Un cri de colère d’un Comorien devant les conséquences de la coupure de l’archipel entre la Mayotte française et les autres îles (Anjouan, Grande Comore, Moéli) : 15 000 morts parmi ceux qui veulent rejoindre « la France » sur des embarcations de fortune, les fameuses kwassa-kwassa sur lesquelles le président de la République a eu le mauvais goût de plaisanter*; depuis 1995, le décret Balladur exige un visa pour ceux qui veulent aller à Mayotte et ceux qui ne l’obtiennent pas essayent de franchir l’obstacle en risquant leur vie.
On le sait peu, et on connaît mal Mayotte et l’ensemble des îles comoriennes. C’est pour faire connaître ces suites malheureuses de la colonisation que Saïd, militant communiste, a pris vigoureusement la plume dans ce court ouvrage. Il ne s’en tient pas au pamphlet, et évoque aussi la culture comorienne, le poids de l’école coloniale, et celui des « je-viens », ces émigrés grisés par l’argent gagné en France, enchaînant Mayotte de leurs suffisance. La colère se mêle donc ici d’informations inédites et d’une réflexion.
*« le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent » ; un propos recueilli par surprise le 1er juin dernier.
Saïd Ibrahima, Mayotte Un autre mur de la honte, éd. Pincky Blue, 71 p., 2017, 10 €.