Lire l’édito : Prolonger l’aventure… Presque trois cents participants aux ateliers proposés lors du stage « Subvertir la pédagogie » qui s’est tenu les 30 et 31 janvier au cours de deux journées, à la Maison des syndicats de Créteil. Les participants venaient de toute la France, et si tous les âges étaient représentés, la moyenne d’âge était nettement moins élevée que d’habitude dans les assemblées militantes de ces dernières années. Les sourcils se fronceront si on ajoute qu’ils étaient « actifs et enthousiastes », ça fait « langue de bois », et pourtant c’est vrai. L’étiquetage syndical de départ (Sud Éducation, Émancipation, CNT *) ne s’est pas traduit en surenchères radicales ni dans ce verbalisme de compensation que l’on constate trop souvent. Le ton final – et dès les premiers échanges – était plutôt « je vais voir lundi si je peux lancer ça dans ma classe » ou « le journal de Rémi Hess, on va l’essayer ». Sans parler de la volonté de prolonger le stage à l’écrit, sous forme d’un numéro de N’Autre école qui en serait un compte rendu voire plus : assez logique puisque cette revue est partie prenante de ces deux journées, mais c’était inattendu de voir un comité de rédaction passer de cinq à vingt-huit personnes pour l’occasion ! Qu’est-ce qui rassemblait vieux briscards de la pédagogie (pédagogie institutionnelle, Freinet, GFEN…), syndicalistes, enseignants en interrogation (ou participants de plusieurs catégories) ? La volonté de sortir d’une école qui sélectionne et laisse de côté, qui n’ose plus affirmer ses potentialités émancipatrices, certainement. Le désir de travailler en collectif, non pour écraser l’individu comme dans les modèles totalitaires qui ont si longtemps pesé sur le mouvement social, mais pour en faire une force pratique (échanger des expériences, monter des actions à plusieurs, sortir de sa petite structure) qui donne de la cohérence et donc un sens renouvelé à nos métiers. L’idée aussi de changer les rapports avec les élèves, car l’asymétrie n’est pas antinomique de l’égalité. Avec les parents des classes populaires aussi ? Ce sera certainement une piste pour un autre stage. … et continuer le combat ! Mais ce numéro n’est pas un « à l’année prochaine », il n’est pas question de rentrer dans une routine de plus qui nous verrait enchaîner les « subvertir II, III… » (« allez, faut qu’on s’y remette » ! »). C’est plutôt un déploiement dans le registre de l’écrit de réflexions sur l’école telle que nous voulons la transformer plus encore que sur le stage. Certes, nous avons voulu en donner une idée dans ce qu’il avait de vivant, d’inédit (d’où ces « Paroles de stage » qui jalonnent le numéro ou le texte « Richesse des possibles » p. 39), et quelques retours sur la naissance (« Backstage forcément collectif » p. 16) ou le déroulé (« Journal de Natacha » p. 19, « Subvertir qui, subvertir quoi ? » p. 25, « Fréquences subversives » p. 49 » Ateliers philo » page…) **. Nous avons voulu aussi donner un écho des petites utopies qui vivent ça et là (le Lap p. 27 et suivantes, la Freie Schule page, p. 32) ou dont la naissance est attendue (Collège coopératif et polytechnique d’Aubervilliers, p. 35). Nous appuyer également sur des critiques solides de l’existant, avec un regard sur l’histoire du système éducatif (« Deux siècles de façonnage patronal » p. 9), sur son fonctionnement actuel (« Management pédagogique », « Management pédagogique et management tout court » p. 13 et 14) et sur le fonctionnement syndical aussi (« Syndicalisme et pédagogie, quel lien aujourd’hui ? » p. 6). Notre objectif avec ce numéro a été surtout d’envisager comment ça pourrait marcher autrement, dès maintenant, en se fabriquant nous-même et dès maintenant des lendemains sinon chantants du moins possibles : cela va de la classe inversée (p. 42) à l’expérience d’une équipe de Segpa (p. 46) : il s’agit bien de rompre avec les archaïsmes (p. 44), y compris les nôtres, et de réaffirmer par nos pratiques quotidiennes notre objectif égalitaire, ce à quoi nous aide magnifiquement Noëlle de Smet (p. 23) Car c’est bien dans une perspective sociale que ces journées « subvertives » ont eu lieu : si nous voulons faire société dans et entre nos écoles, c’est pour construire (imaginer et bricoler) une autre école, une autre société. • Jean-Pierre Fournier * Outre ces trois mouvements syndicaux, le GFEN Ile-de-France, la revue N’Autre école et le site Questions de classe(s) étaient organisateurs. ** Voir aussi la rubrique « stage » du site Q2C qui s’est lancé le pari de rendre compte de ce foisonnement…
Commander : “Subvertir la pédagogie”, N’Autre école 38; un n° à ne surtout pas manquer !
