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Elèves en questions

« Pourquoi des migrants dorment dans la rue ? » « Qu’est-ce que la philosophie ? » « Quelle différence entre ou et où ? » « Pourquoi Paris s’est développé ? » « C’est vrai que les poules ne font pas pipi ? », « Pourquoi vous êtes-vous là, qu’est-ce que ça vous donne ? » c’est ce qui a émergé ce matin de ce groupe d’élèves, travaillant à partir de la technique du carnet de questions. Dans une seconde étape, chacun apporte ses réponses (s’il en a), puis rédige à partir de deux questions au choix ; correction d’une ou deux erreurs de base, puis dictée de quelques phrases à partir d’un des thèmes (avec ici beaucoup d’homophonies) ; correction réciproque avec possibilité de recours au corrigé des enseignants photocopié. Deux profs ou accompagnateurs – ou le terme qu’on voudra – à cette table.

Attention et concentration maximum pendant deux heures. Les remarques aux deux retardataires sont écoutées sérieusement.

On l’a deviné : c’est un groupe de jeunes migrants, dans des locaux obligeamment prêtés par des agents publics qui ne connaissent pas de frontières dans leur travail.

Ils sont ici et pas à l’école parce qu’ils ne sont pas reconnus comme mineurs. Trop matures, diraient les vérificateurs qui en éliminent un grand nombre pour le compte de l’Aide sociale à l’enfance, et ces échanges d’apprentissage leur donneraient raison. Du moins si ces éliminateurs n’étaient pas profondément immatures, au sens donné par Greta Thunberg dans un autre domaine, profondément irresponsables en tout cas.

Pas en règle, dit souvent l’Education nationale. Car être hyper-motivé ne suffit pas pour obtenir le droit d’être scolarisé (je pense à Omar, qui lui commence juste à écrire, et qui, les vêtements sales, le visage défait d’avoir justement passé la nuit dehors, n’a la semaine dernière pas décollé le regard de ses exercices de graphie).

Les réponses aux questions des copains? Je donne ici la seule réponse qu’au lieu de faire produire Annette et moi avons donné directement : ce que nous faisons là ? « Comme vous, nous apprenons ».

Ce n’est pas la seule arme contre l’injustice, aujourd’hui c’était la nôtre.

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