents mais tu ne pourras pas les imputer à la forme des structures scolaires, encore moins aux classes uniques, vu leur nombre microscopique.
          – Le sujet est intéressant (en particulier comment on peut évaluer les effets de structures et de pratiques à long terme… et des critères à choisir) mais ce n’était pas celui du billet : est-ce que cela vaut la peine de protéger les dernières classes uniques qui existent (quand parents, villages, enseignants sont demandeurs) ou en quoi cela dérange vraiment ?

  7. Valérie Guiffrey

    Sauver le soldat “classe unique”
    Pour notre école parisienne, le double niveau n’est pratiqué qu’en dernier recours pour alléger des classes surchargées, ce que nous n’avons pas pu faire cette année chaque classe étant déjà trop surchargée.

    Non je pensais au projet pédagogique mis en place par les directions et enseignants, le lien par la culture pour favoriser, l’envie d’apprendre, le partage qui ainsi favorise du lien entre tous, pour se connaître, se respecter, s’apprécier. Le projet repose sur un axe majeur de transversalité de la maternelle à l’élémentaire par la culture (et cette année nous avons travaillé le lien avec les collèges afin de le renforcer et permettre un échange, enfants, parents, enseignants toutes structures), le projet en 4 points, exemple : la littérature (échange entre les écoles avec choix d’auteur en début d’année, lecture des enfants de primaire aux enfants de maternelle, création d’ateliers lecture par les enfants de primaire pour les mater régit par les enseignants, intervention de l’association “Lire c’est partir”, rencontre lecture à la mairie de l’arrondissement), aussi un axe grandeur et mesure (mathématique avec échange pareil et ateliers), ce qui suit est le début officiel du projet plus simple comme descriptif que tout ce que je pourrais rédiger.

    Une plus grande capacité pour nos élèves de fixer les apprentissages et les rendre performants en s’appuyant sur un fond patrimonial et culturel plus vaste et plus stable.

    Elargir les compétences des élèves, y compris langagières dans le domaine culturel, scientifique et citoyen.

    Une plus grande dynamique de communication et d’information vers les familles en particulier celles dont les enfants éprouvent des difficultés à réussir.

    Action n° 1

    Littérature de jeunesse, accès à l’écrit
    Se constituer un référentiel littéraire commun

    Action n°2

    S’approprier un lieu culturel, établir des liens entre le quotidien et l’art, se constituer un référentiel culturel et patrimonial .

    Action n°3

    Cinéma : éducation à l’image, support aux activités de langage par une programmation adaptée.

    Action n°4

    Dans le cadre des animations du conservatoire municipal du 19e et dans le respect des programmes de l’école maternelle, une initiation à la musique et au chant choral.

    Action n° 5

    En s’appuyant sur les actions précédentes, créer une dynamique d’information et de partage des connaissances et des pratiques tout au long du cycle, voire des cycles dans le cadre d’un projet de groupe scolaire.

    Action n° 6

    De la même manière, en s’appuyant en particulier sur l’action 2 créer une dynamique d’information et d’échanges en particulier en direction des familles dont les enfants ont du mal à réussir.

    Tout ceci pour dire qu’il me semble qu’en dehors de la structure de classe, unique ou pas le projet pédagogique qui accompagne est essentiel et c’est là où je rejoins M. Collot quand il parle de projet centré sur la communication, son approche me paraît (mais sans l’avoir pratiquée) probante et à terme performante. Il n’y a pas qu’un chemin qui mène à Rome ! Et le système actuel en place n’est pas loin du bourrage de crâne plutôt que de l’ordre de l’appropriation de connaissances et de savoir pour devenir citoyen responsable en total libre arbitre. Enfin cela reste qu’un avis, le mien.

  8. Morand Charlotte

    Sauver le soldat “classe unique”
    Institutrice, à la retraite de puis…. longtemps, j’ai toujours enseigné en classe rurale, classe unique ou à deux niveaux.
    Ce parcours professionnel m’a permis de constater, essentiellement, que les enfants s’épanouissent mieux quand ils sont “connu”: uns instit en rural connaît les enfants bien avant qu’ils ne soient scolarisés, ce qui permet de mieux les accueillir chacun avec sa personnalité.

    Par ailleurs, les enfants s’imprègnent de ce qu’ils entendent dans les différents niveaux.

    La classe unique, ou à deux niveaux, permet aussi à l’enseignant de s’adapter : ce qui n’a pas été acquis – ou insuffisamment – cette année est repris l’année suivante pour être consolidé. tout bénéfice pour l’enfant

  9. Nicolas

    Sauver le soldat “classe unique”
    Instit en classe unique depuis septembre 2012, l’école tourne parfaitement, les résultats sont positifs, il n’y a aucun souci de discipline, les parents sont présents et investis dans leurs rôles… je suis présent pour septembre 2013 …

  10. Anonyme

    Sauver le soldat “classe unique”
    L’innovation pédagogique n’est-elle pas simplement à redécouvrir par la richesse du milieu de Culture qu’offre nécessairement une classe mixte et hétérogène. Arrêtons le massacre dû à l’excès d’égalitarisme, de conformisme, de programmatisme… de nos classes formatées qui ne conviennent à aucun élève, parce qu’aucun n’est issu, ni ne rentre, ni ne se construit, ni ne se renforce… dans un même moule prévu pour tous. Vivent les classent uniques ! Vive la vie !

  11. Francesco LEPERA

    Sauver le soldat “classe unique”
    Je suis enseignant en classe multiâge depuis 6 ans, à Creil (60), en ZEP urbaine. Depuis l’an dernier, je n’ai pas de CP, pour une question d’équilibre des effectifs sur l’ensemble des classes de l’école (13 classes + 1 CLIN). Quelques avantages en vrac à être en multiâge :
    – gain de temps en début d’année car le nombre de nouveaux élèves est réduit ;
    – meilleure connaissance des élèves par l’enseignant sur 5 ans, suivi simplifié ;
    – pour les plus petits, familiarisation précoce avec les compétences des plus grands ;
    – pour les plus grands, fixation améliorée des compétences quand il s’agit de les “transmettre” aux plus petits ;
    – respect des rythmes d’apprentissage des élèves (exemple en CE2 : un enfant avançant vite dans un domaine trouvera des activités de CM1-CM2 dans la classe, un enfant en difficulté dans un domaine trouvera des activités de CP-CE1 dans la classe) ;
    – gestion de l’hétérogénéité, qui existe en réalité dans toutes les classes (même avec un seul niveau), comme une richesse, et non comme une insupportable contrainte ;
    – évolution progressive des enfants, sur 5 ans, vers un statut de “grand de la classe”, dont je constate, année après année, qu’elle entraîne une maturation dans la prise d’initiative, l’autonomie, la prise de parole, le travail à plusieurs ;

    • Anonyme

      Sauver le soldat “classe unique”
      Complètement d’accord avec les arguments avancés par Francesco Lepera. Je suis enseignante en classe mufti-âge depuis……
      Cette année, j’ai renoué avec le CP lié à la maternelle. Quel bonheur! et quelles avancées extraordinaires pour les plus jeunes!
      Par ailleurs:
      – mes trois premiers enfants ont fait toute leur scolarité primaire en classe unique et ont également fait des études secondaires longues, comme le plupart de leurs camarades. La vraie difficulté, c’est plutôt l’envie (ou plus exactement la non-envie) de s’éloigner du territoire sur lequel ils ont grandi et se sont épanouis.
      – s’ il subsiste peu de classe unique, en revanche il y a un nombre important d’écoles à 2 ou 3 classes qui sont confrontées aux classes multi-âge et dont les enseignants sont très heureux et y trouvent de nombreux avantages. C’est mon cas. La classe unique me ferait très peur; l’école à 2 classes me plait beaucoup, avec 4 “sections”; J’y vois l’énorme avantage de travailler en équipe, de pouvoir échanger, décloisonner, mixer les groupes, etc….
      Ce qui me parait en outre essentiel, c’est de défendre l’école de proximité et d’arrêter de fourrer nos enfants dans des bus ou taxis pour les emmener vers une école de ville ou de canton, au prétexte qu’elles sont plus modernes ou plus vivantes.

