L’importance accordée à la musique, à l’enregistrement et au disque en lui-même au sein du Mouvement de l’École moderne constituent trois sujets interdépendants, dont l’histoire s’écrit au gré d’une passionnante aventure collective.
Lorsqu’au détour d’une conférence pédagogique de 1965, Célestin Freinet juge avec sévérité que «l’enseignement traditionnel de la musique a fait faillite», c’est pour mieux souligner que les premiers jalons d’une alternative sont déjà en place.
Entamée dès les années 1930, la quête au sein du Mouvement d’une « méthode naturelle d’initiation musicale » transpose dans le monde de la musique les principes de la «méthode naturelle» développée par Freinet pour l’apprentissage de la lecture.
Autour d’un socle de notions-clé interdisciplinaires s’invente une pédagogie qui, comme toujours chez Freinet, préfère partir de la pratique plutôt que de la règle.
Dynamique et pragmatique, elle entend valoriser l’approche empirique naturelle chez l’enfant, lui ôter l’angoisse de l’échec et stimuler son désir d’apprentissage tout en ancrant solidement les savoirs théoriques dans une expérience intime et concrète.
Loin de se confondre avec un éloge béat de la spontanéité, du laisser-aller et du premier jet, la notion de« tâtonnement expérimental » affirme son respect du cheminement propre à chaque élève, et de la démarche structurée que celui-ci est jugé apte à suivre de son propre chef.
CD audio disponible sur le stand des Éditions ICEM
au congrès de Précieux (aout 2025),
un document exceptionnel du label Born Bad Records,
quantité limitée.
En matière d’éducation artistique, les implications sont nombreuses. La notion même de répertoire commence par s’effacer au profit d’une valorisation de l’expression libre et personnelle. Plutôt que de chercher à faire reproduire maladroitement un modèle, les enseignants favorisent une expérience intime de la production, suivant la maxime de Goethe qui postulait que l’enfant «ne sera sensible à l’œuvre des autres que s’il a lui-même créée» . Que cette création soit modeste ou grandiose, l’enfant en est dorénavant reconnu comme l’auteur, et peut en définir à la fois l’intention, la forme et les modalités.

