Menu Fermer

“Faire famille”

Quand une famille ne peut plus en être une car elle ne peut plus organiser de véritable vie en interne et que chacun de ses membres en est réduit à gérer sa propre précarité, ce dont elle besoin, c’est de « famille encore ».

Quand des parents isolés ne peuvent plus faire famille, quand ils ne peuvent plus se percevoir eux mêmes que comme des « éducateurs impuissants », condamnés à se présenter encore et toujours comme de simples parents, à défaut d’être des travailleurs, des citoyens ou des acteurs de leurs collectivités, ce dont ils ont besoin c’est d’une famille autour d’eux.

Quand des enfants précaires ont de moins en moins ce qui ressemble à une vie familiale, quand ils doivent se prendre en charge entre eux, se débrouiller seuls , quand ils sont brutalement et perpétuellement en butte à la violence de leur condition, à al précarité de leur situation, ce dont ils ont besoin c’est d’une communauté de vie et d’accueil qui puisse faire famille, avec leur ou leurs parents.

Quand des parents isolés n’existent pour les institutions, pour les structures sociales , les collectivités que comme des auxiliaires sommés de faire et d’assumer des choix éducatifs, quand on ne leur reconnaît comme identité sociale que cette maigre fonction de parents, il y a de fortes chances que ceux qui sont les plus pauvres et les plus défavorisés ne développent pour y répondre qu’une simple « parentalité négative »:

  • interdire, limiter l’autonomie de leurs enfants,
  • discuter et refuser ce qui leur est loisible de faire,

Faute d’avoir le pouvoir d’organiser, on interdit, faute de pouvoir proposer on retire , faute de pouvoir accompagner dehors, on enferme.

Or, cette parentalité-là , qui se recroqueville c’est tout le contraire de ce qu’une famille devrait représenter pour des enfants:

  • une diversité une complexité, une multitude d’opportunités, d’événements, de hasards.
  • Un lieu , un espace communautaire où le travail et les questions sociales sont présentes et à l’œuvre .

En Pédagogie sociale, nous rencontrons souvent la situation où les enfants et les adultes expliquent que le groupe qui se constitue autour de la vie et du travail en commun, constitue pour eux « une deuxièmes famille ».
Pour certains, on pourrait même rectifier que dans les faits , il s’agit pour eux de la première, comme expérience.

Faire famille en Pédagogie sociale c’est organiser un collectif qui répond à plusieurs qualités et spécificités:

  • Il ‘agit d’abord d’un collectif inter-âges qui accueille inconditionnellement, sans limitation, ni restriction tout un chacun et qui s’implante y compris dans l’environnement naturel et commun. C’est un collectif où on a sa place et où celle ci n’est ni limitée , ni déterminée par le statut ou l’âge.
  • Il s’agit ensuite d’un collectif qui s’organise lui même autour du travail. Ceux qui connaissent le travail d’une association comme la nôtre savent combien la vie quotidienne de celle ci s’organise autour d’un travail continuel , matériel, concret, manuel, régulier , qui se déroule devant tout le monde et auquel tout le monde est appelé à participer: préparation d’ateliers, entretien ménager, cuisine collective, entretien de matériel , réparations, travaux.
  • Il s’agit ensuite d’un collectif d’expression, au sein duquel il y a toujours des espaces prévus pour la création: arts plastiques, chant, danses, théâtre. Dans un tel collectif, on joue, on crée en permanence .

Faire famille en Pédagogie sociale, c’est d’entreprendre de développer la «familiarité » en lieu et place d’une « parentalité » problématique ou introuvable.

Être familier, c’est être proche, c’est être engagé, impliqué, sensible. Être familier c’est avoir ses habitudes ensemble, banaliser et trouver normale la présence des autres, son immersion dans un groupe complexe dont on n’ pas toutes les clefs.

Dans nos locaux, dans nos ateliers , nous sommes toujours en présence d’un groupe dont on ne peut prévoir ni les membres, ni ce qui en découle, mais qui ne manque jamais d’être là. Ce qui est sûr, ce sur quoi on sait et peut compter c’est sur le collectif lui même au même moment où on renonce à en maîtriser la composition, comme à maîtriser ce que chacun fait en son sein.

Là où la vie moderne pousse les individus et particulièrement les parents à se retrancher du monde , à s’enfermer au nom du contrôle toujours de plus en plus tyrannique, que chacun est censé avoir sur sa vie et ce qui lui arrive, la pédagogie sociale apporte un tout autre message:
ouverture des portes et des fenêtres, ouverture sur le monde et la vie qui va avec.

Laurent Ott, Directeur,
Association Intermèdes-Robinson
Centre Social – Espace de Vie sociale – MJC
Chilly-Mazarin – Longjumeau – Nord Essonne
Tel 06 61 48 21 98
http://www.intermedes-robinson.org

1 Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *