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Les examens scolaires sont-ils nécessaires ?

Un bel article sur le site de CGé, nos amis belges, que nous relayons à notre tour…

Les examens scolaires sont-ils nécessaires ?

Interview de Anne Chevalier parue dans La Libre du 15/06/13

par DÛCHATEAU Jean-Paul

Beaucoup de parents, et d’enseignants, sont farouchement partisans des examens scolaires. Êtes-vous d’accord avec eux ?

De manière générale en Belgique, tant au Nord qu’au Sud du pays, la société tout entière a une vision très compétitive de l’éducation. C’est ce qui explique qu’elle ne remet pas en question l’organisation du système éducatif, et des examens en particulier. Ainsi, les parents se mobilisent et organisent leur vie professionnelle pour pouvoir être auprès de leurs enfants au moment des sessions d’examens. A titre d’anecdote, j’ai rencontré hier une de mes cousines qui atterrissait du Canada pour passer quelques jours en famille et elle m’a dit qu’elle ne s’attendait pas à se trouver elle-même au milieu d’une session d’examens ! Ambiance stressante, parents non disponibles, etc. Au Canada, précisait-elle, les enfants ont aussi des examens, mais ce n’est pas l’affaire des parents. Nous sommes opposés à cette culture de la note, c’est-à-dire aux évaluations chiffrées et aux sessions d’examens telles qu’elles sont organisées maintenant.

Pourquoi cette opposition ?

Dès l’entrée à l’école, les notations chiffrées soulignent bien plus les manques que les réussites et donc ne font donc pas apparaître une vision positive, de nature à mettre en avant les progrès que les élèves réalisent. On met l’accent davantage sur ce qu’ils ne savent pas. Très vite, prend forme une vision de l’école où on va être évalué et pas comme un lieu pour apprendre. J’entends parfois les enseignants dire que les élèves “ne travaillent que pour les points”, mais on a tout fait pour qu’ils réagissent ainsi ! Cela commence au début de l’école primaire jusqu’à la fin du cursus scolaire. Quant aux sessions d’examens, telle qu’elles sont organisées au niveau du secondaire, elles sont très inégalitaires. Elles sont tout à fait favorables à des élèves qui bénéficient d’un soutien familial, alors qu’on livre à la nature les élèves qui ne reçoivent pas ce soutien parce que leurs familles ne sont pas proches de la culture scolaire.

Par quoi remplacer ce système que vous dénoncez ?

Il est clair que l’organisation des examens tels qu’ils se déroulent est la pierre angulaire de notre système scolaire. Cela va conduire à la réussite ou à l’échec, ou aux réorientations. Donc, on ne peut pas déconstruire le modèle des examens sans envisager de refonder le système dans sa globalité. Nous remettons en cause le principe du redoublement ainsi que le fait que chaque année, l’élève est sanctionné par rapport à ses acquis. Nous voudrions plutôt voir se développer un système éducatif qui, de 5 à 16 ans, conduirait tout un groupe avec des objectifs conjoints, et qui serait à la fin sanctionné par des évaluations externes.

Donc, pour vous, le système actuel crée lui-même l’échec ?

Oui, effectivement. En tout cas, il ne met pas les élèves dans une vision constructive de l’apprentissage. Cela n’empêche pas de s’interroger régulièrement pour savoir où l’on va et quels moyens on se donne pour y arriver. L’école de la réussite passe clairement par une transformation de la vision de l’évaluation.

Rend-on un bon service aux enfants et aux jeunes en ne les préparant pas à la sélection qui aura de toute façon lieu plus tard ?

L’école du fondement comme nous l’appelons (jusque 16 ans), ce n’est pas le lieu de la préparation à l’université. C’est plutôt le lieu de l’apprentissage des compétences citoyennes, communes à tous, pour être capables de comprendre le monde et d’agir.

Certains disent que votre positionnement est au mieux utopiste, mais plus sûrement idéologique et angéliste. Votre réaction ?

Ce l’est sans doute si on se place dans le cadre d’une vision compétitive et ultralibérale de la société. Une vision comme la nôtre ne correspond pas aux valeurs de ce type de société. Si on veut éduquer à la solidarité et à la coopération, et qu’on veut faire réussir tous les enfants, ce n’est certainement pas en passant par des sessions d’examens.

Interview de Anne Chevalier parue dans La Libre du 15/06/13
ps:

Cet entretien est à mettre en parallèle avec l’interview de Françoise Bertieaux, députée au parlement de la Communauté française (MR)http://www.lalibre.be/debats/opinio…

3 Comments

  1. Hilde P.

    Les examens scolaires sont-ils nécessaires ?
    Au moment de la naissance l’enfant Belge reçoit déja une note par le teste APGAR. Ma fille a commencé sa ‘course au ratts’ par une mauvaise note parce-qu’elle était un peu bleue. Puis le bébé est suivie régulièrement et les résultats (poids- croissance) sont notés dans un carnet et comparés avec les ‘normes’ et les ‘moyennes’ par des parents inquièts, fiers, frustrés. Comme je l’allaitait ma fille n’avait pas d’aussi bonnes notes que les bébés nourris aux laits artificiels. Puis viennent les notes de la crêche et de la maternelle : premiers dents, premiers mots, phrases, premiers pas, premier pipi sur le pot. Tout est noté et comparé, surtout par les parents entr’eux, anxieux de bonnes résultats.
    L’esprit de compétition ne commence pas par l’école, il se poursuit simplement. Une enseignante en maternelle se plaint de la pression que les parents posent sur elle. Elle veut laisser découvrir les matières argile, sable, peinture, cire d’abeille et laine aux enfants, en jouant simplement. Mais les parents exigent des ‘résultats’. Ils demandent auprès de la direction des ‘oeuvres finis’ qui peuvent être exposées, et donc admirés et surtout comparées par les parents.
    Je suis prof. Au cours de l’année scolaire je vois si les jeunes ont fait lè progrès nécaissaire pour passer à l’année suivante.
    Les arguments en faveur des examens sont tristes :
    Les examens sont faits pour évaluer les profs. Comment contrôler autrement s’il ont faits leur devoir ?
    La menace des examens et des notes sont parfois le seul moyen pour les profs désespérés pour que les jeunes écoutent (un peu) et soient sages (un peu).

  2. Bernard Collot

    Les examens scolaires sont-ils nécessaires ?
    Je trouve la question posée excellente. De quoi ont besoin les enfants, les ados, nous ? D’être “examinés” ? Et de réussir ledit examen ? (j’ai réussi mon examen… à l’hôpital !)
    En réalité, les enfants, les ados, nous, pouvons avoir besoin éventuellement de savoir où l’on en est dans une perspective de vie et d’action quelconque. En santé, on appelle cela un bilan, dans le monde professionnel cela s’appelle un bilan de compétences (sans examen à réussir !) Cela n’a plus rien à voir avec les examens scolaires ou universitaires !

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