Parmi les “grandes écoles” d’ingénieurs, il en est quelques unes qui ont été créées pour former l’encadrement de la fonction publique. En particulier : l’École polytechnique (X), les écoles normales supérieures (ENS), l’École nationale de la magistrature (ENM), l’École nationale supérieure des mines de Paris, l’École des hautes études en santé publique (EHESP), l’École nationale des ponts et chaussées…. Les politiques libérales de réduction de la fonction publique impliquent un changement de fonction et d’esprit de ces écoles. Ci-dessous un article du site Le vent se lève
Le nouveau président de l’École polytechnique (l’X) vient tout juste de prendre ses fonctions. Après une courte formation dans un corps de l’État, Éric Labaye a effectué toute sa carrière dans le cabinet de conseil McKinsey, très loin du milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche. Révélatrice du libéralisme assumé du pouvoir macronien, cette nomination d’un manager du privé accentue la dangereuse tendance vers la privatisation de l’enseignement supérieur.
Éric Labaye, ancien senior partner chez McKinsey France, a pris ses fonctions lundi 17 septembre en tant que nouveau président du conseil d’administration de l’École polytechnique. La nomination d’un ancien dirigeant de McKinsey, l’un des plus grands cabinets de conseil au monde, à la tête de la prestigieuse école scientifique s’inscrit pleinement dans la dynamique impulsée par le gouvernement. Elle révèle une fusion de la tradition technocratique française avec le néolibéralisme anglo-saxon et ce qu’il implique en termes de privatisation, de marchandisation et de culture de l’entreprise. Ce choix d’orientation stratégique, loin d’être le seul avenir possible pour cette institution publique financée par le contribuable, offre une nouvelle déclinaison de la vision du rôle de l’État par l’exécutif au pouvoir.
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C’est donc muni d’un diplôme d’ingénieur équivalent à un M2, acquis il y a plus de trente ans, que celui-ci [Éric Labaye] s’apprête à diriger l’un des plus grands établissements scientifiques français et des équipes d’enseignants chercheurs dont les travaux en mathématiques, physique, biologie ou informatique sont reconnus internationalement. Ce manque de compétence a justement été dénoncé par des chercheurs et anciens élèves dans une lettre ouverte. (…)
Une des principales fonctions du président de l’École polytechnique est un rôle de représentation : celui-ci rencontre ses homologues français et étrangers pour faire connaître son institution et nouer des partenariats. Toutes les personnes avec qui Éric Labaye va être amené à négocier sont des chercheurs, reconnus pour leur travaux et élus par leurs pairs à la tête de leur établissement, selon la norme en vigueur dans la plupart des universités. Ainsi, le président de l’ENS Ulm est un spécialiste de physique statistique, le président de Sorbonne Université est un biologiste et les présidents de Stanford et Harvard sont respectivement neurobiologiste et avocat.
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Par cette nomination, le gouvernement montre qu’il partage avec le corps des Mines sa volonté d’accélérer la fusion entre esprit public et esprit privé, entre noblesse d’État et monde de l’entrepreneuriat pour l’intérêt exclusif d’une caste. Cet épisode constitue un très bon exemple du macronisme et illustre comment le récit de la start-up nation sert de façade dynamique à une domination du dernier centile du corps social.
Pour lire l’article complet : http://lvsl.fr/liberalisme-et-entre-soi-technocratique-pour-diriger-lecole-polytechnique