Éducation prioritaire : une concertation mal assise ?
Académie après Académie, le ministère de l’Éducation nationale organise des Assises d’une demi journée banalisée pour consulter les enseignants des RRS (anciennement ZEP) et autre ÉCLAIR sur l’avenir de l’Éducation prioritaire. Sur la base d’un rapport datant du mois de juillet, les équipes pédagogiques sont invitées pendant quelques heures à faire remonter des propositions pour améliorer l’efficacité des dispositifs luttant contre l’inégalité des élèves face aux savoirs et enseignements.
C’est presque une première : cela fait longtemps qu’on a pas consulté des enseignants sur la redéfinition de leurs objectifs. Le rapport est assez factuel et condense en 52 pages un certain nombre de chiffres intéressants sur la corrélation entre exclusion sociale et culturelle (Cf. rapport en fichier joint ci-dessous).
- La bonne surprise c’est la remise en cause explicite dans ce rapport des économies réalisés sous Sarkozy et la concentration de moyens humains et techniques sur quelques établissements ÉCLAIR au détriment d’un maillage plus large des RRS. Le rapport Piketty et les préconisation de l’OCDE sont cités à charge contre la politique budgétaire du ministère : les 1,8 % du budget consacrés à l’éducation prioritaire depuis plusieurs années, restent très en deçà des besoins revendiqués (et pour certains des attentes suscitées par les promesses politiques).
- La mauvaise, c’est le flou et les contradictions de son audit des dispositifs pédagogiques mis en place : s’il défend l’efficacité du travail collectif, de la concertation, de la co-animation, reconnaît l’innovation de terrain, il ne soutient pas les revendications de dédoublement des classes et de réduction du nombre d’élève par classe sur la base de rapports antérieurs très discutables sur leurs critères d’évaluation et leurs attendus. En matière de conclusion il stipule sans trop d’originalité que l’effort doit porter sur la formation continue et spécifique des enseignants, le maintien d’équipe d’expérience, le renforcement du nombre d’adultes sur un établissement et la mise ne place de plus de temps concertation. En fait ce rapport se garde bien de traduire ses conclusions en temps de travail, en moyens techniques et humains.
- sur l’académie de Créteil les établissements mettent en place cette demi journée de concertation sur des pistes de travail déjà bien balisées (en moins de dix jours ouvrables). Cette hâte et cette courte durée ne sont-elles pas contradictoires avec l’objectif annoncé ? Apparemment oui sauf, si un des objectifs consiste à éviter les ag délibératives et le travail syndical des sections. Si on regarde en effet de plus près les pistes proposées, on constate que le ministère à su traduire rapidement les analyses du rapport, en objectifs ne mettant pas en péril l’équilibre du budget actuel et permettant, au passage, le recrutement supplémentaire de précaires. On préfère la co-animation à la réduction des effectifs et la création de postes, la suppression de la prime ZEP au profit de recrutement de personnels ou encore la « réunionite » de secteur aux heures de concertation pédagogique.
