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Les Cahiers pédagogiques n°575, février 2022, 12 €.

Un numéro étonnant et rare sur le bienêtreà l’école (suivant des règles orthographiques rarement utilisées quoique officielles, les Cahiers n’emploient pas de tiret pour ce mot). Ce n’est ni un catalogue de techniques à appliquer à l’école, comme tant s’en font les parangons, ni une critique au vitriol enterrant définitivement toute tentative dans ce domaine. On trouve certes des auteurs qui défendent leur pratique (psychologie perceptive, cohérence cardiaque, rituel pour développer l’empathie, relaxation…), mais aussi ceux qui montrent la tension existant entre bienêtre et apprentissage : « Le bienêtre se niche aussi dans l’apprentissage lui-même », explique Catherine Hurtig-Delattre en rappelant que cette « complémentarité sous-tend la logique de l’éducation nouvelle depuis sa création » ; attention cependant à ne pas tout rejeter, dit-elle, les nantis savent bien mixer les deux pour leurs enfants ». Cynthia d’Addona et Andreea Capitanescu-Benetti évoquent la difficulté des enseignants, pris entre « la pression institutionnelle (au niveau didactique, des évaluations, etc) et la nécessité d’engager des relations positives entre les différents acteurs ». Andreea Capitanescu-Benetti (qui a coanimé l’ensemble du numéro) interroge également Mireille Cifali, dont les ouvrages sur la relation ont fait date, qui affirme que « prendre le bienêtre comme un état normal ne peut qu’engendrer une souffrance supplémentaire pour celle et celui qui n’y arrive pas (…) Ces pratiques n’ont d’intérêt que si nous les intégrons dans notre mouvement de vie ». Et elle ajoute : « Il y a à se méfier d’une instrumentalisation du moi et du corps (…) avec un effacement du social sur nos psychismes, comme si nous étions les purs produits de nos efforts. ». Si l’on ajoute à ces articles, à lire dans leur entièreté, celui de Sylvain Connac intitulé « La coopération calme-telle les élèves? » et un billet d’humeur particulièrement bien tourné de Rachel Harent, billet qui mérite à lui seul la lecture du numéro, on comprendra que sur ce sujet glissant mais qui revient sans cesse, la revue, qui refuse émerveillement béat ou refus rageur a réalisé un travail à ne pas manquer.

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