Un premier bilan inquiétant de la rentrée 2025 par le Collectif Une Seule Ecole
Une rentrée 2025 encore difficile pour les élèves handicapéEs, leurs familles & les personnels handicapés. Si l’école inclusive n’a jamais existé en France, l’Education Nationale la détourne pour renforcer la ségrégation, bien aidée par les positions d’organisations syndicales. L’avènement d’une école excluante.
D’abord le contexte. Les Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) se déploient. Sous prétexte de fluidifier les parcours, ils permettront à l’institution scolaire et aux MDPH d’éviter les condamnations pour défaut d’accompagnement.
https://www.education.gouv.fr/bo/2024/Hebdo27/MENE2416076C
L’Education Nationale pourra décider seule de mettre des moyens humains ou matériels à disposition des élèves handicapéEs mais aussi de celleux dits à besoins éducatifs particuliers, sans reconnaissance de handicap. Des moyens toujours moins importants pour toujours plus d’élèves.
La dérive prévisible consistera à donner des miettes de moyens humains et matériels aux élèves avec des difficultés simples pour qu’iels suivent le rythme de leur classe. Les élèves avec des besoins importants seront sacrifiéEs car sans aide iels n’arriveront pas à suivre le rythme scolaire.
Les élèves jugéEs trop handicapéEs, considérés comme pas assez productifs, seront donc à terme sacrifiéEs & renvoyéEs chez elleux ou enferméEs en institution, qui coûtent pourtant plus cher qu’une scolarisation adaptée mais personne ne trouve rien à redire au système ségrégatif des IME, CEM etc
L’Educ Nat exhibera les rares élèves en difficulté arrivant à suivre avec 2 h d’aide humaine mutualisée par semaine, souvent issuEs de familles au capital économique & culturel important. En réalité, de nombreux enfants seront privéEs des aides nécessaires à leur scolarité & leur émancipation.
Ensuite, l’institution scolaire n’est pas seule pour exclure les enfants avec le plus de besoins des écoles, des collèges et des lycées. Elle peut désormais compter sur le premier syndicat dans le premier degré : la FSU-SNUIPP qui a fait circuler une enquête biaisée sur l’école inclusive.
Cette enquête qui n’évoquait nulle part l’idée d’une désinstitutionnalisation (fermeture des structures pour enfants handicapéEs) assorti d’un redéploiement des moyens médico-sociaux dans les établissements a permis de conclure que les enseignants souffraient de l’école inclusive.
Les enfants handicapéEs souffrent du mépris de leurs droits les plus fondamentaux mais ça ne suffisait pas. Il a fallu que le SNUIPP conclue que « L’ouverture de places dans les établissements spécialisés n’est pas une remise en cause de l’inclusion : c’est une condition de sa réussite. »
https://resultats-inclusion.fsu-snuipp.fr
Reformulons cette pensée complexe : l’inclusion c’est l’exclusion ! Et quand c’est dit par le syndicat majoritaire, qu’est-ce qui va empêcher ensuite sur le terrain des collègues d’exprimer des objections à l’accueil et la scolarisation d’unE élève jugéE trop handicapéE ? Plus rien.
Rien n’empêche plus les propos et les pratiques validistes en classes ou en réunion justifiant l’enfermement d’élèves handicapéEs en IME. Surtout que le traitement médiatique de ce sujet reste affligeant : ce sont toujours les assos gestionnaires qui sont sollicitées.
Mediapart n’a aucun problème, malgré notre interpellation de l’an dernier à redonner encore cette année la parole à l’Unapei, comme les autres médias visiblement très paresseux pour travailler ce sujet.
Grâce à cette paresse, l’Unapei, qui gère des lieux de ségrégation où la scolarisation n’existe souvent pas peut conclure «l’Unapei appelle à des mesures fortes pour garantir à chaque enfant une scolarisation adaptée, au sein de l’école ordinaire ou d’établissements spécialisés»
Cette convergence de l’institution scolaire, des organisations syndicales et des associations gestionnaires laisse peu d’espace médiatique aux militantEs antivalidistes et aux organisations comme la nôtre pour rappeler que l’éducation est un droit fondamental.
D’autant que ce que les syndicats comme le SNUIPP oublient, c’est que des personnels de l’Education Nationale sont concernéEs par un handicap et que leurs adaptations et aménagements de poste ne sont pas plus respectés que ceux des élèves. Rien ne s’améliorera pour elleux dans ce contexte !
Comment peut-on espérer avoir des conditions de travail adaptées à son handicap quand un droit fondamental comme celui à l’éducation est piétiné, y compris par des organisations syndicales qui n’ont visiblement pas pensé à adopter une réflexion politique globale sur ces sujets ?
Il en va de même pour les AESH, personnels dédiés aux élèves handicapéEs qui subissent de la part de l’institution mais aussi de collègues de travail un mépris & une déshumanisation ahurissants. Le validisme systémique est un poison et il se répand comme une traînée de poudre dans les écoles!
A cela s’ajoute des structures médico-sociales qui, même quand elles doivent travailler en dehors des institutions ségrégatives comme les SESSAD, retournent aujourd’hui derrière les murs de ces mêmes structures ségrégatives au lieu d’accompagner les enfants handicapéEs dans la société.
Nous savons que les institutions ségrégatives ne sont pas destinées aux enfants qui ont le + de besoins. Des familles qu’on incite à visiter un IME s’entendent dire que leur enfant n’est pas assez autonome pour y être. Il faut trier les enfants handicapéEs pour rentabiliser la ségrégation.
Le but des institutions ségrégatives et des associations qui les gèrent est de réduire leurs coûts de fonctionnement au maximum tout en alimentant en travailleureuses déscolariséEs et sous-qualifiéEs les ESAT. Jamais d’amener des enfants handicapéEs vers une vie autonome.
Les positions politiques & syndicales comme le traitement médiatique promouvant les asso gestionnaires masquent la réalité des structures ségrégatives & construisent un discours fallacieux niant autant la réalité de la ségrégation que les revendications des concernéEs & le droit international.
Nous rappelons donc quelques fondamentaux pour conclure:
La Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées date de 2006. La France a signé la Convention le 30 mars 2007 et l’a ratifiée le 18 février 2010.
Son article 24 reconnaît le droit à l’éducation inclusive, en milieu ordinaire, sans exclusion fondée sur le handicap. L’ONU a même critiqué la France pour le maintien de structures spécialisées qui séparent les enfants handicapés du milieu ordinaire. Dans sa lecture, les institutions spécialisées relèvent de la prise en charge médico-sociale, et non du droit fondamental à l’éducation. Ce sont donc des lieux de privation de liberté selon l’ONU, et pas des lieux de scolarité.
Au lieu d’avancer vers le respect du droit des élèves handicapéEs, nous reculons un peu + à chaque rentrée. Si notre collectif s’inquiète de cette dérive syndicale, politique et médiatique, nous ne cesserons de revendiquer une école pour toustes et de combattre celleux qui s’y opposent. Nous souhaitons contribuer à faire connaitre des réflexions et des pistes sur le plan pédagogique, matériel et humain pour qu’advienne une véritable école pour toustes. L’antivalidisme est une arme pour une révolution pédagogique dans les établissement