« L’école sans parti » est un mouvement réactionnaire dont les idées agitent l’opinion publique au Brésil. En ligne de mire : l’éducation critique au Brésil. C’est donc la volonté de promouvoir une éducation critique appuyée sur les sciences sociales qui est la cible. On reconnaîtra une polémique qui a déjà agité le système français concernant l’introduction du genre à l’école. Mais de manière générale, les controverses pédagogiques au Brésil portent plus sur les finalités critiques de l’enseignement que sur les méthodes pédagogiques. Afin de mieux comprendre cette polémique, voici la traduction du communiqué de l’Association nationale des professeurs d’histoire (ANPUH) en date du 18 avril 2016 qui explique les raisons de son opposition au mouvement de L’école sans parti.
Il y a peu le projet de loi n°8.242/16 a été approuvée par la Municipalité de Campo Grande/MS. Celui-ci fixe les programmes scolaires dans les salles de classe des institutions d’éducation primaire. Le projet fait l’objet d’un appui du Mouvement national de l’école sans parti qui a pour objectif de contrôler ou de maintenir le fonctionnement de ces écoles comme des lieux de production et de diffusion de connaissance en ayant pour discours que les élèves des écoles privées ou publiques sont victimes de groupes, de courants politiques et d’idéologies qui ont des prétentions hégémoniques. L’article 2 du projet de loi prescrit qu’il est interdit aux pouvoirs publics de faire « des leçons sur des thèmes comme l’orientation sexuelle des élèves et de ne pas permettre des pratiques en mesure de compromettre, précipiter ou diriger le développement de sa personnalité, et cela en harmonie avec la spécificité de son identité biologique de sexe ». En outre, selon ce projet, le professeur « ne pourra pas faire de la propagande politique et partidaire en salle de classe, ni inciter ses élèves à participer à des manifestations ». La justification pour cette interdiction part du présupposé que c’est aux parents d’apprendre à leur enfants une éducation morale qui soit en accord avec leurs propres convictions ou que « l’éducation sexuelle et religieuse » relève du rôle des parents et qu’il revient au personnel politique l’orientation sur la politique partidaire.
Le projet s’oppose à ce qu’il défini comme la prétendue « idéologie du genre » et considère le professeur comme « un entremetteur idéologique et partidaire » et les élèves comme « une assistance captive et victime passive d’agents idéologiques ».
Le « Mouvement école sans parti » développe une théorie conspirationniste selon laquelle les écoles sont dominées par des groupes de gauchistes qui y développent un projet doctrinaire contre les valeurs morales de la famille et de l’ordre politique et social en vigueur. A partir de ces arguments fallacieux, les défenseurs du projet fomente un climat de suspicion sur l’acte d’enseigner et disqualifie l’école comme lieu de formation de la citoyenneté, de promotion des valeurs démocratiques et de respect des droits humains.
La stratégie de ce « mouvement » est de transformer une loi ordinaire en un programme d’intolérance. Sur cette base, il a créé un modèle de projet de loi à disposition de n’importe quel parlementaire qui est disposé à le présenter dans les parlements de la fédération. Il existe déjà divers projets de loi qui sont en cours dans le Congrès national, dans les assemblées législatives des états et dans les conseils municipaux. […]
L’ANPUH rejette toutes les tentatives opposées à la constitution qui définit l”Etat brésilien comme « Démocratique, Républicain et laic ». Le projet de loi « Ecole sans parti » est de ce fait inconstitutionnel. […]
L’approbation du projet de loi dans plusieurs villes du pays, comme cela a été mentionné, s’est produit sur la pression de membres des conseils municipaux pour des intérêts politiques partisans revêtus des principes moraux et religieux. […]