Et même les « Fillon Gate », « Pénélope » folies de Trump… n’arrivent pas à recouvrir les nouvelles quotidiennes sur les sports d’hiver. Entre les inquiétudes sur l’enneigement – vite stoppées par les canons à neige, bonjour l’environnement –, le mauvais temps, les chutes de neige qui cachent le soleil et dépriment les touristes, les dangers d’avalanche, les nouveaux sports, les bons plans resto… en passant par les gares surpeuplées, les bouchons sur les routes, les chaînes à mettre, le bonheur de l’arrivée après un voyage éprouvant… le citoyen ordinaire ne manque pas d’informations ; il a même certainement l’impression qu’ils sont très nombreux à partir, et que c’est seulement lui qui ne part pas.
Et pourtant !
Ils ne partent pas à la montagne ces citoyens ordinaires. Seulement 8 % des Français partent à la neige tous les deux ans et la plus part d’entre eux au moins une fois par an – et en plus certains partent à chaque période de vacances !
Et les stations alors ?
Pas de soucis, elles débordent après les premières craintes des professionnels médiatisées. En effet, les personnes qui partent ne sont pas concernées par les fermetures d’entreprises, les licenciements, le chômage… leurs revenus leur offrent un niveau de vie qui leur permet cet extra annuel !
Ce qui n’est pas le cas pour le citoyen ordinaire. Ce n’est pas évident de partir aux sports d’hiver, même si on a un travail, car il faut compter un budget d’au moins trois SMIC.
Un calendrier scolaire adapté
Et pour être sûr que ces 8 % de citoyens privilégiés aient de la neige pendant leur séjour, on organise les vacances scolaires en fonction des périodes d’enneigement.
Il y a les deux semaines de vacances de Noël, mais surtout les semaines de vacances d’hiver qui s’étalent sur trois zones, une assurance de continuité pour les professionnels, chaque samedi de nouveaux arrivants. Pas de temps morts !
Et ces vacances d’hiver doivent se situer pendant la période la plus enneigée. Facile, il suffit de les placer pendant le mois de février !
Tant pis pour la rupture du rythme d’apprentissage que les enfants scolarisés subiront. Ceux de la première zone se retrouvent en vacances quatre semaines et demie après celles de Noël ! Tout juste le temps de reprendre les habitudes scolaires qu’il faut déjà s’arrêter. Seuls ceux de la troisième zone auront un rythme un peu mieux respecté.
Et sur les 8 % de personnes qui vont skier, combien d’enfants… Pour 2 ou 3 enfants par classe qui partent skier (à part peut-être dans certaines écoles de quartiers privilégiés), plus de 20 enfants subissent cette rupture de rythme. Et bien sûr, ce sont encore ceux qui rencontrent dans leur parcours scolaire le plus d’inégalités qui en souffrent. Pour les autres, pas de soucis, les sorties culturelles et familiales apportent même une plus-value scolaire à leur séjour en montagne.
Pendant ce temps de découverte sportive et culturelle de cette minorité d’enfants, des millions d’autres rejoignent les accueils collectifs municipaux – quand leur accès est facilité –, sont devant leurs écrans (télés, ordis, tablettes) ou tout simplement jouent au bas de leur immeuble.
Et les classes de neige qui permettaient à un grand nombre d’enfants de partir skier quel que soit leur milieu social ont été abandonnées… il y a déjà un certain temps.
« L’intérêt de l’enfant », tout juste bon pour être inscrit dans les textes ! Il ne pèse pas grand-chose face à l’intérêt économique du tourisme blanc et de ses actionnaires !