Nous sommes tous témoins que les repères de jadis ne font plus institution aujourd’hui. C’est en dehors des partis que se refonde la politique, ou (comme l’observe, C. Laval) en dehors des églises que se refonde la religion. Mais nous pourrions ajouter, en le tirant de notre expérience associative , que c’est en dehors de l’Ecole que se refonde l’éducation, en dehors des structures de la petite enfance que se rejoue la question de la première éducation, et en dehors des établissements spécialisés que se réinvente le social.
Il en est de même pour le changement ; nous ne l’attendons plus de la énième mesure d’une longue généalogie de politiques qui ont fait la preuve de leur vide (politique de la Ville, par exemple); nous ne l’attendons pas davantage d’une loi supplémentaire en matière de justice, d’éducation, d’emploi, de logement ou de sécurité.
Le changement aujourd’hui ne peut être que radical, au sens propre de ce mot, c’est à dire en prenant en compte les racines des causes et des problèmes. Or cette radicalité est partout conspuée et diabolisée.
On dresse partout devant nous le danger de l’islam radical, et des extrémismes en tous genres. On fait des liens inappropriés entre ce qui se passe n’importe où dans le monde, et à notre porte. Tout est fait pour faire peur. Le danger au fond, ce serait de changer…
Or, comme l’observe par exemple le sociologue Sami Zegnani (ASH N°2820), la radicalité est parfois ce qui permet le changement. S’appuyant sur l’étude de jeunes des cités stigmatisés, sur le plan de la délinquance et de la sécurité, il observe comment le passage par l’islam radical, est avant pour eux un outil pour changer de statut, sortir d’une ornière, provoquer du changement.
Aujourd’hui il faut changer c’est sûr , mais comment y parvenir si tous les moyens qui sont mis en oeuvre sont disqualifiés, si le désir même d’agir, d’intervenir, de créer et d’innover deviennent suspects? Comment changer si le changement est toujours discrédité par les grandes peurs entretenues? Si à l’occasion du moindre changement possible on agite tous les spectres: communautarisme, insécurité, niveaux qui baissent, etc?
Il faudra bien un jour que notre société sorte de ce refus de soins ; que nos institutions sortent, de ce refus d’évoluer; que les instances et collectivités sortent de cette volonté de tout contrôler, fût ce au prix, que rien ne se passe.
La suite de la chronique et l’actualité de l’association Intermèdes-Robinson ici
Le changement ! (KroniKs des Robinsons du 23 aout)
D’accord avec toi Laurent : la radicalité qui est aussi la peur qui chapeaute toutes les peurs. Si elle est sociale, elle est aussi intellectuelle. Sortir de l’hétéronomie !
Le changement ! (KroniKs des Robinsons du 23 aout)
Vous écrivez :
>On dresse partout devant nous le danger de l’islam radical, et des extrémismes en tous genres.
>Or cette radicalité est partout conspuée et diabolisée.
Oui. Mais la radicalité du front national aussi est conspuée et ce sont les gens de gauche qui _diabolisent_ cette radicalité. Si vous aviez entendu Marine Le Pen parler devant la FNSEA contre l’agriculture productiviste, elle en a dit plus que les verts !!! Notez que je ne suis pas pour elle, mais je suis contre tous les gens de gauche qui la diabolisent. Et c’est 99,9%.
Le changement ! (KroniKs des Robinsons du 23 aout)
Pour moi le front national n’est pas radical, il est fascisant Servile avec les puissants, abject avec les faibles, il courtise les voix populaires pour le compte du capital.