  12. Marc

    Sauver le soldat “classe unique”
    Je suis instit en classe a plusieurs niveaux depuis toujours. Dans une école à taille humaine où tous les enfants se connaissent.
    Même si nos pratiques sont différentes entre collègues cela n’empêche pas les échanges qui enrichissent mutuellement.
    Jai eu la chance de travailler assez longtemps dans l’enseignement spécialisé où finalemnt chaque enfant est un cas singulier. Puis étant revenu dans l’enseignement ordinaire, je tente chaque année de considérer ma classe comme unique. Où les enfants s’apprennent mutuellement , échangent, communiquent, cherchent font des trouvailles, se posent des questions… trouvent des réponses…
    Dans une classe unique comme je pense dans toute classe, cela se passe.
    Biensûr qu’il faut maintenir les classes uniques parce qu’elles sont uniques, interrogent toutes les personnes qui entrent dans cette école qui en sortent qui y vivent, qui y ont vécu. Elles peuvent répondre à une logique de territoire géographique, et là les élus, les parents pourraient prendre position.
    Ce serait aussi très instructif d’avoir la position de toutes ces personnes qui vivent dans ce milieu: élus, parents, anciens élèves passés par ces classes, élèves actuels qui pourraient éclairer la lanterne avec un autre regard, que celui de professionnels le plus souvent…
    Biensûr que les classes uniques doivent subsister dans le paysage de l’école. J’y mettrais un bémol tout à fait personnel: celui du nombre d’enfants; il me semble en effet que pour un certain dynamisme d’échanges entre les enfants un certain nombre soit nécessaire. Je dirais entre quinze et vingt. Mais c’est tout à fait subjectif mais vécu.

  13. Plasman Laure

    Sauver le soldat “classe unique”
    Ce serait trop simple, s’il y avait seulement UN “responsable” de la disparition des classes uniques…
    Malheureusement, tous les enseignants ne les défendent pas, et pour cause!
    La majorité des enseignants met en place une pédagogie tradi, fondée sur un enseignement magistral dispensé unilatéralement et de la même façon à tous les élèves, inapplicable en classe unique. Cela leur semble tellement impossible à mettre en place, cela les effraie tellement, qu’ils préfèrent voir des classes uniques se transformer en RPI avec des classes à 2 niveaux maximum, plutôt que d’imaginer d’autres façons de travailler. Si on commençait par leur faire prendre conscience qu’il y a d’autres façons de “faire”, si on ne les formait pas à un seul certain type de pratiques, ils ne craindraient plus les classes uniques.

    Je ne leur jette pas la pierre pour autant, j’ai fait partie de ceux-là, à mes débuts. Aujourd’hui, pour avoir mis en place d’autres pratiques, je rêve d’avoir une classe à multi-âges.Nous sommes quelques-uns, dans notre département, avec cette volonté de créer des classes de ce type. Ce n’est pas l’administration qui nous en empêche… mais bien les collègues…qui, effrayés eux-mêmes à l’idée de “ne pas y arriver”, instillent chez les parents l’idée que ce ne serait pas bénéfique pour les enfants.
    Nous avons donc bien un serpent qui se mord la queue: les parents croient que les résultats en classe unique sont “moins bons”, parce que les enseignants ne savent pas “enseigner” en classe unique, parce que l’Education Nationale ne perpétue qu’un certain type de pédagogie, parce que…

    DONC, OUI, il faut sauver les classes uniques, en aidant les enseignants à ne pas en “avoir peur”, en les aidant à s’affranchir des pédagogies tradi., en démontrant aux parents que les résultats ne sont pas “moins bons” mais bien souvent meilleurs, que leurs enfants ne seront pas “défavorisés” dans ces classes.

    Sur le RPI de mon domicile, écoles où vont mes enfants, qu’est-ce qui empêcherait que les 3 écoles soient transformées de nouveau en classes uniques? Je poserai la question au prochain Conseil d’école et j’attends de voir ce que répondront les élus, les enseignants et les parents… Peut-être faut-il d’abord jeter un pavé dans la mare pour faire germer des idées…?

    • Marc

      Sauver le soldat “classe unique”
      Je suis absolument d’accord avec toi, Laure. Je pense aussi que c’est un problème de formation initiale. J’ai eu la chance il y a une trentaine d’années d’avoir choisi un module de formation “multi-niveaux” à l’école normale de Vannes initiee par notre prof de ce qu’ils appelaient à l’époque “psycho-pédagogie”. Quatre semaines d’immersion en écoles rurales du Morbihan: un boheur partagé par les instits qui nous recevaient; un monde d’écart avec les écoles d’application rattachées aux écoles normales. Ca a été un déclic pour la dizaine de normaliens à avoir choisi ce module. D’ailleurs on se revoit encore. Les instits que j’ai rencontrés à cette époque dégageaient une force pédagogique impressionnante, militants Freinet pour beaucoup scrupuleux des techniques d’expression de correspondance, decréations, de bricolage, d’observation, d’expérimentation… et j’en passe m’ont certainement influencé dans ma pratique. Comme quoi les passeurs quels qu’ils soient sont importants. Si la formation initiale ne propose pas aux étudiants ou aux enseignants en fonction des immersions dans ce type d’école, de classe, il y aura peu d’évolution du système. Dans notre pratique, nous ne sommes pas exemplaires à tous points de vue; mais accueillir chaque matin ce qu’apportent les enfants en classe, leurs événements, leurs objets, leurs présentations est très riche pour l’expression et très souvent c’est imprévisible. Je suis convaincu que dans ce type de classe et donc de pratique la part du maître est prégnante. Il faut garder à l’esprit qu’on enseigne ce qu’on est avec toute notre personnalité, toutes nos valeurs, avec souvent un idéal…Les classes uniques sont des lieux qui doivent rester des poumons pour faire respirer le monde rural qui a besoin de souffle. Que vivent les classes uniques!!

  14. Sylvain

    Sauver le soldat “classe unique”
    Bonjour,

    j’enseigne en classe unique depuis septembre 2011 et j’espère pour de longues années encore. Depuis cette date mes pratiques ont totalement évolué et tant mieux. Avant j’avais très souvent l’impression de “trainer” les enfants à l’école et dans cette classe unique qui m’a forcé à changer, les enfants sont heureux de venir à l’école et ça ça n’a pas de prix. Les parents sont investis dans l’école et de plus les élèves arrivant au collège se débrouillent largement aussi bien que les autres (sur 5 6ème cette année 4 ont eu des félicitations aux deux premier trimestre).

    Bref sauvons les classes uniques.

    • Remi

      Sauver le soldat “classe unique”
      Bonjour,
      enseignant , travaillant dans le spécialisé (pas forcément par choix mais voulant une classe, je n’ai pour le moment pas d’autres choix car je suis trop jeune dans le métier), je défends les classes uniques pour de multiples raisons :

      – elles permettent plus facilement à chacun de trouver une place, et ainsi de se construire en tant que personne

      – l’aide se fait de manière naturelle

      – l’enseignant est amené à revoir ses pratiques (il ne peut plus proposer à tout le monde la même chose, au même moment , de la même manière,… à croire que chaque être apprend de la même façon…)

      – les élèves deviennent plus facilement responsables (on est bien obligé de toute façon sinon on se tue à la tache…) et autonomes

      – on est obligé (si on veut s’en sortir) d’individualiser, donc on tient compte de là où en est l’élève (on ne fait pas le programme dans u certain ordre à tout prix!!)

