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Kroniks des Robinsons : Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses

“Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses” (Paul Eluard)

Un des grands problèmes de l’individualisme est son évidence. L’individu ne doute pas une seconde qu’il en est un, même si ceci ne lui apporte aucune information en soi sur son identité et encore moins sur son contenu.

Pour autant, l’individu est un leurre ; comment peut on y croire? D’où vient il ? Qui l’a fait? Et voilà que nous retrouvons « le Social », le groupe, la communauté qui ont produit cet individu qui peut à présent oublier son histoire.

Nous produisons nos oublis, nos indifférences, nos amnésies et nos angoisses. Nous les entretenons jour après jour; ils n’ont rien de naturel, mais tout nous y encourage: ordre social, mérite, école, réussite scolaire et sociale, organisation du travail, police et médias.

L’évidence de l’individu, c’est cela qu’on appelle idéologie; lutter contre, c’est faire de la politique.

En Pédagogie Freinet, nous postulons que l’individu seul ne compte pas, qu’il faut y ajouter également le fait d’être un sujet, pour pouvoir donner une personne.

Etre un sujet, c’est avant tout pouvoir dire « je », c’est à dire être le sujet d’une action, d’une parole, en un mot d’un verbe. Par le sujet, l’individu s’engage, se confronte à ses limites et peut impacter la réalité , autant qu’elle l’impacte lui même.

C’est une métamorphose, la première, la plus importante, celle la même qui nous fera aimer et rêver de toutes les autres.

Lutter contre l’oubli c’est se souvenir de ses dettes originelles, de tout ce que le moi doit aux nous et aux autres, de tout ce que le présent doit au passé , de tout ce que nous devons au monde.

Il faut une pédagogie pour se souvenir, comme pour apprendre à penser par soi même et parmi les autres; c’est le projet de la Pédagogie Sociale , ce à quoi dans notre association, nous nous employons chaque jour, mêlant les âges , les cultures, les identités. Nous cultivons les métamorphoses.


« L’enfer des vivants n’est pas chose à venir ; s’il y en a un, c’est celui qui est déjà là, l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d’être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l’enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer, n’est pas l’enfer, et le faire durer, et lui faire de la place. »

Italo Calvino, Les villes invisibles

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