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De retour du colloque de Gennevilliers… entretien

Les entretiens de Questions de classe (s)

Suite au colloque co-organisé par l’AFL, la revue N’Autre école et le site Questions de classe(s) nous avons souhaité prolonger ce moment en présentant quelques réflexions des participants.
Un nouveau stage est en préparation pour l’automne, nous vous tiendrons informé sur le site.


Questions de classe(s) – Quelles étaient vos attentes, vos motivations, en vous inscrivant à ce colloque ?

Viviane – Ne connaissant pas l’AFL, j’étais venue à une réflexion sur la lecture… ignorant ce que j’allais y trouver… mais avec appétit et curiosité… car tout ce qui favorise l’accès à la culture pour tous m’intéresse, et j’aimerais aider à “monter” quelque chose” sur la lecture dans ma ville… Je préside depuis douze ans une asso pour “l’accès à la culture pour tous”

J’ai été heureusement surprise par l’engagement à la fois critique et constructif de l’AFL, et j’aimerais des prolongements collectifs de ce travail du week-end.

Virginie – Pour ma part, j’ai voulu participer à ce colloque car je m’intéresse depuis quelque temps au champ de l’éducation (et plus particulièrement à l’éducation libertaire, aux pédagogies alternatives) et de manière générale à toutes les questions qui concernent l’enfance.

En venant, je souhaitais donc m’ouvrir à un domaine un tout petit peu différent du mien (je suis psychologue clinicienne) mais qui je pense est complémentaire, et ainsi connaître les problématiques rencontrées au sein de l’école et les réflexions, solutions, inventions que chacun trouve.

La question du langage m’a beaucoup intéressée dans le sens où je trouve que les questions abordées dans ce colloque sont similaires à celles qu’on se pose dans le champ ‘psy’ un peu militant (à ceci près donc que le “langage” est différent).

En tout cas, cela confirme mon idée de la nécessité de travailler en réseau et de réfléchir ensemble ; par exemple, par rapport à la difficulté de mettre en acte des idées alternatives quand on est seul dans cette démarche dans l’institution où l’on travaille.

Mireille – Principalement partager avec de nouvelles personnes la réflexion et les échanges conduits au sein de l’AFL. Essayer, à plusieurs, de joindre nos efforts pour engager de nouvelles actions, pour interpeller les autorités, pour sensibiliser sur les questions d’école. Espérer une plus grande richesse d’inventions, d’idées, de réflexion au sein de nouveaux groupes constitués.

Stéphane – Elles font partie de mon engagement militant au sein de l’AFL. Comme à chaque regroupement de l’AFL je suis venu ici avec l’envie de confronter mes pratiques pédagogiques les enrichir des apports théoriques et politiques qui nous réunissent. C’était aussi pour moi l’occasion de rencontrer la CNT et les acteurs de N’autre École revue à laquelle je suis abonné depuis deux ans et qui me permet au travers des choix d’écriture de dire autrement ce que nous avons l’habitude de dire à l’AFL.

Mesurer l’état des forces !

Sylvie – Faire en sorte que l’AFL ne soit pas seule, et surtout enfermée dans des convictions qu’elle ne pourrait pas partager avec d’autres. Pouvoir échanger avec les autres mouvements pédagogiques et syndicaux afin de mener une réflexion qui si elle n’est pas toujours commune, est forcément enrichissante.


Emmanuèle –
À la retraite depuis bientôt 10 ans, après la normalisation des équipes de la Villeneuve de Grenoble où j’ai passé l’essentiel de ma carrière, je tente de promouvoir avec un petit groupe de Grenoblois une “société éducatrice décentralisée”. Avoir quelquefois regretté la posture de cavalier seul de l’AFL a sa part dans ma participation au colloque. J’ai aussi pensé que l’expérience passée de la Villeneuve de Grenoble pouvait avoir sa petite utilité : témoigner qu’on pouvait cesser de faire des états des lieux du système scolaire pour mettre en œuvre, au niveau local, là où des opportunités existent, une école en prise sur la société.