      – les élèves regardent ce que font les autres et certains apprentissages ont lieu comme par magie (dés fois, les élèves ne sait pas au début de l’année faire une multiplication par exemple, et sans que je lui enseigne, peut être parce que je l’ai enseigné à un autre, il va apprendre cette technique…)

      – une culture de classe s’installe, et tout n’est pas à refaire au mois de Septembre.

      – On possède plus de temps pour s’occuper des élèves en difficul
      ……….

  15. Huguet Roland

    Sauver le soldat “classe unique”
    Bonjour Instit rural depuis 30 ans maintenant dont 16 passés en classe unique et là maintenant en école à deux classes multiniveau du CE1 au CM2. Je lis les divers commentaires et certains me hérissent! Tout d’abord les classes uniques ont été taxées de mauvais résultats, puis des études ont montré le contraire (je ne vais pas revenir sur ce que Bernard a écrit) ensuite on nous a attaqué sur le volet “les mômes en petites structures scolaires rurales sont moins bien développés au niveau sociabilisation que leurs camarades urbains là ” là encore il a fallu démontrer que les pratiques coopératives étaient très souvent mises en place dans ces petites écoles et que ça fonctionnait même plutôt bien: moins d’accidents scolaires par exemple! (ça aussi il faudrait le montrer! Jamais de déclaration d’accident en 30 ans de carrière! ) ensuite on nous a balancé à la figure que les élèves issus des petites écoles n’avaient pas d’ambition de réussite( là j’ai lu ce type de commentaire) c’est quoi la réussite? J’ai quelques élèves qui voulaient devenir agriculteurs , et alors? A qui cela pose un problème? Avoir un CAP de menuisier et avoir du boulot c’est peut-être mieux que BAC+ 7 et être au chômage non? J’ai moi aussi suivi quelques élèves post classe unique: il y a une constante ils ont des métiers en rapport avec les milieux artistiques, sociaux, artisans d’art , juriste (issu d’une famille particulièrement défavorisée entre autre!) Alors arrêtons de dire que les classes uniques ne favorisent pas l’épanouissement personnel. Ensuite on nous a dit que les instits qui étaient dans ce type de classe marquaient fortement de leur empreinte la vie de l’école et que le jour où ils s’en allaient tout ce cassait la figure: et alors? Ne serait-ce pas un problème de formation initiale? Pourquoi la question du multiniveau n’est jamais abordé en formation initiale? En ce qui me concerne j’ai fait en sorte qu’il y ait un tuilage, je ne me suis jamais considéré comme indispensable et mon ex classe unique existe encore ‘l’Ecole Philippe Monnet au Crozet dans la Loire! La continuité a été bien assurée. Voilà alors arrêtons de chercher sans arrêt des raisons pour fermer ces petites écoles qui sont devenues autre chose que des écoles: des vrais lieux de vie dans un village, à taille humaine dans lesquelles les enfants s’épanouissent à leur rythme et qui ont une véritable identité aux yeux des enfants: moi quand ils ont voulu la fermer ‘Le Crozet” mes élèves pleuraient! Ce sont des lieux où les enfants ont de l’espace, où ils peuvent organiser leurs apprentissages, où ils peuvent prendre le temps, où les rythmes n’ont jamais eu besoin de réforme ou de loi de refondation! Arrêtons de tirer sur le soldat “Classe Unique”! Tout ça parce que l’on coûte soi disant cher à la nation vu que nous n’avons que 16 élèves alors qu’ailleurs ils sont à 30 par classe (c’est ce que m’avait dit mon IA quand il voulait fermer Le Crozet!) Voilà en fait ce ne sont que des arguments financiers qui sont derrière tout cela! Il est vrai que les syndicats enseignants ont toujours milité pour une classe – un niveau! et que les collègues n’avaient pas de billes pour gérer plusieurs niveaux. Moi c’est la classe unique qui m’a fait évoluer vers une pédagogie Freinet, vers des prises de responsabilités de plus en plus importantes par les élèves. Je suis convaincu que le multiniveau et la petitesse de la structure ont aidé des élèves qui auraient été en grande difficulté dans de plus grosses structures scolaires. Mais cela demande une formation, un investissement que peut-être aujourd’hui les enseignants ne sont plus prêts à mettre en oeuvre, c’est en ce qui me concerne un choix de vie et une philosophie de vie que d’être instit en milieu rural dans une petite école. Jamais je n’irai dans une grosse école que ce soit de campagne ou de ville, de toutes les façons je serai vite invivable car je tiens trop à ma liberté d’organisation! Oui il faut les sauver, oui il faut les observer (mais pas comme des bêtes curieuses ou des dinosaures à la être et avoir! Philibert devait venir tourner chez moi aussi ). Au plaisir de vous lire!

  16. Mady

    Sauver le soldat “classe unique”
    Les enfants en classe unique sont là pour 6 ans, ils s’investissent dans leur classe: c’est LEUR classe. Le fait aussi qu’ils soient d’âge différent est une grande richesse: l’entraide, la coopération, le tutorat sont une évidence.
    Ces enfants là n’ont aucune difficulté au collège, ils ont acquis une autonomie et une organisation dans leur travail et leurs apprentissages.
    Au lieu de vouloir les supprimer, il faudrait peut-être au contraire se servir de ces expériences. Déjà des écoles, dans des quartiers difficiles, ont fait le choix de proposer des classes multi-niveaux…
    Je pense que la classe unique n’est pas un système archaïque mais une chance pour l’avenir.

    • Clothilde Lauvergne

      Sauver le soldat “classe unique”
      Mes enfants s’épanouissent dans leur classe à multi niveau, à tel point que ma fille a sauté une classe et est passée d’une classe de 20 élèves du CE2 au CM2 à un collège de centre ville où elle a montré sans problème qu’elle était autonome et débrouillarde. Elle a eu d’excellents résultats et s’est adaptée sans aucune difficulté à sa sixième… Et je pense vraiment que c’est grâce à cette école rurale dans laquelle elle a y a tout appris, tolérance, indépendance, autonomie et écoute des autres.
      Une vraie réussite !….

  17. Huguet Roland

    Sauver le soldat “classe unique”
    Un autre commentaire me vient à l’esprit aussi: on m’a souvent dit que dans les classes uniques il n’y avait pas “d’émulation pédagogique” à cause du faible effectif: parce qu’à 30 par classe ça émule mieux? Tout cela dépend de la façon que l’on a d’aborder la classe multi-âge, je ne me suis jamais senti isolé, abandonné, loin de tout dans ma classe unique ou dans ma petite école parce que l’information y a toujours circulé, parce que nous avons toujours correspondu avec d’autres écoles, parce que nous avons toujours été ouverts sur le Monde. Certains vont me dire “mais pourquoi en es tu parti si c’était si bien que ça?” Hé bien parce qu’à un moment donné il n’y avait plus que l’école dans ma vie, que je ne faisais plus que ça , l’école étant ouverte 7j/7 quasiment, dons à un moment il faut penser un peu à soi surtout quand la 40 aine arrive!!

