Débats & alternatives

Les étudiants sont des « likers » comme les autres.

En 2010, un mini-logiciel est proposé aux abonnés de Facebook avec comme icône une main dont le pouce est en l’air.

Le like permet de signifier son soutien à une marque, un propos, une personne, une photo, une page. « Je like trop son nouveau look« …



Mais ce qui doit surprendre, ce n’est pas que cette facilitation du « choix » impulsif, de coup de cœur, s’applique aux espaces de la marchandise et de la consommation [[Le like est générateur de trafic sur le Web.

infos sur l’internaute qui « Like » :
• Il a 2,4 fois plus d’amis que l’utilisateur Facebook lamba
• Il visite 5,3 fois plus d’url depuis Facebook
• 1,394 milliard d’internautes sur Facebook peuvent « liker »]], c’est que désormais, dans l’enseignement supérieur, la « notations » des enseignants, qui jusque là était dévolue aux responsables pédagogiques, soit désormais adossée aux « likes » que remontent les étudiants.

Trois exemples reportés par des collègues intervenant dans des universités, des écoles privées ou des organismes de formation professionnelle.

1 ) Vacataire dans la section artistique d’une université parisienne, un collègue a récemment reçu un appel de son responsable pédagogique :

  • Le responsable : « Salut Philippe, je suis désolé, les étudiants m’ont remonté des avis critiques sur tes cours de cette année. Pour l’an prochain, je ne peux plus te les confier. « 
  • Philippe : « Tu veux parler des 2ème année, on peut en discuter pour que je te donne mon retour sur le travail de cette classe ? »
  • Le responsable : « Je sais, tous les profs s’en plaignent, mais je dois faire avec leurs retours et leurs Facebook. On a du mal à remplir pour l’an prochain… »

2 ) Le même « unlike » est arrivée à une amie, intervenante en multimédia dans une école privée de l’Image, du Son et du Web située en banlieue sud. Convoquée par la « chargée de pédagogie » et le directeur de l’établissement, ils lui ont notifié le « non renouvellement » de contrat au prétexte que les élèves, qui paient 6000 € leur année, n’aimaient pas qu’elle leur fasse refaire leurs projets quand ils n’étaient pas assez bons, que ses notes pouvaient compromettre leur passage en 2ème année et qu’elle « les reprenait » lorsqu’ils faisaient des fautes d’orthographe ou de français…

20 étudiants à 6000 €/an sont des clients à soigner pour garantir la pérennité économique d’une entreprise…

Ironie du sort, un de ses ami a subit la même « mésaventure » dans une école multimédia du cœur de Paris.

3 ) Pour que les organismes privés de formation conservent leur qualification OPQF (Office Professionnel de Qualification des Organismes de Formation) il est demandé aux étudiants stagiaires de liker/noter les intervenants à qui, en revanche, il n’est pas demandé leur avis sur les promotions.

Le juteux marché des formations professionnelles [[En France, la formation professionnelle représente chaque année 27 milliards d’euros financés notamment par l’État, Pôle emploi, les vingt-six régions et les quarante-huit organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA)]], ne s’embarrasse pas d’avis de prestataires, pourvu que les salles de cours « fasse le plein ».

Article initialement publié sur le site de la CNT-SO

Qui a dit que l’enseignement supérieur n’était pas un marché comme les autres ?


À lire également : Les fonds d’investissement et le marché des écoles du numérique en France.



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