Ces 24 élèves d’une classe de cours élémentaire sont venus au collège faire une expérience en sciences : le matériel et le cadre de cette belle salle de physique-chimie-biologie y sont propices. La démarche de l’enseignante est celle de la Main à la pâte, une démarche d’investigation basée sur l’expérimentation, elle est accompagnée d’un étudiant. Les enfants pratiquent, réfléchissent, c’est nickel.
En même temps, c’est une opération ordinaire, car on est en éducation prioritaire où la frontière absurde entre les deux degrés est plus aisément franchissable.
Pourquoi en parler, alors ? Parce qu’on est le surlendemain d’une montée du Front national, et que les familles de la quasi-totalité de ces élèves sont originaires des quatre coins de la planète.
Je vois ensuite un père d’élève : ses enfants sont menacés pour la deuxième fois d’expulsion du lieu qu’ils habitent. Il travaille, sa femme aussi, mais se loger à Paris avec trois enfants et des salaires ouvriers en dehors du logement social (des années d’attente) peut s’avérer quasi-impossible. Au cours de la discussion, il évoque les heurts entre « blédards » et immigrés de longue date, la concurrence salariale entre Européens de l’Est fraîchement arrivés voire importés et immigrés plus anciens, la pression sur les temps de réalisation des tâches et les salaires…
Pourquoi rappeler ces banalités, ces duretés du social ? Parce qu’elles provoquent des raccourcis trompeurs et des rancoeurs. Ce père d’élève les évite, mais combien tombent dedans (et votent FN) ?
Si l’on emploie le mot politique au sens noble (c’est-à-dire, de notre point de vue, au sens manant), on se dira que le premier exemple est la réponse à la réalité évoquée dans le second.
Pas le remède, ce serait trop simple. Mais c’est en tout cas dans nos réalités scolaires et sociales qu’il faut chercher à savoir, comprendre (comme ces enfants qui touillent le vinaigre et la craie) – et agir concrètement.