Jean-Marie – Mesurer la volonté de changement radical qui travers le monde enseignant et les participants au colloque ainsi que les organisations parties prenantes en matière de politique éducative, de manière à approfondir la réflexion sur l’école de la promotion collective et une contre offensive contre l’école capitaliste. La résistance est toujours à l’ordre du jour dans la mesure où la continuité politique l’emporte sur les ruptures surtout d’ordre quantitatif pour le moment à l’exception de la modification portant sur les rythmes scolaires. Que faire ? Lutter pour une autre société et sans attendre changer l’école. idée maîtresse qui s’est dégagée

Q2C – En quoi cette participation a répondu à ces envies ? Quelles questions n’ont pas été soulevées ?

Sylvie – Moins de mouvements présents que ce qu’on aurait pu espérer… et surtout un manque sur la pratique…

Mireille – Toutes les questions restent à soulever… Même si les échanges ont apporté leur lot de bonnes surprises et ont autorisé des embryons d’initiative qui, espérons-le, vont fructifier. Rien de plus normal… Il fallait se découvrir, se cerner, et surtout, construire le terrain sur lequel les échanges allaient porter en 2 jours !!! C’était un très bon début, efficace, il faut faire maintenant fructifier ce nouveau collectif… On peut vivement regretter le peu de personnes présentes sur les 2 jours.

Colette – Je ne suis pas venue avec des envies particulières, je me sentais poussée par l’urgence de ne pas accepter des situations insupportables
J’ai regretté l’absence d’autres mouvements d’éducation nouvelle. Dans l’espace francophone, il se passe des choses comme en Belgique… (GBEN ou groupe Haïtien d’Éducation Nouvelle…) On a besoin de réfléchir à nos stratégies pour interpeller les pouvoirs publics. Pour l’instant, nous ne sommes qu’une poignée, à contre-courant des idées reçues.

Emmanuèle – J’ai apprécié les interventions de la table ronde de la première matinée. Je suis plus réservée sur les interventions de la salle et le travail en atelier. J’ai regretté que nous n’ayons pas un cahier des charges suffisamment précis avant de se séparer en petits groupes, ce qui a conduit les participants à “s’exprimer” individuellement plutôt qu’à réfléchir ensemble. L’après midi de la deuxième journée et les perspectives de mise en place de recherches-actions ont répondu à mes attentes.

Une question qui n’a pas été soulevée : l’opportunité que représente le contexte de la refondation de l’école portée par Vincent Peillon. Je perçois comme un tabou. Pourtant même si je fais partie de celles et ceux qui portent un jugement sévère sur les capitulations, reniements, compromissions qui caractérisent le gouvernement actuel, j’ai le sentiment que nous avons là un ministre lucide et qualifié et que nous préférons le confort de l’opposition au culot du “chiche, on y va !”. On n’a pas parlé par exemple du suivi scientifique et institutionnel que nécessiteront les actions que nous voulons entreprendre.

Colette – Approfondir, redécouvrir la notion de pédagogie sociale(cela n’est pas nouveau, entre les deux guerres mondiales certains pays membres de la Ligue Internationale de l’Éducation Nouvelle avaient ce souci… cf. la revue “L’Ère Nouvelle), partager des expériences en cours, avec qui créer des alliances pour renverser les fatalités qui sont dans les têtes.

Stéphane – les quelques présentations de pratique me permettent de faire le point sur les miennes, de les re-questionner, de les enrichir et de continuer à faire évoluer le “laboratoire d’idées” que nous essayons de mettre en place au sein de l’école mais aussi dans mon rapport avec la formation MEEF.


Jean-Marie –
Le colloque a peu mobilisé, les participants n’étaient pas nombreux mais le fait qu’il se soit tenu (qui plus est un week-end) est en soi un événement. Les organisations présentes ont démontré bon nombre de convergences et leur capacité à dialoguer et à s’enrichir mutuellement, ce qui sera utile pour conduire d’autres actions.

Q2C – Que vous apporte ce genre de rencontre ?

Jean-Marie – Visiblement les présents étaient motivés et mobilisés et allaient dans le même sens ce qui permet de lutter contre l’isolement et le désenchantement. les apports plus théoriques d’universitaires sont également utiles

Emmanuèle – Cette fois, des perspectives, de recherche action ; l’occasion de promouvoir une école en prise sur la société.

