Louise Thierry, c’est une professeure des écoles dans les quartiers Nord de Paris, au milieu des petits élèves d’une cité du 19ème arrondissement. Elle travaille en pédagogie Freinet, enfin plus ou moins… Elle vous raconte !
La dernière fois, dans sa chronique n°2, il avait été question du 11 (ou plutôt du 12) novembre en classe et de ce journal intime pastiche d’une jeune fille, Geneviève Darfeuil, durant la Première Guerre mondiale. C’était par ici.
Une semaine plus tard, les élèves tâtonnent entre productions littéraires et recherches en histoire…
Pratiquer la fiction historique quand on a 10 ans :
une leçon d’Histoire ?
Mardi après-midi.
Équipe éducative en urgence, Dioukou explose en classe… Dispatcher les CM2 B à travers toutes les classes de l’école. Pas le choix, c’est le seul créneau disponible pour cela, et l’hypothèse d’un.e remplaçant.e n’existe plus en cette situation.
Occuper les élèves pour l’heure qui vient… Nous devions faire de l’Histoire…
Une petite étude de documents avec des questions ? Ah non !
La semaine dernière, nous avions découvert Geneviève Darfeuil, cette jeune fille imaginaire de 1914, qui nous avait fait entrevoir la vie durant la Première Guerre mondiale.
En faire un personnage de la classe, que l’on côtoie… pour côtoyer l’Histoire… Oui, peut-être…
Consigne :
Vous allez imaginer la suite du journal intime de Geneviève Darfeuil, au moment où son frère, André, repart pour les tranchées. Attention : du réalisme, du contexte… Nous faisons de la fiction historique !
Des grappes de CM2 B migrent dans les classes de l’école, deux par deux. En main : de quoi écrire et une liasse de documents. Les collections du type Tout en doc sont fort utiles dans ces moments-là… Photos des tranchés, lettres de poilus, femmes dans les usines d’armements, documents officiels…
Pas de chronologie : ce n’est ni l’heure… ni le propos !
A la dernière minutes, Dioukou me rattrape par la manche :
« Maitresse ! Comment on fait pour parler à la place de quelqu’un qu’on ne connait même pas ?
– On essaye de se mettre dans sa peau, de comprendre ce qu’elle peut ressentir… et on se documente sur l’époque dans laquelle elle vit… »
Dioukou bougonne et traine les pieds… dépité par les idées de sa maitresse, qu’il juge… tellement loufoques !
« On a déjà fait l’atelier pscycho-Lévine hier… Alors bon ! Et puis là, c’est de l’Histoire qu’on doit faire, normalement ! »
Le soir venu, je trouve le texte écrit par Dioukou :
Dimanche 17 octobre 1915
André doit repartir à la guerre. Au début, j’ai cru que je ne le reverrai jamais, qu’il allait mourir. Mais il allait partir. J’ai commencé à pleurer mais il m’a tenu les mains, il s’est agenouillé et il a dit : « Geneviève, je te l’ai jamais dit car je ne montre jamais mes émotions mais, même si je meurs, tu seras toujours dans mon cœur. »
C’était trop mignon ! J’ai répondu : « Ne t’inquiète pas tu vas pas mourir. » Ensuite on a commencé à sourire et j’ai dit : « Je t’aime. » Et il a répondu : « Moi aussi. »
De quoi nous parle Dioukou ? Fait-il de l’Histoire ?
Ma part didactique dans cet essai était-elle suffisante ?
En revenant à l’école le lendemain, j’apprends par mon collègue, Arthur Serret, que Dioukou et Amel ont demandé à aller improviser la scène dans le couloir pour mieux imaginer les choses. Le maitre a dit OUI ! Dans nos classes, les corps sont assez libres… Et cela ouvre les horizons ! Se mettre dans la peau de… Petits éclats de vie, pleins de génies enfantins.
Pendant ce temps, nous, les adultes, étions alors réunis pour parler de Dioukou, de son comportement, problématique. Dioukou est un petit garçon écorché, qui interroge en permanence l’estime qu’ont les autres de lui-même… Il vit au milieu de deux grands frères en situation de handicap, qui captent toute l’attention… Il est le petit dernier et (se) demande toujours si on l’aime… Où est sa place, quoi…
Ce jour-là, Dioukou attrape la consigne, la tord un peu et… décide de nous parler de son environnement familial, presque de ses états d’âme du moment… à travers la peau de protagonistes plongé.es dans la Grande guerre… Est-ce vraiment de l’Histoire ? Quel statut donner à son écrit ?
Le soir venu, sur mon canapé, j’ai continué à feuilleter les écrits de mes élèves.
Chacun.e sa couleur, 21 Geneviève Darfeuil répondent à l’appel !
