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Maud Mannoni : une autre pratique institutionnelle, Romuald Avet

Le travail de Maud Mannoni et la pensée subversive qui animait son combat contre la ségrégation, l’exclusion et l’aliénation institutionnelle ont marqué toute une génération de praticiens de par le monde.

En cette époque de médicalisation et de normalisation, en cette époque de comportementalisme, de chimie et de neuroscience, ce petit livre salutaire nous rappelle qu’une approche radicalement différente de l’autisme et de la psychose chez les jeunes adultes a existé et existe encore. Par petits chapitres bien structurés, et pourvus d’exemples ou de dessins, l’auteur nous présente les points clés de l’école de Bonneuil créée par Maud Mannoni en 1969, dont la notion d’institution éclatée. Il nous décrit comment fut inventée une institution qui ne soit ni totalitaire, ni idéale, mais structurante et à la trame solide où inscrire l’histoire du sujet ; une institution pourtant forte qui ne nie pas le besoin de cadre sans pour autant figer le sujet dans son statut de malade et même insère un espace entre le symptôme et l’individu afin d’ouvrir au statut de sujet désirant. Il présente la position théorique qui marie le jeu de Winnicott, la psychanalyse freudienne et l’école de Freinet ; la symbolisation via des médias imaginaires où la parole advient de surcroît ; la question scolaire
et le travail avec les parents sur la séparation ; la position vis à vis de l’antipsychiatrie.

La tendance actuelle est de “donner” le statut d’handicapé rapidement, de classer ces lieux en hôpitaux et de noyer sous un discours technique l’importance du sujet, de sa parole et de son histoire. Ce livre témoigne et demande de l’aide. Il conclut sur les menaces administratives qui pèsent sur les centres de Bonneuil et Guénouvry, et sur l’association qui les gèrent. Un livre clair qui parle d’espoirs et d’humanité. À lire.

O. Ramare

Maud Mannoni : une autre pratique institutionnelle, Romuald Avet
Editions Champs Social
www.champsocial.com

1 Comments

  1. LAPIE Daniel

    Maud Mannoni : une autre pratique institutionnelle, Romuald Avet
    Bonsoir,
    je viens de lire votre livre.
    Directeur depuis 15 ans d’un ime/sessad à Montreuil, qui accueille des enfants et des adolescents du même genre de ceux que j’ai connu à Bonneuil, j’ai été alléché par l’article de présentation de votre livre qui est paru dans les ASH. Un questionnement institutionnel qui soit nourri de l’expérience de l’école expérimentale de Bonneuil (et des apports de sa fondatrice Mme Mannoni), ça m’a donné envie.
    J’ai travaillé 5 ans à Bonneuil, dans les années 80, sur les lieux d’accueil de nuit, dans les ateliers, à la fac spé., sur le travail extérieur et un peu sur le placement familial (les familles d’accueil).
    J’ai quitté Bonneuil et pris ensuite un poste de chef de service puis la direction d’un établissement.
    Le bout de chemin que j’ai fait avec l’école expérimentale a été un moment important de mon cheminement professionnel et politique, dans mon rapport aux enfants fous et inadaptés, dans ma compréhension de la réponse sociétale qui y était faite. Au delà des bonnes (et aussi des mauvaises) intentions de ceux qui produisaient et mettaient en oeuvre cette réponse.

    Je suis plus particulièrement intéressé pour travailler la question institutionnelle. Je pense que l’expérience de l’école expérimentale est plus facile à réinvestir actuellement dans nos établissements accueillant des enfants, que celle de la psychothérapie institutionnelle qui a tendance à guétoiser…(enfin dit comme ça c’est trop rapide et un brin caricatural).

    En fait, ce que j’attendais d’un livre comme le votre, c’est une véritable réflexion sur nos institutions, sur les combats que nous continuons d’y mener, même si maintenant nous ramons à contre courant, même si la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle n’y sont plus le discours unique et dominant. C’est au moins décapant et ça pourrait nous amener à produire une réflexion plus pointue, qui aille au delà de la simple récitation de ce qu’on dit et fait nos aînés.
    Je sais que ce type de travail n’est pas évident à faire.
    Bonneuil et Madame Mannoni n’ont jamais cherché à retenir les gens a Bonneuil, et pour ma part je m’en félicite. Il était effectivement plus intéressant d’y “former (ce n’est pas le mot)” des gens qui pourraient aller porter ailleurs le projet de désaliénation des enfants par l’institution” qui était le sien.
    Je serais très intéressé par un travail de réflexion collective de certains qui seraient passé à Bonneuil et qui seraient en situation de responsablité d’une institution oeuvrant dans le champ de l’enfance “inadaptée au système” (comme on disait avant..).
    Pour ma part je n’en connais pas, tous les “anciens ” de Bonneuil que je connais sont psychanalystes ou formateurs dans des écoles d’éduc. C’est bien mais je pense que c’est une expérience trop “courte” et trop à distance pour véritablement travailler la question de l’institution, de ce qu’elle est devenue et ce qu’il y a d’important et d’intéressant à y faire.
    Voilà, votre livre a déçu mes attente. Une éniemme relecture, a-temporelle, comme statique, des texte de Mme Mannoni. Une conception Statufiée de Bonneuil, dont on ne peut pas faire grand chose et qui risque malheureusement de conforter l’idée que la psychanalyse n’a plus grand chose à dire d’actualisé sur les institutions et sur les projets que nous y conduisons.
    C’est dommage car vraiment, je pense que l’expérience de Bonneuil est riche, pour actuellement.
    Nous sommes quelques uns à continuer d’essayer de faire exister dans nos établissements des problématiques émancipatrices pour les enfants qui y sont accueillis. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de faire référence à l’expérience de l’école expérimentale de Bonneuil dans des colloques de l’intersecteur du 93 ou des assemblées de directeurs du médico-éducatif; et ça reste en prise et utile pour les combats que nous avons à mener.
    Si vous connaissez d’autres responsables d’établissements, anciens de Bonneuil intéressés par ce type de travail et de réflexion actualisée, contactez moi, ça m’intéresserait beaucoup de m’associer à ce type de travail.
    Bon courage et bonne continuation
    D. LAPIE

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