Sylvie – Un souffle d’air dans le quotidien professionnel difficile, des occasions de réfléchir ensemble.

Colette – Mesurer le chemin parcouru, ouvrir des perspectives de travail avec des personnes que je ne connaissais pas.

Stéphane – l’idée qu’à plusieurs on sera plus fort !!!

Mireille – Ce genre de rencontres permet de relancer les énergies, retrouver un certain dynamisme et prendre conscience que quelques autres aussi se battent dans la même direction. Éviter le repliement, l’enfermement, garantie d’une réflexion constructive.

Q2C – Attendez-vous des suites (personnelles ou collectives) ?

Stéphane – les propositions faites de l’ouverture de journées d’études sur le temps scolaire pour développer le processus de recherche action me semblent être riches de nouvelles expériences.

Emmanuèle – J’attendrais que quelques recherches-action impliquant la jeunesse dans la vie de la cité se mettent en place à l’issue de la prochaine rencontre. Étant donnée ma situation de retraitée, je m’imagine plutôt comme soutien, aide au suivi, popularisation d’une de ces recherches action.

Colette – “Revisiter” notre patrimoine d’expériences non pas pour entrer dans une ère de nostalgie, mais, rendre visible ce que nous faisons, inventons, par un faire et non par des discours. Créer les conditions pour que les personnes aient des perspectives, se mettent en mouvement.

Jean-Marie – Un approfondissement des constats effectués sur l’école pour mieux combattre les pesanteurs et les contre réformes qui engluent les enseignants et rendent timorés les partenaires. Il me semble nécessaire d’identifier les principaux verrous source des blocages actuels. L’école est constituée d’écoles et d’établissements qui fonctionnent au sein d’une institution

Des rencontres régionales académiques et interacadémiques qui démultiplient les contenus que les participants maîtrisent ou se sont appropriés sur les rapports entre école et société.
la présentation et l’analyse d’expérimentations scolaires actualisées (AFL, ICEM, GFEN…) qui vont dans le sens des transformations sociales rendues nécessaires par une école toujours plus inégalitaire

Mireille – Bien évidemment, voir plus haut… Un stage en plusieurs sessions…

Q2C – Un souvenir, une phrase, un moment, une réflexion qui vous reste à l’issue de ces 2 jours ?

Colette – “Personne ne changera l’école tout seul”, d’où la nécessité de créer un rapport social, un mouvement avec l’ensemble des forces qui aspirent aux transformations.

Jean-Marie – La définition (osée et marxiste) de la pédagogie « l’ensemble des conditions de développement qui permettent à l’individu d’accéder à la conscience des rapports sociaux qui le déterminent ». Actes de lecture n° 109 mars 2010 /// Pédagogies alternatives /// Marx et Engels, pédagogie et système éducatif /// Jacques Berchadsky

Emmanuèle – L’école comme fabrique de l’impuissance. Une évidence, mieux qu’une belle formule. Un contre-feu imparable à la “fabrique de crétins” ou à l’école sanctuaire.

Sylvie – De jolies engueulades ! et “la pédagogie comme l’ensemble des conditions de développement qui permettent de comprendre et d’accéder à la conscience des rapports sociaux qui nous déterminent.”

Virginie – Une idée qui m’a marqué : l’école est un lieu parmi d’autres, de production de savoirs ; d’où la nécessité d’ouvrir sur le lien social pour sortir des murs de l’institution scolaire.
Et merci à tous pour la richesse de ce colloque.

Stéphane – ATS : activité de transformation sociale… du coup je repars à Marseille avec l’envie de creuser cette idée : qu’est-ce que cela veut dire avec des enfants de TPS PS ET MS en maternelle ?

Mireille – L’intelligence d’un groupe qui a su réajuster au fil des heures pour transformer de manière constructive des premiers échanges assez difficiles… Motivation, honnêteté et volonté de changement ont eu raison des premières sensations négatives certainement produites en partie par le faible effectif et la déception qui pouvait en découler…

Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C

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