sommaire.pdf
Il est bien entendu possible de commander un numéro et de s’abonner par courrier en remplissant le bulletin d’abonnement ci-dessous :
Bulletin pour commandes et abonnements par courrier
Abonnements à la revue N’Autre école
Abonnement normal (5 n° / 20 €)
Abonnement syndicats, sections syndicales, mouvements pédagogiques (5 n° / 10 €)
Abonnement “soutien” et international
Lire l’édito : Prolonger l’aventure… Presque trois cents participants aux ateliers proposés lors du stage « Subvertir la pédagogie » qui s’est tenu les 30 et 31 janvier au cours de deux journées, à la Maison des syndicats de Créteil. Les participants venaient de toute la France, et si tous les âges étaient représentés, la moyenne d’âge était nettement moins élevée que d’habitude dans les assemblées militantes de ces dernières années. Les sourcils se fronceront si on ajoute qu’ils étaient « actifs et enthousiastes », ça fait « langue de bois », et pourtant c’est vrai. L’étiquetage syndical de départ (Sud Éducation, Émancipation, CNT *) ne s’est pas traduit en surenchères radicales ni dans ce verbalisme de compensation que l’on constate trop souvent. Le ton final – et dès les premiers échanges – était plutôt « je vais voir lundi si je peux lancer ça dans ma classe » ou « le journal de Rémi Hess, on va l’essayer ». Sans parler de la volonté de prolonger le stage à l’écrit, sous forme d’un numéro de N’Autre école qui en serait un compte rendu voire plus : assez logique puisque cette revue est partie prenante de ces deux journées, mais c’était inattendu de voir un comité de rédaction passer de cinq à vingt-huit personnes pour l’occasion ! Qu’est-ce qui rassemblait vieux briscards de la pédagogie (pédagogie institutionnelle, Freinet, GFEN…), syndicalistes, enseignants en interrogation (ou participants de plusieurs catégories) ? La volonté de sortir d’une école qui sélectionne et laisse de côté, qui n’ose plus affirmer ses potentialités émancipatrices, certainement. Le désir de travailler en collectif, non pour écraser l’individu comme dans les modèles totalitaires qui ont si longtemps pesé sur le mouvement social, mais pour en faire une force pratique (échanger des expériences, monter des actions à plusieurs, sortir de sa petite structure) qui donne de la cohérence et donc un sens renouvelé à nos métiers. L’idée aussi de changer les rapports avec les élèves, car l’asymétrie n’est pas antinomique de l’égalité. Avec les parents des classes populaires aussi ? Ce sera certainement une piste pour un autre stage. … et continuer le combat ! Mais ce numéro n’est pas un « à l’année prochaine », il n’est pas question de rentrer dans une routine de plus qui nous verrait enchaîner les « subvertir II, III… » (« allez, faut qu’on s’y remette » ! »). C’est plutôt un déploiement dans le registre de l’écrit de réflexions sur l’école telle que nous voulons la transformer plus encore que sur le stage. Certes, nous avons voulu en donner une idée dans ce qu’il avait de vivant, d’inédit (d’où ces « Paroles de stage » qui jalonnent le numéro ou le texte « Richesse des possibles » p. 39), et quelques retours sur la naissance (« Backstage forcément collectif » p. 16) ou le déroulé (« Journal de Natacha » p. 19, « Subvertir qui, subvertir quoi ? » p. 25, « Fréquences subversives » p. 49 » Ateliers philo » page…) **. Nous avons voulu aussi donner un écho des petites utopies qui vivent ça et là (le Lap p. 27 et suivantes, la Freie Schule page, p. 32) ou dont la naissance est attendue (Collège coopératif et polytechnique d’Aubervilliers, p. 35). Nous appuyer également sur des critiques solides de l’existant, avec un regard sur l’histoire du système éducatif (« Deux siècles de façonnage patronal » p. 9), sur son fonctionnement actuel (« Management pédagogique », « Management pédagogique et management tout court » p. 13 et 14) et sur le fonctionnement syndical aussi (« Syndicalisme et pédagogie, quel lien aujourd’hui ? » p. 6). Notre objectif avec ce numéro a été surtout d’envisager comment ça pourrait marcher autrement, dès maintenant, en se fabriquant nous-même et dès maintenant des lendemains sinon chantants du moins possibles : cela va de la classe inversée (p. 42) à l’expérience d’une équipe de Segpa (p. 46) : il s’agit bien de rompre avec les archaïsmes (p. 44), y compris les nôtres, et de réaffirmer par nos pratiques quotidiennes notre objectif égalitaire, ce à quoi nous aide magnifiquement Noëlle de Smet (p. 23) Car c’est bien dans une perspective sociale que ces journées « subvertives » ont eu lieu : si nous voulons faire société dans et entre nos écoles, c’est pour construire (imaginer et bricoler) une autre école, une autre société. • Jean-Pierre Fournier * Outre ces trois mouvements syndicaux, le GFEN Ile-de-France, la revue N’Autre école et le site Questions de classe(s) étaient organisateurs. ** Voir aussi la rubrique « stage » du site Q2C qui s’est lancé le pari de rendre compte de ce foisonnement…
Prolonger l’aventure… et continuer le combat !
