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Neurosciences, éducation, justice

Dans une nouvelle chronique sur médiapart, Nestor Romero continue son analyse critique du discours très idéologique du nouveau ministère de l’éducation et s’interroge sur sa caution neuroscientifique. Après avoir lu l’extrait ci dessous, n’hésitez pas à poursuivre avec lui une réflexion roborative sur les réels apports des neurosciences dans le débat sur les finalités sociales de l’école : https://blogs.mediapart.fr/nestor-romero/blog/110118/neurosciences-education-justice

Stanislas Dehaene vient donc d’être nommé à la tête du Conseil scientifique de l’éducation nationale ce qui, j’en suis persuadé, et je prends date, ne changera rien de déterminant au déplorable état de notre institution éducative.

Ce qui me motive, assure Stanislas Dehaene (Le monde du 10/1/18), c’est l’idée d’agir pour l’éducation des jeunes indépendamment de toute idéologie. Beaucoup d’enfants de milieux défavorisés pourraient avoir un avenir brillant mais ils en sont privés parce qu’ils n’ont pas bénéficié des enseignements adaptés.

Déclaration liminaire qui ne va pas sans poser questions : quel est le sens, ici, du terme idéologie ? Ou, si l’on préfère, qu’est-ce qu’une idéologie ? Ou encore, déclarer agir indépendamment de toute idéologie, n’est-ce pas une affirmation idéologique ? Ou encore choisir la formulation « enfants de milieux défavorisés » plutôt que, par exemple, « enfants de milieux pauvres » n’est-ce pas un choix idéologique ?

Ceci dit, affermissons notre interrogation et posons d’emblée la question à laquelle les neuroscientifiques… sont incapables de répondre :

Ne faut-il pas dans toute société une multitude de femmes et d’hommes assumant les tâches prosaïques (E. Morin), les tâches les plus rébarbatives, insupportables, repoussantes, mortifères que nul ne choisirait d’assumer si le choix était donné ? Et donc, conséquemment, comment sont désignés ces êtres humains, selon quels critères et selon quelle justice ?

Première hypothèse : ils se désignent eux-mêmes par leur incapacité à assumer des tâches plus gratifiantes à tout point de vue.

Mais alors une nouvelle question surgit qui interpelle directement les neurosciences : quelle est l’origine ou la cause de cette incapacité, de ce manque d’intelligence (mais qu’est-ce que l’intelligence ?), de cette faiblesse intellectuelle ? L’imagerie cérébrale est-elle en mesure de nous fournir une réponse ?

Question corollaire et hypothétique: si cette incapacité réside dans une structure particulière du cerveau cela signifie-t-il qu’il est des êtres qui bénéficient de l’immense privilège de naître doté d’un « bon cerveau » et d’autres qui sont dans le cas d’avoir à se contenter d’un piètre cerveau ? Mais alors n’y aurait-il pas là une injustice primordiale dont sont victimes cette multitude d’êtres enchaînés leur vie durant aux tâches insupportables ?

Hypothèse inverse : tous les cerveaux sont identiques ou pour le moins tous aptes à produire des performances (horrible mot s’agissant d’éducation !) de même niveau intellectuel, lire écrire, compter, organiser .

Mais alors, on le conçoit aisément, se pose impérativement la question de la désignation, en justice cela va de soi, de celles et ceux qui auront à assumer les tâches prosaïques. A moins que n’intervienne ici un élément discriminant extérieur au cerveau qui favorise certains individus au détriment des autres (…)

1 Comment

  1. foissac

    Neurosciences, éducation, justice
    Ce ne sont pas les sciences de l’education couvertes de magie et de religion qui vont sauver notre système scolaire. J’attends plus des neuro sciences, d’un vrai travail de scientifique très éloigné d’une idéologie. Les sorciers et curés du pédagogisme ne peuvent qu’être effrayés.

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