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La philosophie, pour tous !

Épreuve de philo, sujets de  philo… une petite musique en boucle qui court sur les radios dès ce lundi 11 juin. La philo ouvrira le bal dans une semaine dès 8 heures, aujourd’hui, c’est encore l’heure des révisions : quelques reportages dans des médiathèques, des bibliothèques pour questionner quelques lycéens studieux qui répondent à voix basse.

Rien de plus normal, la philosophie, on ne pourrait pas s’en passer ! L’épreuve de philo permettrait de donner du sens à ses études, un rituel indispensable pour la jeunesse, etc.

Or, tous les candidats au baccalauréat ne sont pas concernés par cette épreuve. Seules les filières générales et techniques proposent des cours de philo, pour les « professionnels » laissons-les dans l’utilitaire. La réflexion philosophique est inutile pour démonter un moteur, soigner un malade, couper les cheveux… et on n’a pas le temps !

Ces candidats au bac pro exclus de l’épreuve de philo – même s’ils sont préoccupés par leur examen – comment ressentent-ils cette différence, le désintérêt de notre société pour leur parcours scolaire ? Sans oublier tous ceux qui ne passent pas le bac, des milliers de jeunes invisibles.

Vous me direz, ils ont l’habitude, l’humiliation et le mépris de l’institution, ils connaissent ! Ne se sont-ils pas retrouvés pour la plupart en voie professionnelle par défaut, car jugés incapables de suivre les filières générales et techniques ?

Heureusement, beaucoup auront pu retrouver un peu d’estime et de confiance en eux au sein de leur lycée professionnel avec un parcours restructurant et des professeurs bienveillants. Mais pour autant, les disciplines qui ouvrent sur le monde et le questionne, ce n’est pas pour eux : pas de philosophie et peu d’histoire-géo et de littérature.

Une partie de la jeunesse est ainsi considérée par notre système éducatif comme incapable de penser et d’appréhender la complexité du monde. Et ce n’est pas la réforme de l’enseignement professionnel en cours qui va changer les choses… bien au contraire, encore moins d’heure de cours pour les matières générales.

Oui, la philosophie, on ne peut pas s’en passer !

C’est dans la nature de l’être humain de se questionner sur le monde et dès ses premiers pas et ses premières expérimentations du monde.

Donner du temps à la réflexion, au questionnement dès la maternelle, c’est non seulement possible, mais indispensable.

Des temps de réflexion, de débat, de questionnement devraient ainsi jalonner toute l’enfance et l’adolescence pour :

– Prendre conscience de ses représentations du monde et découvrir celles des autres, les exprimer et les transformer car nourries des connaissances mutualisées.  

– Relier ce qu’on pense avec ce qu’on apprend est essentiel pour donner du sens aux savoirs qu’ils soient scolaires ou non et les relier aux cultures familiales et territoriales.

– Penser avec ses pairs avec l’accompagnement d’un adulte permet de se distancier des informations qui déferlent dans les médias et sur les réseaux.

– Chercher des informations, des textes pour consolider son discours et l’argumenter.

– Écouter, entendre les idées des autres et accepter de ne pas avoir le même avis.

Les programmes scolaires prévoient des temps de réflexion et de débat dès le premier degré, utilisons-les et développons-les également dans tous les espaces éducatifs. Les grands textes de philosophes trouveront ainsi naturellement leur place au grand plaisir des professeurs !

La réflexion, le questionnement et la mise en mots de sa pensée tout au long de l’enfance et de l’adolescence permettraient à tous les jeunes d’être des citoyens acteurs de leurs droits et de leur participation à la société.

Heureusement, des enseignants et des éducateurs dès la maternelle l’ont compris, ce sont souvent des praticiens des mouvements pédagogiques et d’éducation populaire. Mais ils ne sont pas assez nombreux !

La philosophie tout au long de la vie et pour tous !

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