Amel est une petite fille très aventurière, pleine de fantaisie. Elle n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à s’inventer mille vies. Les adultes ne lui font pas vraiment peur. Elle veut sauver le monde, aussi, et s’avère très sentimentale…
Voici son texte :
La dernière nuit d’André à la maison, j’ai pleuré toute la nuit mais je savais qu’il partait pour la bonne cause. Le matin, j’avais des cernes, je n’ai pas mangé. Ma mère s’est inquiétée. Je lui ai dit que tout allait bien.
A la gare, André allait prendre le train pour retourner dans les tranchées. Au moment où il était en train de parler avec ma mère pour lui dire au-revoir, je me suis allongée sous son siège dans le train. Et j’ai senti qu’il s’asseyait.
Le train démarre. Deux heures après, je sens un gros BOUM qui me réveille et j’entends : « Nous sommes arrivés. »
André s’apprête à descendre mais on l’arrête et j’entends ça : « Un télégramme vient d’arriver : votre sœur a disparu. » Mon frère est resté paralysé pendant une minute, jusqu’à ce qu’on le bouscule. Heureusement, j’ai eu le temps de sauter du train jusqu’à arriver dans une tente derrière les tranchées. Dans cette tente, je ne faisais plus trop attention donc mon frère a fini par me voir. J’étais déjà en train de prier et de le supplier de pouvoir rester avec lui sur le front de la guerre :
« Qu’est-ce que tu fais là, Geneviève ?
– Je veux rester avec toi. Moi aussi je veux servir à quelque chose. Je peux être infirmière ou faire à manger. »
Le lendemain matin, j’ai été réveillée par un nouveau gros BOUM et tout le monde criait… Je me disais que j’allais être la première femme dans la guerre !Texte écrit par Amel alias Geneviève Darfeuil.
Fatou et Fatoumata, quant à elles, ont travaillé ensemble : leurs textes se ressemblent.
Et alors ? Chacune finit par donner sa propre lecture des événements.
Chaque visage qu’elles livrent de Geneviève est tout à la fois sensible et personnel. Le format du journal intime fonctionne, il permet l’identification. C’est un récit de soi, où l’Histoire devient vivante, se met à nous toucher. Chemin faisant, chacune met en exergue ce qui lui paraît important à retenir dans l’histoire de cette guerre.
Dimanche 17 octobre 1915
Mon frère est parti, cela fait déjà une journée. Demain, je lui enverrai une lettre, c’est promis. Voici ce que je pensais lui écrire :
Lettre
Cher frère,
Tu me manques énormément. Je n’arrête pas de penser à ce que tu m’as dit par rapport à la guerre. La vie est très ennuyeuse sans toi. J’espère que tu es toujours en vie et que malgré ce que tu vis tu penses à nous. J’espère que cette permission t’a aidé et t’a donné des forces et j’espère que tu es là-bas pour une bonne raison et que tu auras encore cette permission. Je sais que tu es dans les tranchées et que tu peux mourir à tout moment, que tu es toujours couvert de boue. Moi je dors sous un toit dans un lit confortable et savoir que tu dors dans les tranchées, que la boue entre partout me fait mal au cœur.
Maman galère à trouver de l’argent pour nous nourrir et nous abreuver : elle pourrait faire le travail des hommes dans les usines ou devenir infirmière pour les soldats blessés qui sont au Grand Palais mais, si elle faisait ça, elle n’aurait pas le temps de s’occuper de moi. Qu’elle est douce, notre maman…
Je suis souvent seule à la maison, j’aimerais travailler pour l’aider mais… je suis une petite fille. Elle rentre souvent avec des fruits, c’est tout ce qu’on peut se permettre.
A bientôt je l’espère.
Ta chère Geneviève.
(Fatou)
Fatou et Fatoumata se sont saisies de la documentation livrée par la maitresse : elles fixent leur attention sur les documents relatifs au travail des femmes, dans les usines d’armements.
Fatou vit dans une famille où les parents travaillent beaucoup. Sa maman rentre tard, elle n’a pas beaucoup de temps pour elle. C’est compliqué de la recevoir en rendez-vous, il faut trouver le bon horaire. Fatou s’attache à être une bonne élève. C’est ainsi que, dans ce travail, Fatou se rend sensible à la cause des enfants… Sa problématique d’apprentie historienne : les relations filiales dans la guerre.
Fatoumata, quant à elle, a écrit à sa correspondante que, plus tard, elle deviendrait avocate pour empêcher les discriminations et lutter contre les injustices. Elle déteste le racisme. Pour son projet personnel, elle a choisi de faire une recherche sur la traite négrière. Dans la classe, elle a trouvé une BTJ sur Toussaint Louverture et elle s’est dit qu’en plus d’un exposé sur l’esclavage, c’était bien de parler de ce révolutionnaire… Promis, je n’ai rien dit, rien fait… J’avais simplement ces documents dans la classe…
Dimanche 17 octobre 1915
Cher frère,
Tu es parti depuis maintenant deux jours et tu me manques déjà. J’espère que cette permission t’a fait du bien. J’aurais aimé que tu restes plus longtemps mais je sais que c’est pour une bonne raison que tu es reparti dans ces tranchées. Hier, je suis allée au jardin de la dernière fois où nous nous sommes promenés, j’ai creusé dans la terre pour essayer de ressentir ce que tu vis tous les jours mais je sais que c’est rien comparé à ce que tu ressens. Les autres soldats vous prennent toi et les autres chefs pour des monstres car vous envoyez des hommes au front entre les tranchées alors que vous vous restez là sans rien faire. Moi je pense que tu ne le fais pas pour le plaisir… Tu es obligé par la guerre…
Maman a du mal à s’occuper de moi. Elle ne travaille pas à l’usine car elle refuse de fabriquer des armes qui pourraient te tuer. Donc, chaque jour, des hommes en noir viennent toquer à la porte pour le loyer.
En tout cas, tu m’inspires. Tu va sûrement te demander pourquoi… Tu m’inspires car même si la guerre est très cruelle, tu as toujours un cœur, il est plus dur qu’avant mais je sais qu’il est là. Nous, depuis quelques jours, nous sommes au service des hommes de la guerre : nous fabriquons des vêtements chauds pour vous et des toiles pour vos tentes et vos camions. Comme ça, j’ai un peu l’impression de t’aider. La maison est vide sans toi. Quand j’aurai 18 ans, je partirai à la guerre en tant qu’infirmière et, qui sais ? Je serai peut-être l’une des premières femmes dans l’armée.
A bientôt, reste en vie,
Ta sœur chérie.
(Fatoumata)
Fatoumata, comme il se doit, fait siens les combats féministes de l’époque…
Elle intègre le sentiment pacifiste qui gronde, aussi…
La réalité quotidienne des femmes dans la grande guerre apparaît, à travers ses yeux de petite fille des classes populaires.
Mais… durant cette séance d’Histoire bricolée en dehors de la classe, avons-nous fait de l’Histoire ; qu’avons-nous appris de cette page majeure du programme, la Grande guerre ?
En tout cas, chaque élève a écrit avec plaisir… Fait rare, en définitive… Il faudra recommencer, alors !
Le plaisir d’être en classe, c’est à dire d’y contribuer, de la faire sienne fonctionne à plein ici…
… Il faudrait que j’écrive, aussi, sur ce pouvoir du texte libre dans une classe ; ce pouvoir donné à l’enfant décrocheur qui, parce qu’il se sent autorisé à se livrer, renoue avec l’acte d’écrire et décide de faire sienne une école, une classe, parce qu’elle lui ressemble…
Je me souviens de ces quelques jours de fin d’été, passés au congrès de l’ICEM.
Des centaines d’enseignant.es s’y réunissent cinq jours durant, autour de l’Institut Coopératif de l’École Moderne et de la pédagogie Freinet. Pratiquer la coformation et l’échange de pratiques, réfléchir ensemble au métier, aux méthodes que nous mettons en œuvre dans les classes, que l’on souhaite les plus émancipatrices possible… Prendre ce temps, chercher, en plein été. Dans l’institution, la vraie formation, celle qui permet une véritable réflexion didactique, manque cruellement. Au Ministère, c’est le temps des injonctions.
Atelier sur l’enseignement de l’Histoire : une enseignante d’Histoire-géo pratique le texte libre au lycée. Dans sa salle de classe, les manuels sont à la disposition des élèves. Ils y viennent pour… écrire, accomplir leurs recherches personnelles, présenter leurs travaux, selon leur propre cheminement dans le programme.
Le texte libre en Histoire, c’est comme n’importe quel texte libre sauf qu’il est contextualisé, ancré dans une époque et qu’il en raconte quelque chose. C’est un point de vue.
Ce peut être un texte documentaire, bien-sur ; et les élèves produisent alors leur propre trace écrite, leurs propres savoirs sur un événement, une période. On est déjà, presque, dans la mini-thèse.
Mais cela peut aussi être un texte de fiction.
Dans les textes de fiction d’élèves, on croise à coup sûr des personnages qui obéissent, peu ou prou, à la trame du récit classique (celui du conte) : situation initiale, élément perturbateur, péripéties, résolution et potentielle transformation. En Histoire, on ancrera le récit dans un contexte historique particulier. Cela demande à l’élève de se documenter, sérieusement… On apprend à croiser des sources, diverses, pour rendre vivante l’époque, pour la comprendre… et cela sert aussi pour soi, pour devenir une personne du monde. Chemin faisant, les élèves prêtent à leurs personnages leurs émotions, leurs manières d’agir, dans des intrigues qui interrogent les enjeux historiques de l’époque dans laquelle ils se plongent…
C’est une manière sensible de faire de l’Histoire, de la comprendre, de l’analyser.
C’est une manière sensible de faire de l’enquête historique.
Faire de l’Histoire à l’école pourrait-il servir à cela : devenir une personne du monde ?
Je me souviens de mes vacances de petite fille, passées chez mes grands-parents.
Chaque matin, mon grand-père écrivait. Durant toute l’enfance de ma mère, il avait été militant communiste puis critique du parti. Durant toute la mienne, il avait consacré son temps à l’écriture de ses mémoires, ces Chroniques d’un monde englouti… A table, le midi, il racontait… ce soir de février 1962, par exemple, où un jeune homme est mort à côté de lui, à la station Charonne. Il faisait vivre l’Histoire, peuplait nos imaginaires…
Je me souviens aussi des jours où il récitait, par cœur, des pages entières de Germinal. Je me souviens, dans son bureau, d’avoir feuilleté les Carnets d’enquêtes de Zola. Cette enquête dans les corons… et ces portraits de familles de mineurs. Zola n’était pas historien, plutôt une sorte d’anthropologue. Il était romancier, aussi.
Est-ce de tout cela que l’on tire, de mère en fille, cette conscience aiguë que la fiction, par la force des personnages et des situations, se rend témoin d’une époque, capable de visser une page d’Histoire dans les cœurs en quelques minutes ?
Connaissez-vous cette scène de cours d’Histoire, dans le film Diabolo menthe (Diane Kurys, 1977), où cette jeune fille, Pascale, lance sur un ton hésitant « Mais… y a eu Charonne quand même ?! », et raconte :
C’était quand y avait tous les plastiquages OAS dans Paris. Y avait eu une manifestation, contre les attentats. On habitait boulevard Voltaire, à l’époque. C’est comme ça que j’ai vu tout ce qui s’est passé. Y avait beaucoup de monde… avec mon père, on était sur le balcon. On criait des slogans, avec les manifestants. C’est quand les gens ont commencé à partir que les flics ont commencé à charger. Ils sont devenus complètement enragés ! Ils se sont mis à cogner dans tous les sens. Mon père a fermé la fenêtre. Même avec les fenêtre fermées, on entendait les gens crier. Quand on est ressorti, y avait plus personne… et par terre, y avait des chaussures, plein de chaussures. Sur les trottoirs, dans les caniveaux… y avait des gens qui les ramassaient. […] Avec mon père on est allé à l’enterrement. On s’est retrouvé place de la République, juste derrière le portrait de Daniel Ferry, un lycéen de 15 ans qui avait été tué. Ils l’avaient mis dans un cercueil tout blanc sur un char recouvert de fleurs blanches… parce que c’était un enfant. Y avait des fleurs partout : des couronnes, des bouquets… ça tournait la tête, tellement y avait des fleurs. […]
De mère en fille, nous y laissons des larmes, chaque fois…
A quel instant de ma vie de petite fille ai-je décidé de faire de l’Histoire, avant de devenir instite ?
Des années après, ce mardi de novembre 2021 : qu’a vécu la classe que je mène en cette année de CM2 ?
Au bout du compte, nos 21 Geneviève Darfeuil sont 21 facettes de la jeunesse féminine d’une époque, celle de la Grande guerre. Chaque élève a fait sienne cette jeune fille de 1915. Chaque élève a fait sienne cette époque de la guerre. Chaque élève en donne une lecture, documentée et sensible.
Désormais, l’Histoire est une chose qui appartient à la classe.
Chaque élève s’autorise cette posture et interroge l’Histoire pour elle ou lui, parce qu’iel sait maintenant que, depuis la nuit des temps et pour toujours, des milliards d’enfants comme lui ou elle, de personnes comme tout le monde vivent, font et traversent l’Histoire, comme lui ou elle.
« Les enfants, j’ai lu tous vos textes. Vous avez super bossé, y a de quoi être fiers !
– Maitresse ?! On est des historien.nes, maintenant ?
– Ça commence… Vous commencez à savoir voyager dans le temps, en tout cas ; à sentir comment vivaient les enfants dans la Guerre… Mais il y a encore du travail ! Mardi prochain, nous avons rendez-vous avec Marie-Aimée, aux Archives de Paris : elle nous prépare un atelier sur la vie quotidienne des parisien.nes pendant la Première Guerre mondiale.
– Ah ! Bon ben j’ai beaucoup de choses à lui demander, alors… J’espère qu’elle va nous donner beaucoup de documents : j’en ai besoin pour mes nouveaux textes libres, il me faut des détails ! »
Ça commence…
Devoirs pour lundi :
Voici une chronologie qui reprend toutes les étapes de la Première Guerre mondiale, ainsi qu’un petit texte explicatif. Lisez bien tout cela : vous en aurez besoin pour aller aux Archives de Paris mardi !