« Notre système scolaire est l’un des plus inégalitaires parmi ceux des pays de l’OCDE » : c’est devenu un leitmotiv depuis les coups redoublés de PISA, qui, quoique disent les maniaques du soupçon (1) assènent des vérités difficilement contestables : les « bons élèves » français sont au niveau coréen (avec du stress en moins, ce qui n’est pas plus mal), les élèves faibles au niveau mexicain…
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qui renforce ici les inégalités sociales, ailleurs juste confirmées ou légèrement rabotées ?
On peut considérer trois échelles : la classe, l’école et l’institution.
En classe, on apprend souvent trop sans comprendre – du coup on n’apprend pas ou mal ; travailler par essais-erreurs, travailler en collectif, prendre le temps, débusquer les implicites… on connaît les pistes, elles ne sont pas ou peu enseignées – tardivement en tout cas.
L’école au sens large – encore plus le collège – n’accueille pas les parents à égalité : on en connaît les raisons historiques, ce n’est pas une justification : les classes populaires restent à la porte, accusées de négligence, convoquées et non invitées.
L’institution est structurée de la façon la plus élitiste qui soit : les classes prépas, l’agrégation, les langues rares en lycée ne sont pas seulement synonymes de dépenses refusées ailleurs mais désignent bien l’objectif : la formation de l’élite avant tout, c’est-à-dire la légitimation de la domination sociale par les diplômes.
L’existence enfin du privé, refuge social bien plus que religieux à présent, cimente cette inégalité.
Ne comptons sur personne pour combattre ces inégalités : aucun syndicat n’a la volonté ou la force de s’attaquer à ces bastilles – la plupart les défendent même. Quant aux partis…
Il ne nous reste plus que la force de l’exemple : des exemples de classes ou d’école qui marchent, à tous les sens du terme, des alliances entre écoles et lieux associatifs… tout ce que nous saurons créer et faire connaître.
À nous de faire, modestement et avec ténacité, là où nous sommes – en connaissance du terrain. Cela vaudra mieux que les discours ronflants.
(1) On notera ainsi qu’un Nico Hirrt, particulièrement vigilant dans le domaine statistique, s’appuie sur ces études dans sa défense de l’égalité.