Une collègue énervée m’a interpellé ce matin : “tu as vu ? Tu as entendu Valls ? Les médias ! Pas un mot sur le million de gens dans la rue… Tout sur le meurtre du commandant de police et les casseurs ! Rien sur le mouvement social etc.”
Je n’ai pas fait mon blasé. Bien que j’ai participé à cinq manifs sur les trente derniers jours, dans une ambiance tout aussi tendue et tout aussi délétère, elle a raison de s’émouvoir. Le gouvernement a passé un cran dans l’obscénité.
Dans la salle des profs, j’avais un nouveau témoin qui pouvaient raconter aux autres ce qui se passait sur le “front social”. Un nouveau témoin qui pouvait dénoncer les mensonges; dire combien les média décomplexés véhiculaient une propagande anxiogène et antisociale.
Bien sûr, le meurtre d’un commandant de police et son épouse est une monstruosité. Mais doit-on parler maintenant de terrorisme chaque fois qu’un dingue, voyou déséquilibré prête allégeance à l’EI ? Si c’est le cas, la démocratie formelle dans laquelle nous continuons à mener nos luttes est déjà morte car aucune loi sécuritaire n’empêchera ces attentats.
Avec Valls, les Français n’ont même plus besoin de voter FN, il organise méthodiquement l’état policier. Ne vient-il pas d’annoncer que dans le cadre de l’État d’urgence il allait interdire le droit de manifester ? Non content de ne pas assumer ses responsabilités, le gouvernement poursuit dans la provocation.
Il ne reste à ce gouvernement que la peur du terrorisme à opposer aux mouvements sociaux de contestation de ses réformes libérales ( à ses lois de régression sociale). A la demande de débats il répond par la rhétorique et l’amalgame en cherchant à délégitimer toute opposition.
Ce n’est pas seulement une question de hiérarchie de l’information, on dirait bien une entreprise brouillonne de propagation de la trouille.
Malgré le ridicule de la posture, les media relaient !
Personne pour contester qu’on puisse mettre sur le même plan les casseurs, les hooligans et les égorgeurs de Daesh ? Personne dans les médias pour dénoncer le choix agressif et provocateur du ministère de l’Intérieur pour encadrer les manifs ? Personne pour dénoncer les nombreuses violences et intimidations policières vis à vis des manifestants ? Comment tous les médias peuvent-ils résumer une des plus grosse manif depuis 2003 aux violences de la place des Invalides (spectaculaires et orchestrées ?)?
Combien de journaux soulèvent de légitimes questions à propos des mensonges du gouvernement autour de la casse des vitres de l’Hôpital Necker ?
Quoi ! 200 hooligans russes et 400 anglais cassent le vieux port de Marseille et le gouvernement n’interdit pas l’Euro-foot au nom de la sécurité et de la lutte antiterroriste ! Soyons cons : exigeons son arrêt au nom de la sécurité !
Un tel mépris du peuple et de l’intelligence demande plus qu’un droit de réponse des organisations syndicales et des mouvements sociaux contestataires.
Éric Z