    • Nicolas

      Sauver le soldat “classe unique”
      Les classes uniques…
      Pourquoi je les défends… Tout simplement car je n’ai connu que ça en tant que professionnel ( je travaille dans le spécialisé avec des enfants entre 6 et 12 ans), que j’ai vu ce que l’entraide, la coopération, la liberté,…et surtout la reconnaissance de soi en tant que personne (et non en tant qu’élève) pouvait apporter à ces enfants en difficulté. Certains me diront que l’école n’est pas là pour “guérir” ces élèves, ce qui est vrai. Mais elle n’est pas là pour les détruire non plus et quand on voit la multiplication des clis, Itep, Ulis, Rased, …aides en tout genres on peut s’interroger à juste titre sur l’efficacité réelle de l’école. Et ce n’est pas parce que quelques uns arrivent à s’en sortir qu’il faut continuer comme cela, bien au contraire …
      Je suis d’accord avec Roland quand il affirme que c’est la dimension humaine de la structure qui induit beaucoup de comportements. Et aussi quand il affirme qu’il faut se former, échanger, prendre des initiatives… et tout cela sur son temps personnel. Ça peut faire peur à nombre de collègues mais une fois lancée, difficile de s’arrêter, car la vie prend en général un autre sens…
      Les classes uniques, même si certains pratiquent de façon traditionnel, permettent à l’enfant de se sentir en sécurité d’une année sur l’autre, il connait les leiux, il sait comment la classe fonctionne, il sait ce qui va se passer, ce qui est autorisé,…Il avance plus sereinement, à son rythme et non au rythme du programme.
      Alors ne fermons pas les classes uniques sous prétextes qu’il faut faire des économies mais regardons les peu plus près pour voir comment elles fonctionnent.

      • Nicolas

        Sauver le soldat “classe unique”
        Une autre remarque,
        dans les classes uniques, on dispose…de TEMPS ! Du temps pour que les enfants s’imprègnent d’un fonctionnement, du temps pour apprendre, du temps pour se connaitre…Et ce temps qui est perdu en début d’année ne l’est plus les années suivante!

  18. Lacaze Muriel

    Sauver le soldat “classe unique”
    Merci Roland Huguet! Mon coeur de maîtresse en classe unique depuis 7 ans (7 niveaux, 22 élèves) bondit de joie à la lecture de votre mot!!!
    Je serai heureuse que mes élèves actuels deviennent des agriculteurs épanouis, ou des coiffeuses à domiciles actives et joyeuses plutôt que des cadres aigris. S’ils deviennent des cadres qu’ils aient choisi cette voie et qu’ils en soient pleinement satisfaits.

    Pour parler de socialisation, je constate que mes élèves se comportent avec bien plus de savoir vivre en société que des enfants fréquentant une école “classique” : ils sont moins bagarreurs, ils ne se moquent pas des plus petits, des enfants “différents”, ils me demandent plutôt pourquoi ces enfants sont violents ou différents. Qui a un problème de socialisation?

    Pour ce qui est des résultats, je n’ai certes pas le recul de Bernard Collot (je n’enseigne que depuis 11 ans), mais je constate que les élèves qui sortent de ma classe unique et que je considère comme un peu plus “fragiles”, s’en sortent finalement très bien au collège. Ils sont très nombreux à participer aux ateliers théâtre, musique, littérature….
    Et s’ils manquaient de livres à la maison, c’est mon métier de les leur amener, de les leur faire aimer et lire.

    Je rejoins aussi Franscesco Lepera, je pense que d’entendre en maternelle ce que j’apprendrai en CE2, et de ré-entendre ce qui se dit pour les CE1 en CM2, par exemple, renforce les connaissances.
    En tant qu’enseignante, je me dis que les enfants ont 7 ans pour acquérir des “compétences”, “savoir-faire” et “savoir être”, donc personne n’est pressé.
    Les enfants s’entraident en classe, ils ne sont pas en compétition, ce qui permet d’apprendre dans un climat serein.
    Et finalement je n’ai pas 7 niveaux mais 22. Je connais déjà les petits frères et soeurs qui viendront certainement dans ma classe dans quelques années, les nouveaux sont guidés par les anciens (même par les grandes sections) avec bienveillance.

    Chaque enfant est unique, toutes les classes devraient être uniques!

  19. Olivier

    Sauver le soldat “classe unique”
    Il ne faut pas non plus ce voiler la face et pas trop exagérer…

    La société a évolué et nous avec, alors, pourquoi vouloir faire à tout prix, du temps des cavernes, une panacée universelle…

    Je ne m’image plus, comme je l’ai fait, enseigner dans une classe unique, où chaque matin tu allumes le feu de bois et que durant la journée tu n’oublies pas d’y remettre les bûches que les élèves vont chercher au bûcher… dans ton école à classe unique mitoyenne à la mairie et au temple… C’est une merveilleuse image d’Epinal, pleine d’étoiles dans les yeux …
    La société a bien changé et nos attentes aussi…
    il n’y a pas que dans les classes uniques que les enfants s’épanouissent et ont beaucoup de savoir vivre etc….comme j’ai pu le lire dans certains commentaires…

    Mais si vous avez le choix entre mettre votre enfant en classe unique ou dans une école publique “Camif-Vidal-Dalloz”, que feriez-vous??? Par expérience, pour en diriger une, je peux vous garantir que les grands défenseurs des classes de “ZEP” ou rurales préfèrent pour leurs enfant, l’école “Camif-Vidal-Dalloz”…
    L’âge de pierre est terminé…
    Bon week-end à vous tous…

    • Florian

      Sauver le soldat “classe unique”
      Pour ta gouverne, cela fait belle lurette que les poêles à bois ont été remplacé par des chauffages dignes de ce nom et que les tablettes numériques ou Tableau interactif ont remplacé les ardoises à craies. Et puis, on ne dit pas “ZEP”, c’est un terme moyenâgeux. De nos jours, nous employons les termes APV, RAR, CLAIR, ECLAIR… Bref… je ne vais pas polémiquer avec toi. Ton idée est déjà forgée. C’est dommage d’être à ce point assis sur ces idées alors que nous sommes censés être des praticiens réflexifs qui s’interrogent et se remettent sans cesse en question.
      Pour ma part, je suis en RPI. Je suis seul dans l’école. Une classe à deux niveaux, seulement. Pourquoi seulement ? Parce que je rêve d’une classe unique dans laquelle les enfants auraient le temps d’apprendre, le temps de grandir. Un jeune enfant qui débarque dans une telle classe qui “tourne” n’a plus qu’à observer et se laisser entraîner par la vague. Les plus grands servants de modèles, d’exemple à suivre. Une classe dans laquelle l’écrit (et l’acte de lire) est partout, dans laquelle l’écrit fait sens (publication de journal, blog, minilivres, messagerie électronique…). Le jeune “écolier” a tellement envie de faire comme les grands qu’ils va se donner les moyens d’accéder à ce langage (lire-écrire).
      Je ne garde les enfant que deux ans. Je leur apprends à se servir d’un PC, d’un scanner, d’une photocopieuse, … Puis, au bout de deux ans, ils s’en vont… Et je dois recommencer avec les “nouveaux”. C’est long ! Dans une classe multi âge, ces savoirs faire se transmettraient tout naturellement sans mon intervention.
      J’aurai bien d’autres exemples. Lorsque je m’interroge sur une problématique de classe, la réponse est bien souvent : “Ah!!! si je les gardais 4 ou 5 ans, le problème ne se poserait même pas !”
      C’est pourquoi nous avons l’intention de (re)créer des classes multi âge dans nos RPI sans pour autant revenir aux classes uniques. Au niveau des normes pour les maternelles, de la situation géographique de la cantine, nous devons garder notre RPI. Par contre pour les classes de deux des trois villages du RPI (une classe de CE1-CE2 et une classe de CM1-CM2), nous pouvons facilement créer deux classes de CE1-CE2-CM1-CM2. Reste à convaincre les parents et élus des bienfaits de telles classes.
      Il reste trois classes uniques dans mon département. Trop loin !! Dommage, ça m’aurait bien dit…

      • Olivier

        Sauver le soldat “classe unique”
        En quoi, ne pas être en parfait accord avec les classes uniques autorise certain à être insultant, même méprisant ???

