La « grande cause nationale » de JM Blanquer – Égalité femmes-hommes ou sauvetage de la Manif pour Tous ?
La “grande cause nationale” de JM Blanquer
JM Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale, invité sur France inter ce lundi 27 novembre, a montré une nouvelle fois, s’il le fallait, la grande fumisterie de la « grande cause nationale pour l’égalité femmes-hommes » version Macron.
Lutter contre le sexisme, démonter les stéréotypes qui en sont à la racine et l’alimentent tous les jours, combattre les mécanismes de domination qui se jouent dès la cour d’école… Tout cela demande des moyens, des outils concrets, du temps, une volonté politique forte. Face à cette nécessité, quel est le message de JM Blanquer ?
Discréditer les ABCD de l’égalité, dispositif expérimenté dans certaines écoles primaires qui permettait de traiter spécifiquement, et avec des outils adéquats, la question des stéréotypes de genre. Selon le ministre, ce dispositif aurait été un « échec »…
Parce qu’il n’a pas renversé la tendance d’une société profondément marquée par les stéréotypes sexistes ? Quel dispositif le pourrait, en seulement quelques mois d’une courte existence, dans seulement quelques écoles ?
Parce qu’il a entraîné la levée de boucliers de parents réactionnaires sympathisant-es de la Manif pour Tous ? Quelle complaisance à l’égard de celles et ceux qui souscrivent au sexisme et aux LGBTphobies en défendant les pires stéréotypes (souvenons-nous du slogan « Touche pas à mes stéréotypes de genre ! ») et en menant des campagnes de communication abjectes (souvenons-nous de la campagne où les enfants né-es de PMA sont comparés à des légumes) ! On voit bien où vont ses sympathies idéologiques ! On les invite à l’école !
Cette complaisance est bien la feuille de route du gouvernement sous la présidence Macron (après la supposée « humiliation » de la Manif pour Tous évoquée par le candidat Macron, après les déclarations de Marlène Schiappa prête à discuter avec cette organisation). Que signifie l’insistance de JM Blanquer sur l’inclusion des parents si ce n’est un appel du pied à ce mouvement réactionnaire ?
Hormis cette « mallette parents » brandie comme un talisman et ces rencontres enseignant-es/parents en début d’année, que propose le ministre de concret ? Rien (la réunion explicative en direction des parents sera vite menée). Le « module d’enseignement » annoncé dans les écoles reste une incantation floue, et on peut supposer qu’il subira le même sort que les heures d’éducation à la sexualité prévus par les textes officiels : ne pas être appliqué faute de moyens et de volonté politique. Encore une fois, les personnels sont laissés sans moyens horaires, sans outils pédagogiques, avec leur seule détermination pour traiter ces sujets essentiels.
Ultime gage aux mouvements réactionnaires, JM Blanquer fustige également l’écriture inclusive et défend la perpétuation d’une langue où le masculin serait une forme neutre ! Pourtant, comme le dit Alain Rey « l’accord au masculin est anti-féministe » et le masculin est tout sauf « neutre » : il modèle les représentations des élèves en invisibilisant le féminin.
Il est clair qu’en matière de lutte contre le sexisme et les LGBTphobies, nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement. Tout ce que nous gagnerons dans ce domaine, ce sera par une mobilisation forte, à l’image du mouvement contre les violences initié par #MeToo. SUD éducation sera en première ligne pour défendre le développement de pédagogies antisexistes déconstruisant les stéréotypes, pour exiger de vrais moyens alloués aux établissements et aux collègues, pour combattre sans relâche celles et ceux qui voudraient, par leur lobbying réactionnaire nocif, nuire à l’égalité et l’émancipation de toutes et tous.