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« La colère terrible du Cragou » a vaincu

« Il n’y aura plus aucune fermeture de classes dans les zones rurales » promettait le Président en juillet dernier. Au Cloître-Saint-Thégonnec, au cœur de la Bretagne, les parents d’élèves ont vécu une toute autre réalité avec la suppression d’une unité à la rentrée scolaire. Cette fois, l’inspectrice académique leurs signifiait : « je ne peux pas revenir sur ma décision ». L’Etat n’a qu’une parole paraît-il ?
Dès les premiers jours de classes, les rounds ballers posés à l’entrée de l’école témoignaient du refus de la fermeture surprise d’une 4e classe car six élèves manquaient à l’appel. Le rectorat n’avait même pas pris le temps de muter l’instituteur ! Si l’administration sait calculer les chiffres du nombre d’élèves par classe, il se soucie moins de : « l’exiguïté des locaux [qui] ne laisse approximativement qu’un mètre carré d’espace à chacun des 27 enfants de maternelle » explique une mère d’élève, alors que la 4e classe flambante neuve reste inutilisée.
Les accents religieux du nom de la commune, Le-Cloître-Saint-Thégonnec, ne doit pas tromper le lecteur, on se situe en réalité au cœur des campagnes rouges de Bretagne, où paysannerie rima longtemps avec communisme. Réunis d’abord sous le collectif La colère terrible du Cragou – du nom de l’école –, peu à peu ce sont les 600 habitants qui se sont battus, trois semaines de lutte durant, pour garder l’école : occupation des bâtiments avec tentes et sacs de couchages (et fausse prise d’otage de l’instituteur), manifestations dans les rues de la sous-préfecture, occupation de l’inspection académique avec trompettes, tambours et casseroles et débranchages des téléphones, blocage des axes routiers avec tracteurs et voitures, mur de parpaings à l’inspection académique, pression sur les élus, déploiement de banderoles géantes sur le viaduc de Morlaix, occupation lors de l’inauguration de la permanence de la députée locale… Un ensemble qui ne sera pas sans poser des problèmes judiciaires les prochains mois (1).
Longtemps, la représentante de l’Etat n’a proposé que des travaux pour aménager des salles de sieste et des toilettes ! Ce qui aurait fermé de facto la quatrième classe. Finalement, le combat acharné a permis d’obtenir un poste à 60 % correspondant à cinq matinées par semaine. Et comme un village gaulois, fier d’avoir vaincu la Rome administrative, les parents d’élèves ont organisé une grande fête populaire, début octobre, se disant que cette lutte leur avait permis de gagner bien plus qu’une quatrième classe.
Gildas Kerleau
1. Un appel à don a été lancé pour faire face aux frais judiciaire : https://www.leetchi.com/c/solidarite-de-les-defenseurs-de-l-ecole-rurale-du-cragou

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