«La volonté de sortir d’une école qui sélectionne et laisse de côté, qui n’ose plus affirmer ses potentialités émancipatrices, certainement. Le désir de travailler en collectif, non pour écraser l’individu comme dans les modèles totalitaires qui ont si longtemps pesé sur le mouvement social, mais pour en faire une force pratique (échanger des expériences, monter des actions à plusieurs, sortir de sa petite structure) qui donne de la cohérence et donc un sens renouvelé à nos métiers.»
Le nouveau numéro de la revue N’Autre école est à présent disponible
Découvrir le sommaire…
Lire l’édito : Prolonger l’aventure… Presque trois cents participants aux ateliers proposés lors du stage « Subvertir la pédagogie » qui s’est tenu les 30 et 31 janvier au cours de deux journées, à la Maison des syndicats de Créteil. Les participants venaient de toute la France, et si tous les âges étaient représentés, la moyenne d’âge était nettement moins élevée que d’habitude dans les assemblées militantes de ces dernières années. Les sourcils se fronceront si on ajoute qu’ils étaient « actifs et enthousiastes », ça fait « langue de bois », et pourtant c’est vrai. L’étiquetage syndical de départ (Sud Éducation, Émancipation, CNT *) ne s’est pas traduit en surenchères radicales ni dans ce verbalisme de compensation que l’on constate trop souvent. Le ton final – et dès les premiers échanges – était plutôt « je vais voir lundi si je peux lancer ça dans ma classe » ou « le journal de Rémi Hess, on va l’essayer ». Sans parler de la volonté de prolonger le stage à l’écrit, sous forme d’un numéro de N’Autre école qui en serait un compte rendu voire plus : assez logique puisque cette revue est partie prenante de ces deux journées, mais c’était inattendu de voir un comité de rédaction passer de cinq à vingt-huit personnes pour l’occasion ! Qu’est-ce qui rassemblait vieux briscards de la pédagogie (pédagogie institutionnelle, Freinet, GFEN…), syndicalistes, enseignants en interrogation (ou participants de plusieurs catégories) ? La volonté de sortir d’une école qui sélectionne et laisse de côté, qui n’ose plus affirmer ses potentialités émancipatrices, certainement. Le désir de travailler en collectif, non pour écraser l’individu comme dans les modèles totalitaires qui ont si longtemps pesé sur le mouvement social, mais pour en faire une force pratique (échanger des expériences, monter des actions à plusieurs, sortir de sa petite structure) qui donne de la cohérence et donc un sens renouvelé à nos métiers. L’idée aussi de changer les rapports avec les élèves, car l’asymétrie n’est pas antinomique de l’égalité. Avec les parents des classes populaires aussi ? Ce sera certainement une piste pour un autre stage. … et continuer le combat ! Mais ce numéro n’est pas un « à l’année prochaine », il n’est pas question de rentrer dans une routine de plus qui nous verrait enchaîner les « subvertir II, III… » (« allez, faut qu’on s’y remette » ! »). C’est plutôt un déploiement dans le registre de l’écrit de réflexions sur l’école telle que nous voulons la transformer plus encore que sur le stage. Certes, nous avons voulu en donner une idée dans ce qu’il avait de vivant, d’inédit (d’où ces « Paroles de stage » qui jalonnent le numéro ou le texte « Richesse des possibles » p. 39), et quelques retours sur la naissance (« Backstage forcément collectif » p. 16) ou le déroulé (« Journal de Natacha » p. 19, « Subvertir qui, subvertir quoi ? » p. 25, « Fréquences subversives » p. 49 » Ateliers philo » page…) **. Nous avons voulu aussi donner un écho des petites utopies qui vivent ça et là (le Lap p. 27 et suivantes, la Freie Schule page, p. 32) ou dont la naissance est attendue (Collège coopératif et polytechnique d’Aubervilliers, p. 35). Nous appuyer également sur des critiques solides de l’existant, avec un regard sur l’histoire du système éducatif (« Deux siècles de façonnage patronal » p. 9), sur son fonctionnement actuel (« Management pédagogique », « Management pédagogique et management tout court » p. 13 et 14) et sur le fonctionnement syndical aussi (« Syndicalisme et pédagogie, quel lien aujourd’hui ? » p. 6). Notre objectif avec ce numéro a été surtout d’envisager comment ça pourrait marcher autrement, dès maintenant, en se fabriquant nous-même et dès maintenant des lendemains sinon chantants du moins possibles : cela va de la classe inversée (p. 42) à l’expérience d’une équipe de Segpa (p. 46) : il s’agit bien de rompre avec les archaïsmes (p. 44), y compris les nôtres, et de réaffirmer par nos pratiques quotidiennes notre objectif égalitaire, ce à quoi nous aide magnifiquement Noëlle de Smet (p. 23) Car c’est bien dans une perspective sociale que ces journées « subvertives » ont eu lieu : si nous voulons faire société dans et entre nos écoles, c’est pour construire (imaginer et bricoler) une autre école, une autre société. • Jean-Pierre Fournier * Outre ces trois mouvements syndicaux, le GFEN Ile-de-France, la revue N’Autre école et le site Questions de classe(s) étaient organisateurs. ** Voir aussi la rubrique « stage » du site Q2C qui s’est lancé le pari de rendre compte de ce foisonnement…