Menu Fermer

Le tour du monde des pédagogues

Alix Burle, un habitué des premières réunions débats du collectif Questions de Classe(s), fait depuis un an un tour du monde par épisodes à la rencontre de pédagogues sensibles à la question sociale et à la notion d’émancipation. Il s’interroge avec eux sur le métier d’enseignant. Il nous donne régulièrement de ses nouvelles. Son dernier poste sur Barcelone évoquant la figure de Francisco Ferrer est une occasion de donner écho à sa démarche et de renvoyer à son blog. Vous pourrez y lire ses interviews et relire la déclaration d’intention qu’il envoie à ses interlocuteurs.rices et dont je vous donne un large extrait ci-dessous, collé juste après son dernier message.

Après avoir voyagé dans 10 pays pendant 10 mois, je suis de retour dans la banlieue parisienne. J’ai repris mon travail comme professeur et je me donne un an pour terminer le blog avant de passer au tournage dans ma classe l’année prochaine.
L’article que je vous propose date de décembre 2017. J’ai rendu visite à Pere Villa à Barcelone pour en connaître plus sur LA première école Moderne au monde et son créateur Francisco Ferrer.
https://alixburle.blogspot.com/
Après cette étape commence à proprement parler le “Voyage” : Finlande, Québec, Mexique, Pérou, Brésil. Si le début vous a plu, alors vous allez adorer la suite !
Bonne lecture.

NOTE D’INTENTION

Je suis enseignant dans une école primaire de la banlieue de Paris.
Ce genre de grands groupes scolaires au milieu des tours de béton éparpillés dans la mégapole. Ce n’est pas un environnement facile et le défi semble immense. Mais pour moi c’est un véritable plaisir d’aller à l’école. J’ai le sentiment de faire quelque chose d’important. J’essaye chaque année de créer la classe que je rêverais d’avoir si j’étais un enfant ici et maintenant.

Pourtant chaque année se dressent devant moi des obstacles : des classes surchargées, des élèves en difficultés, des professeurs découragés, un travail d’équipe approximatif et des visions pédagogiques souvent divisées.
Malgré la succession de différents ministres, l’écriture et la mise en application de différents programmes, la dynamique de l’éducation nationale française semble au ralenti. L’Etan a du mal à recruter. Le métier n’attire plus. Les études montrent des résultats scolaires qui régressent. Le taux d’élèves ne sachant pas lire n’a cessé d’augmenter.

Comment expliquer un tel désœuvrement ?
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas en France ? Est-ce pareil dans d’autres pays ?
Est-ce la faute de l’État qui ne donne pas assez de moyens à l’éducation pour être efficace ? Est-ce la faute de la formation des professeurs, trop théorique et mal encadrée ? Est-ce celle de la société, de l’éducation des parents, du déclin de la culture, de la télévision, des jeux vidéo, des textos, d’internet ?
Est-ce simplement notre système pédagogique qui est en bout de course ?
Quel est le rôle des médias, des syndicats, des politiques dans l’image alarmiste que l’on présente à l’opinion publique ? Il y a de nombreuses écoles extraordinaires en France. On peut le voir dans de nombreux films.
J’ai moi-même eu la chance d’être élève dans l’une d’entre elles. L’apprentissage y est actif, l’enseignement audacieux. Pourquoi ces pédagogies, dites « nouvelles » dans les années trente, sont-elles encore si peu répandues ?

J’ai étudié le cinéma pendant trois ans et je réalise des films amateurs depuis 2002.
Je souhaite utiliser mes compétences artistiques pour faire progresser ma pratique professionnelle, et si je peux, contribuer au développement de l’enseignement dans mon pays.

Je veux réaliser un film documentaire dans l’intention de mener une recherche sur des solutions concrètes aux problématiques actuelles.
Pour cela, je dois étudier d’autres références pédagogiques en lien avec leurs contextes sociologiques. Je dois aller voir le fonctionnement d’autres écoles dans d’autres pays. Je souhaite mettre en œuvre une dialectique entre professionnels de différents horizons. A la suite de ce voyage, je m’inspirerai de cette analyse en me filmant pendant un an intervenir dans ma propre classe. Mon objectif est aussi de faire connaître et reconnaître au grand public la complexité du métier d’enseignant, de montrer son travail « invisible », le travail de chercheur.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *