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C’est la racaille ? C’est la canaille ? Et bien, j’en suis !*

Le site Riposte Laïque, sombre groupuscule identitaire d’extrême droite, vient de publier un texte d’une rare violence consistant à établir une liste d’enseignants (en Histoire) à « virer de l’Éducation nationale ». Un texte totalement délirant comme seuls les rédacteurs de cette officine sont capable d’en produire.

Plusieurs collègues sont nommément ciblé.e.s et jeté.e.s en pâture à la vindicte populaire, dont nos amies Laurence de Cock et Mathilde Larrère, bien connues des lecteurs et lectrices de Q2C.

Nous tenons ici à manifester notre entière solidarité, mais surtout nous voulons rappeler que cette publication est aussi un des nombreux épisodes d’une offensive contre toutes celles et tous ceux – syndicalistes, pédagogues, historien.ne.s, etc. – qui luttent dans l’école publique, pour la transformer et en faire un lieu d’émancipation individuelle et collective face aux nostalgiques réac-publicains de la régression, de la sélection, de l’épuration…

L’extrême droite ne s’autorise ce genre de “coup” que parce que d’autres, considéré.e.s comme plus “policés” et qui se reconnaitront, ont délibérément distillé, dans leurs pamphlets ou leurs prises de position publique, un discours de haine, de violence, de délation.

On constate aussi que notre ministre, Jean-Michel Blanquer, est plus prompt à faire la Une de Valeurs actuelles à accorder ses interviews à SOS éducation ou à brandir la menace judiciaire face aux syndicats de lutte qu’à condamner ces pratiques de l’extrême droite d’appel à la haine…

A celles-ci et ceux-ci nous répondrons simplement que nous considérerions comme une injure de ne pas figurer sur toutes leurs listes noires, passées, présentes et à venir…

Grégory Chambat

* Ce titre fait référence à La Canaille, chanson d’Alexis Bouvier, musique de Jospeh Darcier. Un célèbre chant composé en 1863 qui fut aussi un grand succès sous La Commune de Paris (1871).

Dans la vieille cité française

Existe une race de fer

Dont l’âme comme une fournaise

A de son feu bronzé la chair.

Tous ses fils naissent sur la paille,

Pour palais ils n’ont qu’un taudis.

C’est la canaille, et bien j’en suis.

C’est en bordure de nos villes

Et c’est au pied de vos allées

Ces ombres grises qui se faufilent

Inquiétantes pour vous défier

Mais nos regards sont aiguisés

Et vos peurs sont incendiées

C’est la racaille et bien j’en suis.

Ce n’est pas le pilier du bagne,

C’est l’honnête homme dont la main

Par la plume ou le marteau

Gagne en suant son morceau de pain.

C’est le père enfin qui travaille

Des jours et quelques fois des nuits.

C’est la canaille, et bien j’en suis.

Tous les jours tu pars au turbin

Dans ton auto dans ton métro

Nous on ne veut pas de ce trafic

on veut d’la maille pas du turbin

Alors on traîne notre ennui

Sur les pavés de la cité

C’est la racaille et bien j’en suis

C’est l’artiste, c’est le bohème

Qui sans souffler rime rêveur,

Un sonnet à celle qu’il aime

Trompant l’estomac par le cœur.

C’est à crédit qu’il fait ripaille

Qu’il loge et qu’il a des habits.

C’est la canaille, et bien j’en suis.

Dans les cités de l’an 20O0

La poésie brûle dans la rue

Elle griffonne sur tous les murs

Ces mots d’amours et de colères

Nos moteurs arrachent le bitume

Nos chevauchées sont fantastiques

C’est la racaille et bien j’en suis

Enfin c’est une armée immense

De la racaille à la canaille

Qui depuis des années travaillent

Pour engraisser quelques rupins

Toujours avec esprit, il raille

se moquant de votre mépris

c’est la canaille et bien j’en suis.

C’est la racaille, canaille

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