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Le sentiment d’un possible (impossible)

Le sentiment « d’un possible/ d’impossible » , social

Cette impression que rien ne bouge, de léthargie de toute dynamique sociale; cette impression que plus personne ne réagit, de la faiblesse des mobilisations sociales. Ce sentiment qu’il n’y a plus de répondant , que le militantisme se perd , que l’engagement se fait rare, comme l’indignation… ne tient qu’à une seule chose, qu’un seul élément que nous pouvons combattre: le sentiment d’impossible.

C’est le réflexe conditionné de nos vies urbaines et modernes: croire toujours que rien ne va marcher, que rien ne va aboutir. Ne pas croire au possible, ne pas croire aux promesses, ne pas croire au projet. Notre monde organise chaque jour et pour nous tous l’incroyance dans la vie sociale et commune.

Nous baignons dans le pessimisme de la vie collective, de toute société possible; celui ci est entretenu par les médias, les faits divers, mais aussi,par l’entre soi. Chacun dans son coin répète et radote que l’initiative sociale, collective, que l’organisation, le fait de compter sur les autres, de lancer quelque chose de commun, tout cela … serait perdu d’avance.

C’est un lien social inversé qui est aujourd’hui distillé par les institutions dont la fonction première devait être à l’inverse de nous donner des raisons de croire à la société que nous sommes; l’Ecole a cessé de nous faire croire qu’elle pourrait être de tous: elle nous vante des réussites individuelles.

Et ainsi font toutes les structures éducatives et sociales qui,chacune, proposent des radeaux qui promettent la tempête, des bouées qui assurent du naufrage, et nous affirment toujours qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde, et pas pour nous , si nous ne nous haussons pas au dessus de nous mêmes et des autres.

Nous, militants de la vie sociale, pédagogues sociaux, nous travaillons tous les jours tout près et tout contre ce sentiment d’impossible. Nous rencontrons et controns l’incrédulité spontanée des adhérents et participants. Ah bon? Ce que vous avez dit et prévu se réalise vraiment? De cette profonde et puissante foi en l’impossible, nous en sommes si proches que nous en sommes parfois affectés et infectés nous mêmes.

Pour nous en sortir nous devons d’abord reconnaître que ce découragement qui souvent nous prend, n’est vraiment pas le nôtre; qu’il n’est pas naturel, qu’il nous est extérieur; qu’il ne vient pas de la vie; qu’il n’a rien à voir avec la réalité, mais d’un mensonge continu.

Parfois il nous faut confirmer les rendez vous donnés, à l’infini: une semaine à l’avance, la veille, le jour même et encore sur le moment ,… tellement l’habitude est prise des promesses abandonnées et des projets avortés.

Nous mettons en place des ateliers sous les yeux et les fenêtres de personnes qui peinent encore à croire en ce qu’ils voient. Certains attendront un an ou plusieurs années avant de s’autoriser à en profiter , à y participer. C’était juste le temps qu’il fallait pour commencer à y croire.

Car ce en quoi on ne croit pas, nous empêche de voir ce qui est.

Or cette croyance à produire dans le possible du social est essentielle; sans elle, les gens ne croiront plus qu’au pire, aux chimères, aux complots , aux races, aux ethnies, aux Jihads , aux crises, aux croisades.

Il fut un temps où c’étaient les institutions du Social qui étaient chargée de produire ce sentiment « d’un possible social »; elles semblent au contraire, aujourd’hui renforcer celui de « l’impossible social ».

Un possible quand tout est impossible

Rompre avec cette entropie, suppose que nous , travailleurs du social, fassions la preuve chaque jour que ce que nous faisons est possible et nous comprenons que cette preuve est même plus importante que ce que nous faisons.

Contrairement au domaine des mathématiques dans lequel il suffit de prouver une fois un axiome pour qu’il soit vrai toujours; dans le social , nous nous devons de faire la preuve chaque jour , à chaque fois, pour chaque chose et chaque personne. Une telle démultiplication ne va pas sans travail et sans fatigue.

Nous y parvenons dès que nous habitons nos actes, dès que nous personnalisons les relations les plus professionnelles; nous y parvenons dès que nous animons nos propres actions.

Derrière la quotidienneté et l’ordinarité de nos actions, se cache un élément exceptionnel que nous distillons:nous produisons un possible. Un possible là où il n’y en avait pas, un possible quand tout est impossible.

Nous faisons pousser du possible là où il ne pousse pas; nous l’arrosons là où il ne pleut pas ; nous le faisons grandir, advenir, là où tout est abandonné.

Association Intermèdes-Robinsons http://assoc.intermedes.free.fr/

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