[**”C’est parti ! En route pour l’enfer !”*]
L’ouverture du roman n’est pas une accroche anodine. Des ouvriers et des étudiants sont embarqués pour la campagne annuelle de pêche aux crabes sur de vieux bateaux pourris dans le Japon des années 20. Les conditions de travail sont effroyables, proche de l’esclavage. Mais la révolte gronde…
Mais foutus pour foutus, quand on sentira qu’on va bientôt y laisser notre peau, on passe à l’action?!
Ce roman documenté à l’écriture fluide prend aux tripes. Terrible récit prolétarien coup de poing, – témoignage au plus près des réalités et roman militant tout à la fois -, qui peint avec rudesse la peur des ouvriers, les collectifs de travailleurs, – pauvres paysans pêcheurs, étudiants -, la brutalité des petits chefs et l’espoir qui perce sourdement dans l’antre sombre et puante du navire.
L’édition soignée et la postface riche d’informations sur le contexte actuel (2008) et celui de 1929, rendent hommage à Kobayashi Takiji, mort sous la torture dans un commissariat de Tôkiô le 20 février 1933.
Kobayashi Takiji, Le Bateau-usine, Allia, 2019 [2015], 174 p., 8,50 €.
– Postface et trad. de Evelyne Lesigne-Audoly
PS – Je découvre qu’il existe une version manga chez Akata http://www.akata.fr/publications/le-bateau-usine dont on peut lire les 20 premières pages ici (sens japonais) : http://www.akazoom.fr/le-bateau-usine