En quoi les résultats des élections européennes, qui affectent profondément les démocrates que nous sommes, interrogent-ils l’école, et, pour ce qui nous concerne, que nous disent les choix d’orientation de l’éducation nouvelle quant à l’analyse des effets induits par les pratiques pédagogiques au quotidien ?
Débat déjà ancien, mais que l’actualité nous somme de remettre à l’ordre du jour : plus que jamais, c’est au cœur des pratiques d’apprentissage que se construisent des comportements mentaux, à l’insu de l’enseignant, du formateur, comme de celui qui apprend.
« Pourquoi chercher à comprendre la genèse de savoirs comme le théorème de Pythagore ou la règle d’accord des participes passés alors qu’on a tôt fait d’apprendre par cœur les procédures pour les appliquer ? » Question posée maintes fois en formation !
Question au cœur des problématiques qui agitent l’éducation aujourd’hui et qui n’a de réponse que dans La seule question à se poser : Quel citoyen veut-on former aujourd’hui ?
Vous trouverez ci-dessous deux extraits de deux personnes qui n’ont de cesse, depuis des décennies, de nous interpeler sur la nécessité de transformer la pratique pédagogique, éducative, au quotidien de la classe, au cœur même des « leçons », en mathématique, en français comme en toute « discipline », pour faire advenir des citoyens responsables, autonomes, critiques, dans une société garante des valeurs démocratiques qui ne pourront vivre qu’au cœur des pratiques qui les construiront.
Extrait d’un article d’Odette Bassis, paru dans Dialogue
“Devenir citoyens dans le savoir” : un mot d’ordre à manier avec soin. Car inutile de revendiquer un fait qui est permanent, quoique caché, un fait qui ne nous attend pas pour exister: citoyens dans le savoir, on le devient, en général, aussi sûrement que passivement, aussi objectivement qu’inconsciemment, dans tout acte d’apprentissage. Mais “citoyen passif”, formé laborieusement – et il en faut du labeur et du temps – à devenir membre soumis, docile et appliqué d’une société où quelques-uns seulement pensent et décident pour tous les autres.
Les choses sont pourtant clairement annoncées : dès qu’un savoir est l’objet d’un apprentissage reconnu comme tel, il devient DISCIPLINE au sens précis de dépendance par rapport à celui qui transmet (en premier) et à l’enseignement transmis (en second). On est disciple de quelqu’un avant de l’être d’une doctrine enseignée…
Notez bien : pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas, mais elles, ils sont peu nombreux, Odette Bassis, Présidente d’honneur du GFEN, auteure d’ouvrages et de nombreux articles, a récemment initié un site actuellement en construction que vous aurez grand intérêt à visiter : odette.bassis.free.fr ce qui ne manquera pas de l’encourager à l’abonder en textes divers.
Extrait du blog d’Eveline Charmeux (http://www.charmeux.fr/blog/ et http://www.gfen.asso.fr/fr/charmeux_dehanne_fevrier2014
« Oui, les méthodes de lecture sont dangereuses »
C’est en ce sens que la lecture est libératrice et donc subversive, au point qu’on a toujours tout fait depuis que l’école existe pour en empêcher la maîtrise. Les méthodes sont là pour que, seuls, ceux qui savent lire en dehors de l’école y accèdent.
S’il existe un lobby aussi enragé à défendre un outil dangereux, allant jusqu’à séduire des chercheurs pour les soutenir, il faut bien qu’il y ait des raisons : le profit peut-être (les fabricants de méthodes ne connaissent pas la crise), mais il y en a d’autres : on le voit aujourd’hui, non sans inquiétude.
Tous ceux qui, comme moi, ont à corriger des copies de CRPE (le concours de recrutement des futurs enseignants), rédigées par des adultes pourtant diplômés, savent combien ils sont nombreux à interpréter n’importe comment les textes qu’on leur donne à lire… Or, ils ont appris à lire en syllabant, presque tous, et ils n’ont aucune idée de ce qu’on peut faire d’autre.
Avec de tels lecteurs, c’est la démocratie qui est en danger.
L’histoire de la grenouille qui nage dans l’eau tiède sans voir que le feu est allumé en dessous, vous connaissez ?
Des contributions qui ne peuvent que nous provoquer à mieux réfléchir la portée en éducation et en formation des pratiques d’enseignement : quelles transformations indispensables et urgentes pour faire advenir la réussite de sujets citoyens responsables et solidaires ? L’éducation nouvelle a des analyses et des pratiques à partager …
Vous trouverez dans ce courrier :
– Une invitation à la Journée académique Du “bien-être” au “bien devenir” : l’école ou le plaisir de grandir, avec la participation de Philippe Meirieu , le 2 juin à l’Université de Créteil ( fichier joint)
– Une invitation pour participer à une balade contée, le 14 juin avec le collectif ô debi
– Interview de François Galichet, auteur de L’émancipation, se libérer des dominations, Chronique sociale, 2014, par Grégory Chambat dans Q2C
– La plaquette d’invitation au Stage national, Ecriture, arts plastiques, création qui aura lieu à Bédarieux du 7 au 11 juillet : n’hésitez pas à faire circuler et ne tardez pas à vous inscrire !
– La relation d’une expérience Freinet dans le secondaire – le CLEF de la Ciotat – paru dans le Café pédagogique le 12 mai.
Dans le prochain courrier :
Les coordonnées des stages de regroupement aux PAF des rectorats de Créteil et de Versailles qui seront en ligne sur GAÏA très prochainement
Dans chacun des rectorats, le GFEN a proposé
– un stage sur l’aide et la difficulté scolaire
– un stage sur la lecture, écriture
Vous souhaitant bonne lecture et toute l’énergie nécessaire pour bien terminer cette année, bien cordialement.
Pour le GFEN IDF
Jeanne Dion.et Pascal Diard