C’est drôle, émouvant, rebelle ! La troupe de 22 jeunes de 6 à 15 ans de Saint-Denis porte avec brio la dernière aventure de la compagnie Tamèrantong! Dans un village français, des tsiganes débarquent et c’est l’alerte générale. Un avis à la populace, hurlé et dansé par un gendarme loufoque, ouvre la pièce et voilà que les villageois sont en ébullition. Ceux qui veulent chasser « ces voleurs de poules » sont prêts à s’organiser en milice, colportent tous les préjugés sur les Rroms, puis d’autres se réjouissent à l’idée de rencontrer les bohémiens symboles de liberté, de musiques et de voyages. Comme dans la vie, les généreux côtoient les xénophobes et les visions du monde s’entrechoquent. Mais la loi est du côté des propriétaires… et les bohémiens vont être chassés quand surgit Lord Stanley, le châtelain du coin au grand cœur. Subjugué par la belle Anatillia, il accueille les tsiganes sur ses terres. On découvre alors la vie des nomades, on rit des villageois tellement « gaulois », on voit des amitiés et des amours aussi forts que les haines que génèrent les peurs de l’autre. D’un côté comme de l’autre, faire face à la différence amène des crises et des déchirures. Le jeu des jeunes comédiens apportent une fraîcheur indéniable mais le texte montre aussi un travail sérieux de documentation sur la culture tsigane, sa musique, sa poésie et ses légendes. L’étrange dindon, mascotte de la kumpania, n’est pas sans rappeler l’univers onirique des films d’Emir Kusturica.
Les Tamèrantong! étaient allés au Chiapas, au Mexique, pour montrer Zorro el Zapato aux vrais zapatistes en lutte. Il paraît évident que La Tsigane de Lord Stanley va partir en tournée en Europe de l’est au pays des Rroms. La compagnie est en train de chercher les fonds pour réaliser cet énorme projet. Alors pour rire et débattre, pour les soutenir dans leurs rêves de nomades, allez les voir ! Invitez-les !
Ils sont en tournée et joueront à RAMDAM, un centre d’art à Sainte-Foy-lès-Lyon à côté de Lyon les 7 et 8 avril prochain. Ils seront à la Maison des Métallos à Paris dans le 11e arrondissement les 5 et 6 mai.
Andrés Monteret, Questions de Classes