
Une assistante d’éducation est morte aujourd’hui en faisant son travail dans les conditions absurdes qu’on lui offrait, nième accident mortel du travail cette année. Hommage et femmage à elle. Pensées pour les élèves et personnels du collège de Nogent (Haute Marne), pour tou·tes ceux et celles avec qui on travaille au quotidien.
Il y aura beaucoup de discours – il y en a déjà – sur le laxisme, l’ « incompréhensible et déplorable violence de notre société », il leur faudra une bonne guerre, ça ne pourra plus durer. Il y aura donc des propositions : les portiques de détection de métaux, les fouilles renforcées, les sanctions automatiques, les signalements à la justice et la réforme de celle des mineurs, etc.
Il y aura un silence aussi, bien lourd : ça fait des années que les syndicats de l’éducation, les associations professionnelles d’éducation et de santé mentale, les syndicats et associations d’encadrement aussi préviennent : nos enfants ne vont pas bien, la société leur fait violence infiniment.
Alors rappelons-le au moins ici : la sélection permanente, l’appel continu à la performance, la logique générale d’élimination seront toujours plus fortes que le moindre portique, surveillant ou flic. Plus fortes aussi que la plus ambitieuse éducation à… (au choix la civilité, l’empathie, la solidarité, le respect, etc.). La violence nous révulse ? Commençons par nous interroger sur nous-mêmes, changeons l’école, la société, et surtout notre regard sur nos enfants. D’autres vies seront interrompues ou foutues sinon.
Mathieu Billière