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De l’éducation en temps de révolution Nadejda Kroupskaïa, éd. Agone

« Le système d’éducation doit devenir un instrument aux mains des masses, un outil de transformation sociale, politique, et économique. Il n’est ni le réceptacle de savoirs venus d’en haut ni le petit laboratoire d’expériences d’une utopie communautaire. »
Nadejda Kroupskaia

Que lisez-vous en premier chez Lénine ?

– Sa femme … 

Seuls quelques textes de Nadejda Kroupskaia étaient arrivés en France, traduits et parus dans les années 1930, puis 1950 (dans l’Educateur prolétarien, notamment). Ainsi, une figure majeure de la révolution russe, une grande pédagogue avait été invisibilisée. Le livre bénéficie d’une large préface de Laurence de Cock, historienne, qui permet de contextualiser les écrits, et de percevoir l’ampleur des enjeux de ce projet éducatif révolutionnaire, à l’échelle d’un Etat. Ce recueil de textes, parus aux éditions Agone, entend dresser un portrait riche, de cette femme, qui fut longtemps présentée seulement comme l’épouse de Lénine.

En effet, Nadejda Kroupskaia n’a cessé d’écrire.

Quelques scènes permettent de situer son enfance,puis la naissance d’une conscience révolutionnaire, et enfin l’enfance de Lénine. A travers la figure marquante de Timofeika, son institutrice, Kroupskaia donne à voir son goût pour la connaissance, ainsi que l’intérêt grandissant qu’elle aura pour les questions éducatives.

« La guerre et la révolution ont excité dans les masses une soif passionnée de savoir ».

Dans le contexte révolutionnaire, c’est tout le pays qui s’est mis au service du projet éducatif élaboré par Nadejda Kroupskaia. Ses premiers objectifs sont la politisation et l’alphabétisation des masses, mais également la mise en place d’un enseignement polytechnique, la nécessité d’une organisation périscolaire pour améliorer les conditions de misère sociale des paysannes et ouvrières.

Rapidement, les sélections à l’entrée, et à la sortie sont supprimées, les directeurs remplacés par des soviets, l’enseignement religieux est interdit, et les écoles confessionnelles sont nationalisées, l’ « école unique du travail » lancée dès 1918 est gratuite et obligatoire de 6 à 17 ans.

De nombreux textes de réflexion, articles, discours nous permettent d’aborder les thématiques qui nourrissent sa réflexion. Ainsi, Kroupskaia détaille les sources où elle puise sa réflexion, le rôle de la jeunesse dans la révolution, comment l’école agit sur la démocratie ouvrière, comment favoriser le développement harmonieux des enfants,…

le travail « joyeux, créatif, et libre »

Les méthodes pédagogiques mises en place sont directement inspirées de l’éducation nouvelle. Les instituteur.ices doivent s’appuyer sur les intérêts des élèves, c’est-à-dire tout ce qui est susceptible de développer leur curiosité et leur sens de l’expérimentation.

Un autre aspect de la réflexion sera celui du travail productif, de son intérêt social, et des limites quant à l’utilisation de ce travail des enfants. Elle oppose un enseignement polytechnique à l’enseignement professionnel. Notons « qu’il suffit d’une invention pour rendre inutile l’habileté acquise au prix de grands efforts », maîtriser la technique du métier à tisser rend le travailleur dépendant. Ainsi, il est préférable qu’il sache « le rôle de l’industrie textile dans l’économie mondiale, et soviétique. Il apprendra où sont situés ses centres, quelles sont les matières premières utilisées, les perspectives immédiates, les méthodes perfectionnes de leur préparation, de leur conservation. »

La formation d’un élève-ouvrier-citoyen ayant la capacité et les compétences de reprendre l’appareil productif est vu comme moteur de l’émancipation.

« Le rêve est devenu possible, il est tout prêt. […] L’agonie du capitalisme a déjà commencé. »

Bien que nécessairement situés, dans un contexte historique et social particulier, les textes de Nadejda Kroupskaia permettent de nourrir une pensée pédagogique et révolutionnaire, loin des clichés portés sur la période soviétique. Ils sont encore l’occasion de nous poser la question
«  Que serait une école d’État du peuple, par le peuple et pour le peuple ? »

par Steven Masson

https://agone.org/livre/de-leducation-en-temps-de-revolution/

https://agone.org/nadejda-kroupskaia-et-le-versant-educatif-de-la-revolution/

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