        • Florian

          Sauver le soldat “classe unique”
          Tu as raison, pardon de m’être emballé. C’était déplacé. Ce n’est pas le fait que tu ne sois pas d’accord avec les classes uniques qui m’embête, au contraire, ça permet le débat. C’est ta manière de les aborder. Tu parles du poêle à bois et des images d’Épinal comme si c’était d’actualité. C’est facile de prendre une caricature pour critiquer une idée. Les classes uniques d’aujourd’hui sont quand même bien loin de ça. Parlons de celles qui existent aujourd’hui et non pas de celles qui existaient. Débâtons sur les faits actuels.

    • Gautreau Martine

      Sauver le soldat “classe unique”
      Classe unique jusqu’en 2008 et école à 2 classes depuis , l’école de La Puye bénéficie d’un vidéo pro interactif dans chacune de ses classes, équipement ENR (école numérique rurale avec net boock et valise de rechargement) et de 22 postes informatiques en tout pour un total de 50 élèves….on est loin de l’âge de pierre, non???
      Le mobilier est aussi issu de la camif.

  20. Philippe

    Sauver le soldat “classe unique”
    Si on avait le choix, et la connaissance de la manière dont les enfants se développent et apprennent, il est évident qu’on les mettrait dans des classes multi-âges.
    On sera même dans un avenir plus ou moins proche choqué qu’on ait pu les mettre à une certaine époque dans des classes avec des enfants du même âge. Cela nous apparaîtra complètement improductif, stérile, inefficace.
    Malheureusement, aucune étude n’est réalisée pour l’instant pour comprendre ce qui fait que les résultats dans les classes multi-âges (à partir de 3 classes d’âge) sont meilleurs, et meilleurs encore lorsqu’il y a 4, 5 et davantage de niveaux dans la classe.
    Pourtant, cette étude est possible puisqu’il suffirait d’observer les écoles qui n’ont qu’une seule classe. Aucun risque !
    Olivier, l’objectif n’est pas de promouvoir les écoles à une seule classe dans les villages reculés (personne veut défendre le poële à bois ni même l’image d’Epinal), mais d’avoir un observatoire de ces classes multi-âges, existantes de fait !
    Pour qu’ensuite, on puisse refonder l’école sur de bonnes bases à savoir : LE MULTI-ÂGE !
    Et, donc, mettre en place des classes multi-âge (3 niveaux minimum) dans toutes les écoles.
    J’espère Olivier que mon commentaire t’aura permis de mieux cerner le débat de ce billet.

  21. Huguet Roland

    Sauver le soldat “classe unique”
    Mais qui parle d’âge de pierre???Olivier! Moi mes enfants sont allés dans la classe unique, je ne les ai pas mis dans la “grosse école du village d’à côté” ! Regarde l’expérience de Sylvain Connac à Montpellier! Les résultats sont là et ce n’est absolument pas archaïque! On ne jure que par des gros ensembles maintenant: grosses écoles, grosses communautés de communes, eurométropoles et j’en passe! Plus ça devient énooooorme moins c’est gérable et plus l’individu est éloigné du centre de décision le concernant et tout ça au nom de la sacro sainte “Compétitivité”! C’est la même chose pour les écoles, dans l’acte IV de la loi de décentralisation ils parlent de “Communautés d’agglomérations éducatives” Voilà pourquoi ils ne veulent plus de classes uniques, ils veulent des élevages compétitifs!! Où va être la place de l’Humain dans tout ça? Alors oui si c’est pour défendre une certaine idée de l’école, oui je suis un préhistorique, si c’est pour militer pour une agriculture respectueuse de l’environnement : oui je suis un préhistorique, si c’est pour militer pour une certaine idée de l’aménagement du territoire oui je veux bien encore être traité de préhistorique ! Moi en tous les cas ce que j’ai pu vivre pendant 16 ans dans ma classe unique c’était tout sauf “être et avoir”, alors s’il vous plait sortons de ces clichés qui pour le coup sont parfaitement ringards! Les premiers à s’être lancés dans les échanges par télématique, puis internet c’étaient dans les classes uniques qu’on les trouvait , alors je peux vous dire que ça fait belle lurette que les classes uniques sont sorties de l’âge de pierre! Bon mais là n’est pas le débat, les clichés ont la vie dure! Le problème c’est que l’on a toujours voulu faire croire que c’était un modèle dépassé parce qu’il n’y avait pas de formateurs et donc de formation pour parler de la gestion du multi-âge et/ou du multi-niveau alors qu’il aurait fallu “simplement” permettre à des instits de classe unique de devenir des formateurs “spécialistes ” du multi-âge et du mutli-niveau. Je me souviens quand je suis arrivé à l’EN après une année de classe unique directement sans formation, les gars étaient bien embêtés pour m’expliquer le type de fonctionnement que cette structure demandait! Au Québec ,ils ont fermé les écoles de rang dans les années 60, c’était de petites structures scolaires type classe unique, pour en avoir discuté avec des collègues, l’Institution québécoise regrettait de les avoir fermées parce que les élèves se tapaient des heures de transport voir même parfois dormaient à l’école quand les conditions météo étaient dégradées! On devrait mener des études sur l’impact humain que les transports scolaires occasionnent chez les élèves d’âge primaire, sur l’accidentologie scolaire aussi des grosses structures. Bon je vais arrêter là car demain c’est la fête au village et l’école sera ouverte toute la journée à la population et les élèves présenteront leurs réalisations de l’année et des années précédentes, voilà c’est ça aussi les petites écoles rurales….

  22. Huguet Roland

    Sauver le soldat “classe unique”
    Réfléchissez comment les enfants apprennent à parler, à marcher ? Dans une famille avez vous donné des leçons à vos enfants pour qu’ils parlent, pour qu’ils marchent etc?? Ils ont appris tout ça parce qu’ils étaient confrontés à des plus grands qu’eux, parce qu’ils ont imité les postures, les attitudes, les apprentissages de leurs ainés!( Ecoutez Jean-Claude Ameisen dans son émission “Sur les épaules de Darwin”, il a parlé plusieurs fois de ces problématiques de l’apprentissage) Dans une classe multi-âge c’est ce qu’il se passe! Il y a des choses que les enfants apprennent sans que l’instit ait fait je ne sais quelle séquence ou leçon et c’est tellement vrai par exemple en lecture: ma collègue a deux petites qui sont en MS et GS et qui savent lire!!! Elle ne leur a jamais appris! Ni les parents! Alors??? Ce sont les interactions avec des plus âgés, la circulation de l’Information qui permettent aux enfants d’apprendre et ce genre de chose se fait naturellement parce que les humains pratiquent ça naturellement depuis la nuit des temps préhistoriques! Dans une classe unique ces réseaux de communication existent de fait, l’instit n’est juste là que pour favoriser la circulation des infos. On marche sur la tête en voulant regrouper les enfants d’un même âge dans un même lieu, au même moment.. C’est ça l’élevage.

  23. Cyriaque B

    Sauver le soldat “classe unique”
    Pour information voici une étude sur l’école des Bourseaux d’Olivier BRITO, sous la direction de Jacques Pain, décembre 2009

    Recherche action du CERIC
    « Centre d’études, de recherches, et d’interventions de crise »
    Université Paris Ouest Nanterre la Défense
    Sciences de l’Éducation
    Équipe « Crise, École, Terrains Sensibles »
    École Doctorale 13

    Voici les premières lignes d’un document que j’ai dans mon ordi sous open office. Je ne sais pas si j’ai la possibilité de le laisser sur ce site ? Si qql sait comment le déposer ?

    On observe donc que dans l’ensemble de la scolarité, ce sont les anciens des Bourseaux « qui s’en sortent le mieux ». Sur la classe de 6e, ce sont les anciens de l’école des Bourseaux qui obtiennent les meilleurs résultats. Il en est de même pour la classe de 5e et de 3e.
    Les élèves anciennement scolarisés aux Bourseaux arrivent ainsi au collège avec les meilleures bases et ils en sortent avec les meilleurs résultats.
    …. et plus loin de lire….
    Les résultats scolaires nous apprennent donc que contrairement aux idées véhiculées autour des pédagogies actives, les savoirs de base sont correctement assimilés par les élèves de l’école des Bourseaux.
    Les craintes des parents ou les stéréotypes réducteurs de l’opinion sur un présupposé décalage entre une pédagogie active centrée sur l’enfant et une rigueur scolaire centrée sur les disciplines ne sont donc pas fondées. Non seulement ce décalage n’a pas lieu, mais ce sont les élèves des Bourseaux qui font preuve d’une plus grande capacité d’adaptation. Les écoles pratiquant une pédagogie dite plus traditionnelle sont souvent focalisées sur les acquisitions de savoirs de base (français, mathématiques…) mais paradoxalement, ce type d’approche ne semble pas mieux préparer ces enfants à faire face à une scolarité axée sur ces mêmes dimensions.
    Contrairement à ce qu’on peut de façon naïve imaginer, les pédagogies traditionnelles imitant les pratiques du collège ne préparent pas mieux les élèves pour autant. Bien que la pédagogie de l’école des Bourseaux ne soit pas particulièrement centrée sur  l’acquisition des savoirs de base et que des pratiques phares du collège, tels que les devoirs et les évaluations, y soient peu travaillées, on s’aperçoit que les élèves issus d’une pédagogie active réussissent le mieux, du point de vue scolaire, et ont la meilleure performance.

    Intéressant non ?

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      Note :
      – L’école des Bourseaux est une école publique ouverte créée en 1980 dans la région parisienne et pratiquant le multi-âge à l’instigation de Patrick CLERC.
      – Pour publier un document, le site questionsdeclasses est un site qui fonctionne selon le principe de la publication ouverte. Tu vas dans la page d’accueil.

  24. Bernard Collot

    Sauver le soldat “classe unique”
    Les classes uniques archaïques ?
    1982-1983, dans la Vienne le Conseil Général lance le premier plan informatique des écoles. Premières équipées avec l’engagement de leurs municipalités, les classes uniques ! Une dizaine d’entre elles, avec deux ou trois classes rurales de cycle, constituent dans la foulée le premier réseau télématique d’écoles connu. Ces mêmes classes uniques constituent ensuite le fer de lance du réseau télématique du mouvement Freinet qui a compté jusqu’à 300 classes.
    1989, un secteur du mouvement Freinet obtient le prêt de 60 fax de la société alcatel (à l’époque, le télécopieur peinait à s’implanter dans le secteur de l’entreprise). 6000 F pièce ! Qu’elles écoles s’en emparent immédiatement majoritairement, expérimentent et s’en servent ? Encore des classes uniques ! Qui avait fait installer des lignes dans les classes et payé les factures téléphoniques ? Des petites municipalités rurales… archaïques !
    Il y a beaucoup de chose ignorées !

    • Bernard Collot

      Sauver le soldat “classe unique”
      Pour en avoir discuté avec Françoise Oeuvrard (direction de l’évaluation et de la prospective) puis avec Yves Alpe (observatoire éducation et territoires, anciennement observatoire de l’école rurale), il leur a été difficile d’intégrer le critère pédagogie dans leurs travaux statistiques. Essentiellement parce qu’il est difficile de qualifier une pédagogie pratiquée, tant il y a de nuances. Ce d’autant que dans la même classe, la pédagogie peut varier d’une année à l’autre lorsqu’il y a changement de professeur.
      Mais il est indéniable que le multi-âge induit l’intégration d’éléments des pédagogies actives et coopératives que l’on retrouve, plus ou moins, dans chaque classe unique..

  25. Valérie Guiffrey

    Sauver le soldat “classe unique”
    Pour notre école parisienne, le recul est de 30 ans, ce qui n’est pas tant que ça certes mais quand même permet un petit recul, le parcours des enfants par la suite est regardé par les directions du groupe scolaire, elles-même. Les élèves réussissent mieux, reviennent nous faire part de leur réussite avec fierté et nous avec. Nous avons pu nous rendre compte cette année par exemple que plusieurs anciens élèves du groupe étaient moteur dans des secondes de grands lycées parisiens. Cela reste juste un relevé humain à petite échelle, mais le travail sur le terrain est souvent plus proche des réalités, non ?
    Comme parent c’est l’expérience que j’en retire quand je regarde le projet de ce groupe scolaire, l’harmonie du vivre ensemble aussi qui lui ne se calcule pas.

  26. Anonyme

    Sauver le soldat “classe unique”
    Dans une classe unique on est obliger d’enseigner autrement. PAr choix ou par défaut, mais ça marche et même mieux que dans les autres classes. Statistiquement elles ne représentent que peu d’élèves et d’enseignants. C’est ce qu’on appelle un “signal faible” ou le “rapport minoritaire” (cf Minority Report).
    Mais une des solutions à notre probléme d’école en France, pas cher, est certainement là. Il faut être attentif aux signaux faibles car un jour ou l’autre ils se font entendre.

    Allez, tous en classe unique !

    • Adrien Mascarille

      Sauver le soldat “classe unique”
      Au nombre de commentaires et à la vivacité du débat, il semble qu’on touche là à un point essentiel.
      Triant les passions (passionnantes…) on voit néanmoins apparaître quelques lignes directrices, des informations, des précisions. Tout d’abord ce ne sont évidemment pas les “classes uniques” qui sont en cause. Leur côté “singulier” est un paradoxe. Elles sont singulièrement des lieux d’expériences scolaires à haut débit mais singulièrement terriblement isolées. Peu fréquentes, en nombre, et peu fréquentées, en terme de population enfantine. Qu’il faille les défendre et les sauver, cela ne fait, par ailleurs, aucun doute.
      Cependant les populations d’enfants et de professeurs concernées-là, je le répète, sont faibles. Cela n’enlève rien à leur intérêt bien évidemment, mais ne peut pas nous détourner de l’immense majorité du reste de la population scolaire. Enfants et professeurs.
      De plus, il y a, à court terme, peu de “chance” à un retour des écoles à classe unique.
      Il convient juste de définir le véritable intérêt de la classe unique : le mélange dans un même lieu éducatif d’enfants d’âges différents.
      Normalement tout à fait possible à mettre en oeuvre pour ce qui concerne une école urbaine.
      Au cours de ce débat et d’autres on voit poindre quelques informations sur ces lieux différents qui sont des écoles plus importantes : les écoles du 19è à Paris, l’école des Bourseaux, l’école Decroly, l’école Vitruve, l’école de Mons en Bareuil et sans doute d’autres. J’ai même trouvé un livre sur une expérience communautaire d’écoles maternelles et élémentaires à Grenoble il y a quelques années qui incluait plusieurs écoles d’un même quartier.
      A chaque fois, ces écoles abordent, parmi des tas d’autres choses, les pratiques du “multi-âge” dans un milieu urbain, incluant aussi des pratiques collectives entre adultes, sans doute beaucoup plus difficiles (mais bien plus intéressantes et utiles) à mettre en oeuvre, mais dont les classes uniques en milieu rural ne peuvent rendre compte.
      Qu’on le regrette ou pas, c’est surtout à partir de ces écoles-là et de la diffusion de leurs pratiques que peut résider une possibilité de changement majeur.

  27. Bernard Collot

    Sauver le soldat “classe unique”
    Oui il y a aussi des écoles urbaines remarquables (à Grenoble c’était peut-être La Villeneuve que j’ai eu l’occasion d’aller voir autrefois, qui a malheureusement été torpillée au bout de deux ou trois dizaines d’années).
    Je ne doute pas que sur ce site nous en parlerons (vous en parlerez) aussi longuement. Le sujet de ce billet n’exclut surtout pas tout ce que l’Education Nationale et l’opinion publique devraient enfin se mettre sous la dent (plutôt sous l’oeil).
    Partout on retrouve la convergence avec ce qu’ont fait émerger les classes uniques sur une autre approche de l’acte éducatif et de l’école. Cette convergence devrait être ce qui interpelle le plus.

  28. Michel Baron

    Sauver le soldat “classe unique”
    Bonjour

    (En rép. à Adrien) Un observatoire des classes uniques existantes doit à mon sens inclure TOUTES les classes uniques, qu’elles soient rurales ou urbaines. Cette diversité (par exemple le fait qu’en gros les CU de ville le sont par choix, celles des campagnes par nécessité, celles des villes font partie en général d’une “grosse” école, alors qu’à la campagne elles sont la seule classe de l’école… ) cette diversité, donc, permettrait d’aller plus loin dans la compréhension de tout ce qui s’y passe, à, l’intérieur et en interaction avec l’extérieur, pour aider davantage d’autres enseignants/parents/administration à sauter le pas vers le multi-âge, vers la classe unique, tout en laissant vivre celles qui existent.

    Ça fait vraiment plaisir de voir qu’elles peuvent susciter toujours autant d’enthousiasme, et de prise en compte de l’enfant et de l’humain dans leur ensemble, bien au-delà des évaluations nationales et des durées d’études…

    À ce propos, (en rép. à Alphonse) les ruraux font en effet des études plus courtes que les autres en moyenne. Les raisons en ont été étudiées (et pas seulement évoquées) par l’Observatoire Éducation et Territoires, entre autres l’éloignement des lieux d’études et des emplois correspondant aux études longues. Ceci est d’ailleurs en train d’évoluer… En tout cas ce n’est pas dû à l’école rurale qui ne remplirait pas sa tâche, puisqu’il n’y a pas relation de cause à effet, au contraire ! Les résultats y sont plutôt meilleurs alors que les familles ont un niveau socio-professionnel inférieur à la moyenne nationale.
    Bon et encore une fois un observatoire des classes uniques permettrait d’y voir plus clair en ce qui les concerne, et de cerner quelques-uns des effets à longue échéance, et pas seulement scolaires mais aussi en terme de vie sociale et personnelle.

    Ce qui ramène à la question de Paul : “quoi observer ?”
    Je dirais “tout”, tout ce qui permet de cerner un peu plus la vie dans ces microcosmes…
    Et à cette autre question : “qui observe” ? Je n’ai pas encore trop d’idées là-dessus…
    À suivre !

  29. Valérie Guiffrey

    Sauver le soldat “classe unique”
    oui remarquable La Villeneuve (Grenoble)

    Vitruve une école Frenet, la plus connue à Paris,
    qui doit connaitre un afflux de demandes d’inscription en ce moment tellement l’affolement est grand parmi les parents pour la rentrée prochaine. Certains des plus nantis ayant déjà inscrits leurs enfants en privé, certaines écoles risquent de revoir leur mixité.
    pour Bolivar plus hybride le projet, il part du refus de l’appellation ZEP plutôt une construction de l’équipe en place, surtout par les directions au début toujours en place à ce jour.
    En effet le plus compliqué dégager des plages de travail communes pour les équipes enseignantes sur plusieurs écoles souvent un frein à la réalisation de la multitude de projets proposés, l’émulation collective et de chacun jouant activement son rôle sur le dynamisme du groupe scolaire.

  30. Amélie

    Sauver le soldat “classe unique”
    Pour ma part, j’ai rencontré la mère d’une copine “instit'” la semaine dernière. En prenant des nouvelles, j’ai appris qu’elle avait changé d’école cette année. Après avoir enseigné 5 ans en CU dans le sud du Cher, elle s’est retrouvée dans un grand groupe scolaire en ville : quelle désillusion pour elle!!! Un immense sentiment de solitude l’habite malgré la présence en nombre de collègues et d’enfants. Elle est passée du “tous ensemble” à “chacun pour soi” semble-t-il… Les collègues échangent peu, les enfants sont moins proches et les parents n’en parlons pas. Elle regrette sa CU (elle en fait l’apologie en permanence me disait sa mère), l’implication que cela nécessite et apporte, les retours avec les enfants, les parents…
    Comme quoi, il n’est pas forcément vrai que tous les “instit'” ont une piètre opinion des CU!

  31. Bernard Collot

    Sauver le soldat “classe unique”
    Ce que les classes uniques ont démontré sans le vouloir, c’est que les apprentissages ne se construisent pas comme on le pense généralement et que leurs processus dépendent des conditions et de l’environnement dans lesquels se trouve l’enfant. C’est probablement en cela qu’elles dérangent le plus.
    Si on ajoute que plus les pratiques y sont différentes, plus disparaissent les problèmes récurrents de l’école comme par exemple celui des rythmes, si on ajoute que la proximité influe aussi sur les relations sociales des territoires auxquels elles appartiennent, alors d’archaïques elles deviennent révolutionnaires !

  32. Valérie Guiffrey

    Sauver le soldat “classe unique”
    Oui, il faudrait réussir à inverser la tendance,
    c’est les pratiques de l’institution actuelle EN qui sont archaïques et non ce que la majorité aimerait nous faire croire.

  33. Jean Pauly

    Sauver le soldat “classe unique”
    Nous traversions un semblant de village, discrètement blotti entre les haies…
    Tu crois qu’y a une école ici ?… me demande Fabrice.
    Il y en avait une. Une petite école de poupée. Une petite cour pour tracer la marelle et un petit préau pour jouer aux quatre coins. J’ai passé le portillon en éclaireur pour demander le secours d’un point d’eau et je suis tombé sur Boucle d’or barbouillée de chocolat…
    On est là, on fait un gâteau…
    Les petits étaient là, en effet, dans la cuisine du logement, le nez dans la farine et les mains dans la patouille. Par la porte, la maîtresse jetait un coup d’œil aux grands qui recopiaient dans la classe le résumé… la Loire… le plus beau fleuve de France.
    La maîtresse. Une toute petite maîtresse avec un grand sourire…
    Entrez, je vous fais un café, j’habite ici, vous comprenez…
    (…)

  34. Sylvain Connac

    Sauver le soldat “classe unique”
    Les classes uniques sont des terrains idéaux pour oser le changement de logique pédagogique. Principalement parce que les enseignants sont conduits à ne pas se référer au format dominant : le collectif uniforme systématique. En envisageant d’autres possibles, à l’éclairage des chemins déffrichés par d’autres, l’association avec les enfants devient une évidence.
    C’est ainsi que la classe unique, parce que les adultes acceptent de ne plus tout contrôler, est le théâtre de coopération entre élèves, construction de langages, engagements authentiques pour des apprentissages durables, …
    Progressivement, la classe devient plus un espace où ce sont les apprentissages qui importent plus que les seuls enseignements. C’est donc une évidence de voir les élèves devenir plus performants scolairement, non en raison d’une meilleure formation des enseignants ou de méthodes plus efficaces, mais parce que les engagements sont plus intenses et le temps passé à chercher de manière autonome plus important.

    C’est la raison pour laquelle la disparition des classes uniques constituerait un appauvrissement du patrimoine pédagogique français. Certes, elles sont dans les marges de l’école, de par leur nombre. Mais c’est toujours dans les marges que les découvertes les plus fécondes en pédagogie ont été effectuées. Et de nos jours, ce qui définit les marges se trouve de plus en plus au centre de la page.

  35. roland Huguet

    Sauver le soldat “classe unique”
    Sylvain je suis entièrement d’accord avec ce que tu écris, les classes multi-âges permettent le lâcher-prise de l’enseignant, on s’aperçoit très vite que dès que l’information au sens large, circule que ce soit en classe unique ou dans d’autres petites structures scolaires, il y a des apprentissages qui se font dans notre “dos”, et c’est tant mieux! Alors il est vrai que l’Institution est très mal à l’aise face à ces états de faits, parce qu’il est difficile de “programmer”, ” d’évaluer”, d’avoir des progressions et j’en passe! Cela suppose aussi de la part de l’enseignant d’être ouvert avec cet écosystème qui peut devenir très vite un système autonome! Je me souviens d’une phrase qu’un inspecteur m’avait dite lors de l’entretien post inspection, il avait observé une grande autonomie de la part de mes élèves, une bonne Auto- et co-gestion de leurs travaux: “C’est bien avec vous vos élèves vont devenir des autodidactes, c’est ce qu’il faudrait dans chaque classe, les habituer à rechercher les informations par eux mêmes et se les échanger…” Bon je n’étais pas tout à fait en accord avec la notion d’autodidacte , mais par rapport au sens de s’approprier un état d’esprit qui consisterait à être autonome pour rechercher, ça me plaisait bien cette vision des choses.
    Par contre personnellement j’ai toujours eu un peu de difficulté à lier “ce que j’avais mis en place” de manière implicite ou explicite et les effets produits dans la vie de la classe. Je dirai plus que c’est la vie de la classe qui m’a fait évoluer. Nicole Bizieau me disait: “C’est la marge qui tient la page! On aura toujours besoin d’une marge!”

  36. Bernard Collot

    Sauver le soldat “classe unique”
    Dans ce qui fait l’originalité des classes uniques, il y a le fait que dans la majorité elles disposent d’espace (du fait qu’avant d’être classe unique elles étaient école à deux ou trois classes). Le problème est moins d’avoir 2O élèves par maître que d’avoir 20 mètres carrés par élève. Comment parler pédagogie quand les enfants sont entassés comme dans une boite à sardines ? Ceci de 8 heures à 18 heures, de deux ans à 18 ans ou plus.
    Ce n’est pas de la haute pédagogie et cela semblerait relever du simple bon sens, voire de la santé publique. Mais la revendication de l’espace n’est portée par personne, pas plus par les syndicats que par les fédérations de parents d’élèves, pas même par les “experts” qui ne cessent de se pencher sur l’école du haut de leurs estrades ou de leurs micros. Cécité.

  37. AUZOU Martine

    Sauver le soldat “classe unique”
    Je viens de lire les plus de soixante commentaires sur la défense des classes uniques, je ne reviendrai donc pas sur les bienfaits d’une telle structure tant au niveau de l’épanouissement, de l’autonomie, du sens de la responsabilité… et des performances scolaires des élèves qui ont la chance d’y vivre.
    Je voudrais plutôt insister ici sur les conditions révolutionnaires que peut représenter une structure éducative où prévaut l’hétérogénéité des âges, des milieux sociaux et culturels.
    Ayant enseigné les six dernières années de ma carrière d’institutrice dans uns classe unique, avec jusqu’à sept niveaux, dans le Vaucluse, j’ai pu observer, à mon grand émerveillement, qu’une petite société d’enfants tous différents mis dans des conditions d’apprentissage mutuel, donc sans notes, et dans un fonctionnement collectif, non seulement découvraient le goût et une appétence pour le savoir parce qu’ils trouvaient leur propre plaisir à le partager avec d’autres mais ils développaient aussi et en même temps des comportements réels de solidarité. Je dirais donc, et pour faire bref, que si l’on ai tant soit peu conscient que l’on vit dans un monde où il y a de plus en plus d’injustice, d’inégalités et d’individualisme, et que nous avons le désir que cela change, nous devons proclamer que “les classes uniques, loin d’être archaïques, sont au contraire l’avenir d’un monde meilleur”.Nombre de raisons économiques sont avancées pour supprimer ces classes, mais n’y a-t-il pas d’autres raisons plus politiques ? Si ma mémoire est bonne, les écoles mutuelles ont été interdites au début du 20ème siècle parce qu’elles formaient des jeunes qui devenaient des syndicalistes capables d’entraver la bonne marche des entreprises. La plupart de mes élèves sont d’ailleurs devenus représentants de leur classe, une fois arrivés au collège.
    MAIS, cette éducation “sociale” ne se fait pas toute seule comme par enchantement. Il faut une attitude, un “savoir être” de l’enseignant qui sache, d’une part, s’effacer pour permettre aux élèves d’apprendre seuls, avec ses camarades et avec d’autres adultes que lui-même (ce qui suppose d’ouvrir l’école sur l’extérieur). Il faut, d’autre part et simultanément, que le chef d’orchestre qu’est l’enseignant instaure des réunions régulières où les enfants prennent l’habitude d’exprimer leurs opinions personnelles et de prendre en considération celles des autres dans le souci de l’intérêt commun. Un tel objectif n’est pas une utopie irréalisable. Je l’ai vu atteint, je peux même avouer que c’est moi qui est appris de mes élèves. Je ne suis évidemment pas la première ni la dernière à penser l’éducation comme un moyen de parvenir à une véritable démocratie. Le philosophe et sociologue John Dewey a conçu, avec sa femme, un système d’éducation basé sur “la relation de don réciproque” c’est-à-dire l’inverse d’un fonctionnement basé sur la compétitivité. Ils pensaient l’école comme “la sage femme de la démocratie”. Paolo Freire qui a conçu “une pédagogie des opprimés” pour alphabétiser des ouvriers et paysans latino-américains, s’insurgeait contre une conception bancaire de l’enseignement où l’élève est contraint d’accumuler des “dépôts” de savoir institué sans jamais pouvoir développer une conscience critique à son égard. Et beaucoup d’autres encore….
    Tout cela pour dire que seule la structure CU ne suffit pas, il faut une “âme” pour la faire vivre. Il faut un enseignant qui soit lui-même émancipé des normes instituées,qui ne soit pas lui-même conditionné et piégé par l’esprit de compétition et qu’il soit persuadé qu’il a une part de responsabilité ( si petite soit-elle mais oh ! combien passionnante!) dans la transformation du monde.

    Désolée d’avoir été un peu longue mais la question politique et sociale dans l’éducation me parait trop souvent évacuée (et pour cause !) et pourtant elle me parait essentielle.
    Dernière chose : n’étant pas du tout à l’aise avec l’internet, cela demande de réagir trop rapidement à mon goût, je préfère, si ce que j’ai dit sur ce blog vous a intéressé, vous renvoyer à un livre que j’ai écrit en témoignage de mon expérience d’enseignante. Il s’agit d’ “une société sans exclusion: l’école” aux éditions Parangon (pardon pour cette publicité.)

    Merci pour ces très riches échanges.

    Martine Auzou

  38. Paul Noel

    Sauver le soldat “classe unique”
    Merci à questionsdeclasses et à ses auteurs de permettre de telles discussions et aussi de soulever et de poser autrement les problèmes de l’école.
    A lire tous ces commentaires, je me pose une question : comment se fait-il que le ministère de l’EN ou les politiques n’aient jamais fait appel et consulté ces praticiens qui valent bien tous les experts, en particulier dans les consultations sur la refondation ? Ces enseignants parlent, racontent, expliquent, théorisent, mais qui peut les entendre ? Je serais curieux de savoir si un politique, un détenteur de pouvoirs, un “spécialiste” ès éducation au ministère ou dans un parti, consulte questionsde classes. Ils y apprendraient beaucoup de choses qui pourrait peut-être les faire réfléchir et décider autrement. Et les syndicalistes, ils disent quoi ?

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